Manipulation au service presse de l’ONU : L’Algérie demande des précisions

Publié par DKnews le 07-10-2017, 18h01 | 26

L’Algérie a exigé vendredi des précisions sur des propos de pétitionnaires sur le Sahara Occidental, dénaturés par le service presse de l’ONU, évoquant une possible manipulation destinée à faire dévier cette section onusienne de sa mission d’informer fidèlement l’opinion internationale.

" Nous demandons qu’une mise au point soit publiée sur le site Web de l’ONU et que le représentant du département de l’information (DPI) se présente devant cette commission pour nous expliquer ce qui s’est passé ", a déclaré Mohamed Bessedik, ambassadeur adjoint de l’Algérie auprès de l’ONU, lors du débat de la quatrième commission de la décolonisation.

" Il est de son devoir de nous expliquer comment ses impairs ont été commis ", a-t-il ajouté. Le DPI doit, selon lui, " présenter des excuses ", après le tort qu’il a causé aux personnes concernées. S’agit il "d’une erreur commise volontairement ou bien par inadvertance, si c’est par inadvertance c’est (également) injustifiable , a-t-il soutenu.

Le dit service se trouve au cœur d’une grave affaire de manipulation après avoir dénaturé les propos d’intervenants venus témoigner leur soutien à la cause sahraouie, allant jusqu'à à attribuer des propos pro marocains à des pétitionnaires qui n’ont pas encore pris la parole.

Propos déformés ou inventés, contenus orientés, le service cumule depuis deux jours une série de dérapages qui entachent sa crédibilité en tant qu’organe d’information d’une institution multilatérale comme l’ONU.

L’ONU retire son compte rendu initial

" Pour voir qu’il y a peut être complicité, j’oserais dire, le communiqué de presse a été retiré aujourd’hui du site de l’ONU après la mise au point du président de la commission de la décolonisation ", Rafael Dario Ram?rez Carreno, a relevé l’ambassadeur adjoint qui note que les dérapages de ce service deviennent multiples et récurrents.

Le service de l’actualité et des contenus de l’ONU a dû retirer vendredi son compte rendu initial dans lequel il attribue au représentant sahraoui, Ahmed Boukhari, de graves propos sur le Front Polisario et le processus de paix au Sahara Occidental.

" Aujourd’hui on n’a pas seulement assisté à une discordance entre les communiqués de presse mais à des déclarations des pétitionnaires plus graves attribuées à un représentant légitime d’un peuple alors qu’il n’avait pas encore pris la parole ", s’est- il indigné.

Dénonçant cette déclaration erronée et purement inventée, M. Bessedik a lancé un appel solennel au secrétariat général pour " veiller à ce que les débats et les propos tenus au sein des organes de l’ONU soient dûment reflétés dans les comptes rendus de ce service".

Les Etats membres, a-t-il poursuivi, doivent s’assurer que ce département ne dévie pas de sa mission principale, celle de fournir une information vérifiée aux médias et à l’opinion internationale, a-t-il dit en substance.

L’ambassadeur adjoint a rappelé que l’Algérie qui, assure la mission de coordinateur des pays non-alignés sur la revitalisation de l’Assemblée générale, avait soulevé à plusieurs reprises le problème de la discordance des communiqués de presse avec les débats et les déclarations tenus à l’ONU.

Le représentant de l’Algérie a fait savoir que le secrétariat a évoqué un manque d’effectifs qui est à l’origine de cette anomalie "mais à la lumière de ce qui s’est passé aujourd’hui nous estimons que cet argument ne reflète nullement cet état de fait ", a affirmé Bessedik.

Dérapage planifié, selon le Front Polisario

Vendredi, le représentant du Front Polisario a déclaré à l’APS qu’il "allait demander une enquête sur ce grave dérapage ".

" C’est un dérapage planifié par ce service de l’ONU, envahi d’agents marocains qui sont allés à l’extrême falsification en m’attribuant des propos pro marocains, alors que je n’ai pas encore pris la parole ", a dénoncé le diplomate sahraoui. Jeudi soir, la présidente de Defense Forum Foundation, Suzanne Scholte a démenti dans une déclaration à l’APS les propos qui lui ont été attribués par le service presse de l’ONU.

" Je n’ai à aucun moment évoqué le plan d’autonomie du Maroc, j‘ai appelé au retrait du Maroc du Sahara Occidental occupé", a indiqué Suzanne Scholte. La Lauréate du prix de la paix de Séoul a fait savoir qu’elle a été l’objet d’une manigance marocaine visant à l’empêcher de prendre part aux travaux de la commission.

La présidente de l’ONG américaine  a été interpellée par les services de sécurité de l’ONU après une plainte de la délégation marocaine l’accusant d’avoir brandi un drapeau du Sahara Occidental dans la salle où se déroulaient les travaux de la commission.

Suzanne Scholte a été violemment bousculée par un membre de la délégation marocaine, alors qu’elle se faisait prendre en photo avec des délégués sahraouis au fond de la salle des réunions avec un autocollant de son ONG à la main, orné du drapeau du Sahara Occidental et du slogan " Free Western Sahara ", a-t-elle précisé à l’APS.