Sonatrach : le financement non conventionnel permettra de relancer les investissements

Publié par DKnews le 29-09-2017, 16h14 | 39

Le directeur exécutif des finances du groupe Sonatrach, M'hamed Kerroubi a indiqué mercredi à Alger que le recours au financement non conventionnel permettra au groupe de relancer ses investissements à travers la résolution du problème de manque de liquidité qu'il rencontre en dépit de sa bonne santé financière.

Répondant aux questions des membres de la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN), en qualité de représentant du président directeur général du groupe Sonatrach, M. Kerroubi a indiqué que le groupe "a accueilli avec satisfaction le recours au financement non conventionnel pour régler les titres du trésor, ce qui lui permettra de poursuivre ses investissements notamment dans le domaine de l'exploration, l'extraction, le développement et la réalisation des raffineries".

Il a affirmé dans ce sens que Sonatrach ne connaissait pas une situation  de déficit financier mais souffrait d'un grand manque de liquidité financière qui entraine un recul du volume de ses investissements,  particulièrement dans le domaine de l'exploration qui nécessite d'importants fonds.

Le financement non conventionnel contribuera toutefois à renouer avec l'équilibre dont elle a besoin -en qualité de société pétrolière- pour investir dans l'exploration et l'extraction du pétrole en vue de renouveler ses réserves et garantir ce faisant le développement de l'entreprise sur le moyen et long terme.

Il a indiqué par ailleurs que Sonatrach affectera une partie des fonds qu'elle recevra par le biais du mécanisme de financement non conventionnel pour la réalisation de deux raffinerie à Tiaret et Hassi Messaoud.

Les avis d'appel d'offre pour ces deux projets seront lancés "prochainement", a ajouté le même responsable, qui prévoit le lancement des travaux début 2018. Selon M. Kerroubi, la réalisation d'une seule raffinerie nécessite un investissement avoisinant les 3 à 4 milliards de dollars.

Ces raffineries, une fois en service, permettront de réaliser l'autosuffisance en carburant à partir de 2021, ce qui mettra fin aux pertes financières enregistrées en raison du différentiel entre le prix  réglementé du carburant vendu en Algérie et son prix réel  dans les marchés internationaux, acquis par le groupe par l'entremise de sa filiale Naftal.

Cette différence dans les prix des revenus du carburant a atteint durant la période 2010-2011 plus de 135 milliards de dinars, une différence que Sonatrach a supporté en baissant les comptes des capitaux.

Pour les années 2012, 2013 et 2014 cette différence a atteint 904 milliards, un montant transféré en titres en vertu d'une décision datée du 16 novembre 2015 après la promulgation d'une loi enjoignant le trésor de supporter cette différence.

Selon les chiffres fournies par le directeur exécutif des finances du groupe Sonatrach, le montant global du différentiel sur les prix durant la période 2015-2016 a atteint 351 milliards de dinars, ce chiffre devrait atteindre pour les années 2017, 2018 et 2019 près de 711 milliards de dinars.

Le rachat, par la Banque centrale, des titres du Trésor émis au profit de la Sonatrach en compensation du différentiel sur les prix des carburants importés et de l'eau dessalée, sera parmi les plus importantes utilisations du financement conventionnel et qui devra être initiée dès l'adoption du projet de loi portant amendement de l'ordonnance de 2003 relative à la monnaie et au crédit.

Dans son exposé des difficultés financières rencontrée par la Sonatrach, le même responsable a indiqué que le groupe a examiné l'année dernière la possibilité de procéder à la vente de 20% de la valeur des titres -taux autorisé par la loi- pour obtenir la liquidité dont il avait besoin, mais  il a fait toutefois machine arrière sur cette décision qui aurai provoqué une importante crise de liquidité bancaire.

"Nous avons pris une décision très difficile et responsable, mais grâce au financement non conventionnel nous allons résoudre le problème de liquidité", a-t-il affirmé.

Près de 70% des revenus de Sonatrach en exportations des hydrocarbures sont versés au Trésor à travers les mécanismes de fiscalité pétrolière, contre 30% affectés à l'investissement et au budget d'exploitation du groupe, a fait savoir M. Kerroubi.