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France-Sahel-Mali : La présence française au Sahel vise à contrôler les ressources et générer de nouveaux marchés

Publié par DKnews le 14-10-2017, 17h17 | 33
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La présence française au Sahel vise, en autres, à contrôler les ressources des pays de la région et à générer de nouveaux marchés, a indiqué le chercheur Mathieu Rigouste.

Dans une analyse intitulée «Que fait l’armée française au Sahel ?», le chercheur en sciences sociales a rappelé que la concurrence chinoise menace les intérêts énergétiques et commerciaux occidentaux en Afrique depuis le début des années 2000 et que le Sahel abrite de grandes réserves pétrolières ainsi que des gisements d’uranium et d’or.

L’auteur de l’analyse, publiée sur le site Orient XXI dirigé par le journaliste Alain Gresh, reprend, dans ce sens, les propos du chercheur Mahdi Taje de l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire à Paris selon lesquels «la réalité géographique de cette zone permettrait à certains Etats, s’ils se positionnent économiquement et militairement, de mieux contrôler les richesses des Etats du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest pour mettre en évidence que les gisements d’uranium au Niger constituent l’un des facteurs principaux de l’engagement français au Sahel», soulignant qu’Areva, géant mondial du nucléaire détenu en grande partie par l’Etat français, «y profite d’un quasi-monopole sur l’extraction».

L’auteur de «L’ennemi intérieur. La généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine», (La Découverte, 2009?), se base dans son analyse sur un rapport du Sénat de 2013, sur «La présence de la France dans une Afrique convoitée», qui appelait déjà à «assurer un accès sécurisé aux ressources énergétiques et minières».

Pour Mathieu Rigouste, le Sahel est parallèlement ciblé comme un «tissu de marchés à développer», expliquant que la France veut optimiser «le taux de retour» sur investissements.

«Quarante mille entreprises françaises dont quatorze multinationales sont présentes en Afrique.
Ces sociétés sont notamment favorisées par le placement de cadres auprès des pays sahéliens sous couvert d’+assistance technique+», a-t-il indiqué, citant le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) qui a invité en janvier dernier ses adhérents à «cibler les villes africaines comme nouveaux pôles de dynamisme et d’innovation», notamment les marchés de «sécurité et de défense» qui occupent une place privilégiée dans cette région.

Des opérations militaires qui profitent aux industriels français

 Sur le plan militaire, le chercheur considère que les opérations au Sahel «servent parallèlement de laboratoire et de vitrine pour les matériels et méthodes de l’armée française», notant que Serval (qui déploie 4000 soldats en 48 heures) puis Barkhane «ont été l’occasion de tester et de promouvoir les avions de chasse de Dassault et les missiles de la société aéronautique MBDA».

Il précise, dans ce contexte, que l’armée française «teste aussi des techniques de combat comme le Groupement tactique interarmes (GTIA) à dominante aérienne combinant des commandos terrestres et des aéronefs».

«De nouvelles capacités d’engagement sont mises à l’essai comme l’+appui feu tireur embarqué+ avec des hélicoptères Puma et Caracal embarquant des commandos parachutistes équipés de nouveaux matériels de renseignement», a-t-il ajouté Par ailleurs, il met e relief que les opérations militaires extérieures de la France profitent «clairement» aux industriels et participent «aux bénéfices et aux records à l’exportation du complexe des industriels français de l’armement, lequel réalise 20 milliards d’euros de commandes en 2016 et se place comme troisième exportateur d’armes mondial en 2017».

L’auteur de l’analyse soutient que par-delà le contrôle des frontières, «il s’agit de maintenir un ordre social, économique et politique profitable aux classes dominantes» dans la région, «alors que les mobilisations contre les régimes autoritaires et les troupes françaises au Sahel se multiplient», a-t-il expliqué.

Les Etats-Unis, présents dans la région avec Africom, appuie l’initiative française, en particulier avec des moyens aériens de reconnaissance, a-t-il indiqué rappelant qu’en avril dernier, le général James Mattis, secrétaire à la Défense, a encouragé publiquement la France à poursuivre ses opérations militaires au Sahel. 

«Bien que concurrents en matière d’influence et d’intérêts économiques en Afrique, Etats-Unis et France se rejoignent pour maintenir un écosystème qui leur est favorable», a-t-il estimé.

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