Enfants du plomb au Kosovo: HRW dénonce l'inertie de l'ONU

Publié par DKnews le 08-09-2017, 14h58 | 42

L'ONU doit dédommager individuellement les victimes, dont des enfants, d'un empoisonnement au plomb dans ses camps de réfugiés au Kosovo après la guerre de 1999, a réclamé jeudi à New York l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW).

«L'ONU doit payer une indemnité individuelle à ceux qui ont été touchés par une contamination au plomb» et «fournir soins et éducation à tous les enfants affectés» qui ne bénéficient pas de services adaptés, a souligné HRW dans un communiqué . En 2016, un rapport de l'ONU avait conclu à l'échec de l'Organisation à apporter la protection nécessaire à quelque 600 réfugiés, notamment issus de minorités, ayant fui la ville de Mitrovica et qui avaient trouvé refuge dans six camps gérés par les Nations unies.

Etablis à proximité d'un complexe sidérurgique, ces camps étaient contaminés, dans l'air et au sol, par du plomb et des produits toxiques. Selon le rapport des experts, «la force de l'ONU Minuk était au courant à partir de novembre 2000 des risques pour la santé encourus (dans ces camps) par ces réfugiés» et ne les a relogés ailleurs que plus de dix ans plus tard, a rappelé HRW.

Les rapporteurs avaient conclu de la nécessité pour l'ONU de présenter ses excuses et de verser une indemnité aux victimes. Malgré ces recommandations, l'ONU s'est bornée au printemps à créer un fonds financier sans prévoir d'indemnité individuelle. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, sans admettre de responsabilité particulière, avait exprimé «le profond regret de l'Organisation pour les souffrances endurées».

«L'ONU doit arrêter d'ignorer les conseils de ses experts et compenser les gens touchés à vie dans leur chair en raison des lacunes des Nations unies», a souligné Katharina Rall de HRW. En juin, l'ONG a rencontré 19 victimes d'empoisonnement au plomb, dont des enfants, et constaté les multiples problèmes de santé auxquels ils font face: convulsions, maladies rénales et pertes de mémoire.

En 2016, l'ONU avait déjà créé un fonds financier pour Haïti où des Casques bleus avaient propagé le choléra, tuant 9.000 Haïtiens et en rendant malades 800.000. Selon HRW, ce fonds n'a reçu que 2,7 millions de dollars, soit moins de 1% de son objectif.

«Créer un fonds sans argent, c'est comme donner à quelqu'un un compte en banque vide pour reconstruire sa vie», a dénoncé Katharina Rall.

La mission de l'ONU au Kosovo n'a entamé l'évacuation des camps empoisonnés qu'à partir de 2006. A l'origine, ils étaient prévus pour durer seulement 45 jours. Les évacuations se sont poursuivies jusqu'en 2013, lorsque le dernier camp a été fermé. Pour nombre des réfugiés, c'était trop tard.