Moyen Orient-Maghreb-Russie : La Russie est devenue «incontournable» sur l’échiquier de la région MENA

Publié par DKnews le 11-10-2017, 16h58 | 37

Les mouvements de contestation politique qu’a connus la région du Maghreb et du Moyen-Orient, depuis 2011, a permis à la Russie de s’affirmer comme un acteur incontournable sur l’échiquier politique régional, a fait constater le géopolitologue Didier Billion.

«S’imposant sur la scène régionale et internationale, à travers son soutien résolu à Damas, la Russie multiplie les initiatives en direction de divers partenaires potentiels de la région», a indiqué le chercheur français dans son étude sur la région MENA parue en octobre dans L’Année stratégique 2018 : analyse des enjeux internationaux, un annuaire dirigé par Pascale Boniface.

«Force est d’admettre qu’une partie de ces facteurs s’appliquent aussi aux relations que la Russie construit avec d’autres pays de la région et son retour au sein du Moyen-Orient et du Maghreb, bénéficiant en outre du relatif désengagement des Etats-Unis», a ajouté M. Billiona, dmettant que cela lui fournit des portes d’entrée diversifiées, «même si parfois contradictoires», dans une région en pleines turbulences .

Dans ce sens, il fait observer que la région se trouve dans une situation où les éléments qui la structuraient depuis des décennies ne sont plus efficients et où ceux susceptibles de les stabiliser «ne sont pas encore en place».

Pour ce géopolitologue, c’est une situation «classique» de transition qui prend une dimension préoccupante si l’on considère que la région reste l’une des principales zones sismiques des relations internationale, relevant que les rapports de forces entre les Etats de la région, qui ont longtemps configuré la géopolitique régionale, «sont désormais caducs».

Il déduit qu’il en résulte «une absence de leadership» dans un environnement où les situations de chaos politique et l’apparition d’Etats faillis, comme la Libye et le Yémen, se multiplient dans une région en quête d’orientation.

Au Moyen-Orient, le chercheur constate que c’est l’Iran qui réussit à conforter ses capacités d’influences, «sans que le concept de l’arc chiite ne soit véritablement convaincant», en s’imposant graduellement dans la région.  Concernant le rôle de la Turquie dans la région du Moyen-Orient, Didier Billion estime que ce pays reste une «puissance incontournable», mais n’est toutefois pas parvenu à se hisser au niveau de leader qu’il prétendait incarner il y a quelques années. 

«De plus en plus isolée dans la gestion du dossier syrien, la Turquie va brusquement infléchir sa politique au cours de l’été 2016 en la coordonnant avec celle de la Russie, alors que les deux Etats défendaient des positions diamétralement opposés», a-t-il expliqué.

Mais dans cette région en pleine recomposition, l’auteur de l’analyse relève «la dégradation alarmante» de la situation des Palestiniens.

«Dans un environnement régional chaotique, le conflit israélo-palestinien semble être passé au second plan des préoccupations internationales», a-t-il écrit, soutenant que la progression exponentielle du processus de colonisation des territoires palestiniens «continue de constituer le principal obstacle au règlement d’une situation qui ne cesse de s’aggraver».