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Maintenir la paix et redresser l'économie après l'épisode Ebola

Publié par DKnews le 08-10-2017, 16h58 | 30
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Les Libériens s'apprêtent à élire mardi leur futur président lors d'un vote qui s'annonce serré entre une vingtaine de candidats, plus d'une année après l'épisode d'Ebola dont le Libéria, déjà meurtri par quatorze ans de guerre civile, peine à se remettre du point de vue économique.

Une vingtaine de candidats dont l'ex-star du football George Weah se disputent la succession de la présidente Ellen Johnson Sirleaf, qui ne peut se représenter après avoir accompli deux mandats successifs.

Les candidats à la présidence et à la vice-présidence sont élus sur un "ticket" pour un mandat de six ans (un couple formé par les candidats de chacun des deux partis à la présidence et la vice-présidence, s'inspirant du modèle politique américain).

Soixante-treize membres de la Chambre des représentants (chambre basse) seront élus en même temps, également pour six ans. L'élection du Sénat (chambre haute) n'est pas prévue cette année.
Au total, 2,1 millions d'électeurs sont attendus aux bureaux de vote qui seront ouverts mardi de 08H00 GMT à 06H00 GMT.

L'élection du président et du vice-président est à deux tours si aucun candidat n'obtient plus de 50% des voix au premier tour. Ce scénario est hautement probable cette année, avec vingt candidats en lice. Quant aux membres de la Chambre des représentants, ils sont élus au scrutin majoritaire à un tour.

Pour garantir un scrutin libre et transparent, l'Union européenne, l'Union africaine et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont toutes déployé des observateurs.

Les dernières élections organisées en 2011 avaient été marquées par une contestation des résultats et des violences. Le scrutin du 10 octobre dont la supervision sera assurée par une commission électorale nationale autonome, sera le premier entièrement encadré par la police et l'armée libérienne, sans le soutien des Casques bleus.

Les premiers résultats officiels provisoires sont attendus dans les 48 heures suivant le vote. La Commission électorale a jusqu'au 25 octobre pour confirmer ces résultats et annoncer éventuellement un second tour de la présidentielle.

Selon la Constitution, ce second tour est organisé le second mardi qui suit l'annonce du résultat final, soit le 7 novembre pour ce scrutin.

Les Libériennes en campagne de sensibilisation pour éviter les violences

Pour exhorter leurs compatriotes à éviter toute violence lors des élections générales de mardi, une centaine de Libériennes ont entamé une campagne de sensibilisation il y a trois semaines.

Au cours de la guerre civile particulièrement cruelle dans ce pays (1989-2003), le mouvement des femmes pour la paix (Women in Peacebuilding Network, WIPNET) a mené des sit-in et des prières publiques pour obtenir la fin des violences et la réconciliation.

"Nous avions mené le processus en 2002 et 2003 pour le mouvement de masse des femmes en faveur de la paix. Nous voulons poursuivre cette action en participant au maintien de cette paix obtenue", explique Delphine Morris, coordinatrice nationale du mouvement.

"Pendant cette période électorale, nous pensons qu'il est sage de se rassembler à nouveau, pour unir nos fois et nous assurer que les élections seront bien libres et transparentes", ajoute-t-elle. Mais beaucoup de participantes pensent que le spectre d'un conflit rôde toujours.En 2011, Winston Tubman - le candidat devancé par Ellen Johnson Sirleaf - avait appelé ses partisans à boycotter le second tour.

Deux personnes avaient été tuées devant son quartier général la veille du scrutin.
Delphine Morris craint surtout que certains candidats n'enveniment la situation en proclamant prématurément leur victoire, dans la mesure où le scrutin semble cette année très ouvert. Ils sont vingt candidats à se présenter.

A 78 ans, la présidente sortante Sirleaf peut se targuer d'avoir maintenu une paix fragile dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. Mais la Présidente, élue en 2005, est la première à admettre que ses deux mandats n'ont pas permis d'assurer une représentation paritaire des femmes dans la vie politique du Liberia. "Nous n'avons pas travaillé suffisamment fort pour la parité", a-t-elle récemment admis dans une interview à la chaîne américaine CNN.

Seules trois des 30 sénateurs actuels et 16% des candidats aux élections présidentielle et législatives d'octobre sont des femmes. Des chiffres qui n'ont pratiquement pas bougé depuis 2005.

Tourner la page de la guerre et redresser l'économie du pays affecté par l'Ebola

Le 24 décembre 1989, le Front national patriotique du Liberia (NPFL) de Charles Taylor déclenche une rébellion dans le Nord-Est et s'empare rapidement de la quasi-totalité du territoire. En 1990, une force africaine empêche la prise de Monrovia. La guerre civile, l'une des plus atroces du continent, voit s'affronter sept factions rivales.

En 1997, après un accord de paix, les Libériens élisent Taylor à la présidence. En 1999, une nouvelle rébellion des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (Lurd) éclate au Nord, puis progresse vers Monrovia, soutenue par plusieurs pays voisins. La guerre s'achève par un siège de la capitale en 2003.

Le 11 août 2003, Charles Taylor quitte le pays, sous la pression de la la communauté internationale. Il sera condamné en mai 2012 par la justice internationale à 50 ans de prison pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre en Sierra Leone voisine.

Les 14 ans de guerre civile quasi ininterrompue ont fait quelque 250.000 morts et des centaines de milliers de déplacés.

Baigné par l'océan Atlantique, le Liberia comptait 4,7 millions d'habitants en 2017, selon la Banque africaine de développement (BAD).

Malgré d'importantes ressources de minerai de fer, caoutchouc et huile de palme, la majeure partie de la population manque de services de base, comme l'électricité et l'eau courante. Après plusieurs années de forte croissance, avec un sommet à 15,7% en 2007, l'économie a stagné entre 2014 et 2016, affectée par l'épidémie d'Ebola et la chute du prix des matières premières.

Le Liberia a été par ailleurs l'un des trois pays les plus affectés par l'épidémie d'Ebola qui s'est déclarée en Afrique de l'Ouest en décembre 2013, et a duré plus de deux ans, causant plus de 11.300 morts, dont plus de 4.800 au Liberia.

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