RoyaumeUni : Le système de justice pénale britannique entaché de partialité raciale, selon un rapport

Publié par DKnews le 09-09-2017, 15h20 | 28

Le système de justice pénale britannique est entaché de «partialité raciale» et de «discrimination» et devrait être réformé, selon un rapport sur les minorités ethniques au Royaume-Uni, publié vendredi.
Etabli par un député à la demande de l’ancien premier ministre, David Cameron, le rapport s’inquiète du «parti pris» et des «préjugés» parfois «cachés, inconscients ou implicites», dont sont victimes les personnes appartenant aux minorités ethniques, par système pénal.

A moins qu’il ne soit réformé, le système pénal de la justice britannique risque de faire des jeunes délinquants issus de minorités ethniques, «la prochaine génération de criminels», selon l’enquête réalisée en 18 mois.

Se basant sur des statistiques officielles, le document souligne que les personnes appartenant à des origines ethniques minoritaires au Royaume-Uni «sont toujours confrontées à un parti pris et une discrimination manifeste, dans certaines parties du système judiciaire».

Selon l’analyse réalisée par l’ancien ministre, David Lammy, les personnes de couleur, notamment les «noirs» sont traités «plus sévèrement» par le système de justice pénale que les citoyens blancs.
Les jeunes «noirs» sont neuf fois plus susceptibles d'être enfermés que leurs pairs blancs, selon le rapport qui cite une analyse du ministère de la Justice.

Il souligne que les minorités ethniques représentent 14% de la population britannique, dont 3% «noirs» représentant à eux seuls 12% de la population carcérale. La proportion de jeunes prisonniers parmi les minorités ethniques, noirs et asiatiques, notamment, est passée de 25% en 2006 à 41% en 2016.

A titre d'exemple de discrimination, il est relevé que le mot «gang» est «souvent utilisé» dans les discussions sur le crime pour désigner un groupe ethnique plutôt qu’un groupe de suspects.
Le document évoque également la méfiance manifestée par les accusés de couleur mais également par leurs propres avocats, ce qui transforme souvent un «simple entretien» dans les bureaux de police, en un procès.

Il précise qu’entre 2006 et 2014, 41% des avocats d’accusés noirs ont plaidé non coupable dans les tribunaux britanniques contre 31% des avocats d’accusés blancs. Par conséquent, les défendeurs noirs perdent l'opportunité de réduire les peines en raison des plaidoyers de culpabilité précoces et aussi de la méfiance.

Sur sa longue liste de 35 recommandations, le rapport estime que les poursuites contre les suspects parmi les minorités ethniques, dont la culpabilité n’a pas été avérée, devraient être reportées ou abandonnées pour aider à s'attaquer au parti pris du système de justice pénale.

Il préconise également de «sceller» les casiers judiciaires des anciens délinquants afin de leur permettre de trouver du travail, et recommande des programmes de réadaptation pour remplacer une procédure pénale.

Il juge impératif d’encourager le système de justice pénale à travailler plus étroitement avec les communautés locales, et de poursuivre les accusés équitablement et indépendamment de la race. Réagissant au rapport, le ministre britannique de la justice, David Lidington, a déclaré que le gouvernement allait se pencher sur les constats et suggestions pour une «meilleure compréhension» des minorités ethniques.

La Commission parlementaire de l'égalité et des droits de l'homme a exhorté le gouvernement à répondre «de manière urgent» et à mettre en place une stratégie visant à réduire la discrimination raciale.