Promesses de réformes de Macron : L’épreuve du terrain

Publié par Cherbal E-M le 12-09-2017, 10h19 | 50

Elu confortablement par le peuple français sur la base d’un programme politique pragmatique qui fait des réformes le fer de lance du renouveau de la France,  Macron rentre dan le vif du sujet : entamer le cycle de réformes promis.  

En admettant  pourtant que "la France n'est pas un pays réformable", à Bucarest le 24 août dernier, il maintient son engagement de «transformer en profondeur pour retrouver le destin qui est le sien, emmener l'Europe vers de nouveaux projets».

Il enregistre une véritable saignée en matière de côte de popularité, perdant de nombreux points en l‘espace de quelques semaines, mais cela ne semble pas réfréner ses ardeurs. « Je serai d'une détermination absolue et je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes.

Et je vous demande d'avoir, chaque jour, la même détermination », a-t-il récemment indiqué aux Français installés en Grèce.

A la détermination de Macron, répond celle de ses opposants, notamment les syndicats de gauche et le parti de Melenchon, la France Insoumise qui appellent déjà à occuper la rue pour protester contre les réformes en vue, particulièrement le statut spécifique des travailleurs de la Société des chemins de fer.

Pour autant le débat sur les réformes en France bat déjà  son plein pour savoir si, comme beaucoup d’autres l’actuel président y laissera des plumes, ou, si, au contraire, il sera en mesure de s’attaquer à un dogme typiquement français.

Il a déjà commencé par l’augmentation de  la contribution sociale généralisée (un impôt destiné à participer au financement de la protection sociale,  créé par la loi de finances pour 1991), en promettant d’assurer un meilleur pouvoir d’achat aux générations futures.

Les oppositions lui viennent tant de son propre camp que de la gauche,  notamment l’extrême gauche qui y voit une façon de ‘’faire les poches aux plus vieux’’.

Il a ensuite décidé de  ponctionner 5 euros sur les aides personnalisées au logement, affectant une large partie des revenus modestes, notamment les étudiants et leurs parents. L’appel, après coup, de Macron aux propriétaires et bailleurs sociaux de réduire les loyers de 5 euros a sonné comme une quête pathétique, mais largement irréalisable.

Sur les régimes spéciaux dont bénéficient les cheminots, les choses se présentent autrement, avec de sérieuses menaces de débrayage des travailleurs et une exploitation pertinente et opportuniste par  les partis de gauche notamment Melenchon qui se positionne déjà sur les ‘’barricades de la résistance’’.

Il est aisé de deviner,  dans ce contexte que la rentrée sociale sera chaude en France. Mais il est  également utile de suivre un peu ce qui se dit dans ce débat sur les réformes en France pour tenter de comprendre les ressorts des uns et des autres.

Dans un article mis en ligne le 26 aout dernier, le site atlantico.fr recherche les racines de cette opposition française aux réformes dans l’histoire lointaine du pays pour la situer, écrit-il, dans « la tradition révolutionnaire depuis la fin du XVIIIème siècle (1789, 1793, 1830, 1848, 1871, et voire dans une certaine mesure 1944, 1958 et 1968) ayant conduit Tocqueville à estimer en 1848 que ‘’Les Français sont plus doués pour faire la Révolution que des Réformes’’ ».

Le site évoque ensuite la longue liste d‘échecs cuisants, « réforme Savary sur l’école (1984), réforme Devaquet sur l’université (1986), contrat d’insertion professionnelle (1994), réforme Juppé des régimes spéciaux (1995), réforme Sautter de Bercy (2000), contrat première embauche (2006) » qui ont mis leur initiateurs devant des « conséquences politiques souvent humiliantes », ajoute-il.

Le président Macron a certainement du intégrer toutes ces données dans son programme qui, même plébiscité par les Français, calera lorsqu’il s’agira de passer à la concrétisation des réformes. Un récent sondage confirme la duplicité des électeurs qui tout en approuvant l’esprit  des réformes, en condamne la mise en œuvre ;   à la question « depuis ces dernières semaines, êtes-vous plutôt confiant ou plutôt moins confiant concernant l'avenir économique de la France ?, les sondés sont 63% à être pessimistes, une chute de 18 points par rapport au sondage effectué il y a deux mois, début juillet 2017 », rapporte le site www.atlantico.fr.

Un écueil de taille pour Macron, qui mise beaucoup sur les effets de la communication. Il reste à lui souhaiter que cet expert, analysant la conduite des réformes par le président français, a bien raison de voir, sur le site lesechos.fr que  « la méthode est hardie et mérite bien une place au Panthéon. »

CEM