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Chlef : 37 ans après le séisme dévastateur d'El Asnam, le préfabriqué «toujours debout»

Publié par DKnews le 08-10-2017, 16h23 | 144
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Le 10 octobre 1980, un séisme dévastateur à  frappé la ville d’El Asnam, aujourd’hui Chlef, causant la mort de plus de  2.600 personnes, en plus d’un grand nombre de blessés et de sans abris, la  ville ayant été détruite à 80 %.

Les citoyens de Chlef se remémoreront le souvenir de cette journée  douloureuse, au moment où des stigmates de cette catastrophe naturelle  demeurent là, 37 ans après jour pour jour, à travers les chalets toujours  occupés à Hai Chorfa, ou dans les localités de Chetia, Tenes et Oued Fodda.

En dépit des efforts colossaux consentis par l’Etat pour la reconstruction  de la ville, la wilaya compte, à ce jour, plus de 4.300 constructions en  préfabriqué toujours en exploitation, dont les dossiers n’ont pas été  régularisés, leurs occupants n’ayant pas perçu, pour diverses raisons,  l’aide étatique (1.200.000 DA) fixée au titre du programme d’indemnisation  des propriétaires de chalets.

Selon les chiffres fournis par les services de la wilaya, celle-ci compte  prés de 18.318 chalets, dont seulement 13.975 ont vu leurs dossiers  régularisés, au moment où un problème se pose toujours pour les 4.343  chalets restants, dont les occupants n’ont pas introduit de dossiers à  cause de conflits familiaux (entre ayant droits) ou faute d’avoir versé  leurs arriérés de location, est-il souligné.

Au delà de ces contraintes administratives, l’existence de ces chalets  pose un problème de santé publique, comme observé par de nombreux  occupants, qui ont exprimé à l’APS leurs craintes vis-à-vis de leurs  conditions de vie dans ces chalets, hautement inflammables (pour ceux faits  en bois), et où sont enregistrés des cas d’allergies multiples, en plus de  constituer un nid pour différents rongeurs et bestioles.

«J’ai procédé à de nombreuses réparations et restaurations, mais je sais  pertinemment que j’occupe un habitat non conforme depuis une quarantaine  d’années, sa durée de vie étant de pas plus d’une dizaine d’années», avoue  Sid Ahmed, un habitant de Hai Chorfa, résumant l’état d’esprit des  occupants des chalets, dont le seul souhait est de régulariser leur  situation pour bénéficier d’un logement qui assurera une vie «digne» à  leurs enfants, selon leur propre expression.
 

Des chalets en fin de cycle  

Selon l’architecte et membre du Conseil local de l'Ordre des architectes  de la wilaya de Chlef, Mohamed Rachid Lekhel, la durée d’exploitation d’un  chalet ne doit pas dépasser une dizaine d’années, particulièrement sous des  conditions climatiques extrêmes (chaleur et froid), comme c’est le cas à  Chlef, et aussi au vue de la qualité des matériaux avec lesquels ils sont  faits (bois, béton, fer). Cet expert n’a pas manqué de déplorer l’état de dégradation de ces  logements en préfabriqué qui, d’un point de vue technique, ne peuvent être  ni restaurés, ni recyclés, a-t-il assuré.

Nonobstant cet aspect technique, Mohamed Rachid Lekhel a néanmoins, admis  que cette option (installation des chalets) était la meilleur solution à  adopter au lendemain du séisme dévastateur, car une étude de réalisation  d’une ville prend, à elle seule, au moins deux années.

Il a, en outre, déploré la manière «anarchique» adoptée par certains  bénéficiaires des aides publiques, dans la construction de leurs maisons,  qui n’obéissent à aucune règle urbanistique, ce qui, pour lui, a contribué  à la défiguration du tissu urbain local.

Des démarches ont été entreprises par les pouvoirs publics, au titre du  Dispositif de soutien au remplacement de ces habitations en préfabriqué,  entré en vigueur en 2009.

Selon le chef de la daïra de Chlef, Abdelmadjid Ghaib, ses services ont  recensé, à ce jour, 7.599 logements en préfabriqué, dont 6.212 ont reçu  leurs décisions d’indemnisation, au moment où le problème persiste  concernant ceux n’ayant pas introduit de dossiers à cause, entre autres  motifs, du décès du propriétaire ou faute d’accord entre leurs héritiers,  ou encore de versement de leurs arriérés de location. Néanmoins, le responsable a signalé la tenue prochainement d’une rencontre  consacrée à ce problème, entre le wali et tous les partenaires concernés.

Certains bénéficiaires de l'aide publique en la matière (1.200.000 DA)  estiment que ce montant est «insuffisant» pour la construction d’un  logement neuf, au moment où d’autres, à l’image de Ben Toucha, considèrent  que, par le bais de ce dispositif de soutien, l’Etat a surtout pensé à  assurer un vie digne aux citoyens, d'où leur appel à exploiter cette somme  dans la construction d’un deux pièces au lieu de demeurer dans un chalet de  quatre pièces insalubre et en fin de cycle .

Un taux de 76% des occupants des chalets recensés au titre du Dispositif  de soutien au remplacement des logements en préfabriqué, ont introduit des  dossiers pour bénéficier d’aides financières, au titre de l’instruction  interministérielle (Finances et Habitat) portant prorogation des délais  légaux pour l’introduction des dossiers, complétée par l’instruction  interministérielle de 2014, portant facilitation des procédures de  versement des aides, a indiqué à l’APS le chargé du service de promotion  immobilière à la direction du Logement de la wilaya, Brahim Belhireche.

Après avoir souligné l’inscription de ces procédures au titre des efforts  de l’Etat visant l’éradication des logements en préfabriqué, ce responsable  a lancé un appel à tous les propriétaires de chalets dont la situation   n’est pas régularisée, en vue de se reprocher des services de la direction   du logement de la wilaya avant la fin des délais fixés pour cette   opération, soit le 31 décembre 2017.
 
Plus de 13.000 décisions pour bénéficier de l’aide à la reconstruction  

Selon le directeur local de la Caisse nationale du logement (CNL), Cherif   Mohamed Tahar, le Dispositif d’éradication des logements en préfabriqué   destiné à la wilaya de Chlef, l’un des plus colossaux à l’échelle   nationale, enregistre un rythme de mise en £uvre «appréciable».

Il a signalé le recensement, à ce jour, de 13.017 bénéficiaires d’une   décision ouvrant droit à un soutien financier de 1,2 million de DA, dont   plus d’un million ont déjà perçu cette somme dans sa totalité, (soit un   montant global de plus de 15 milliards de DA).

S'exprimant sur les ascendants ou descendants du bénéficiaire, il a   indiqué que l’un d’eux (parents ou enfants) ouvre droit à une aide de   700.000 da, pour réaliser une extension à son logement, mais il a jugé que   le nombre de bénéficiaires de cette formule, pas plus de 968, demeure   faible, à ce jour.

Selon toujours les statistiques fournies par la direction du Logement, la   wilaya de Chlef a été destinataire d’un programme de 105.027 unités de   logements (toutes formules confondues), entre 1999 et 2017.

Le parc logement de la wilaya est actuellement estimé à 948.224 unités,   soit un taux d’occupation de 5,28 habitants par logement, en 2017, contre   5,81 habitants en 2009.  La wilaya a enregistré, à la période indiquée, la création de nombreuses   villes nouvelles, à l’image de Chetia comptant plus de 2.300 logements   publics locatifs, ou encore les nouvelles villes de Ben Souna et Chorfa, ou   les pôles urbains d’El Hosseinia et de la cité Sonelgaz (Oued Sly).

Rencontré à Chlef, l’écrivain et historien Mohamed Boudia, également   témoin vivant des deux séismes du 9 septembre 1954 et du 10 octobre 1980, a   raconté ce jour effroyable, qui a vu la destruction totale de la ville de   Chlef, suite à un séisme d’une magnitude de 7,3 sur l’échelle de Richter .

Cette belle ville de Chlef, connue à l’échelle nationale pour son   architecture unique alliant styles colonial et arabe, selon l’expression de   M. Mohamed Boudia, fut violement secouée une première fois, vers 13h, à   l’heure de la prière du vendredi, faisant des milliers de morts et de   blessé, et des rues encombrées par des bâtiments en ruines . 

«Alors que nous étions tous encore sous le choc, une deuxième secousse   forte a secoué la ville vers 16 h, comme pour amplifier notre sentiment   d’horreur et détruire ce qui ne l’avait pas encore été, rayant de la carte   80 % de la ville», se rappelle l'historien. 

A l’écoute de ces souvenirs, son concitoyen Matmati, n’a pu retenir ses   larmes, en évoquant la mémoire de son ami mort, lors de cette journée   d’effroi, en compagnie de toute sa famille.

«L’horreur de cette journée sera toujours gravée dans ma mémoire, quoique   quelque peu atténuée par les images de solidarité sans faille offertes par   nos concitoyens, juste après le séisme», se souvient-il encore, histoire de   dire que l'espoir fait toujours vivre...

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