Alzheimer : vers des diagnostics plus précoces

Publié par DKnews le 15-10-2017, 16h00 | 29

Le visage de la maladie d'Alzheimer est en train de changer. Ses premières manifestations se précisent. Et de nouvelles techniques d'imagerie se développent pour visualiser, dans le cerveau,
ses anomalies spécifiques.La maladie d'Alzheimer se manifeste par des troubles de la mémoire, mais pas seulement.

Les médecins se sont rendu compte que d'autres signes pouvaient annoncer le développement de cette maladie neurodégénérative d'évolution lente.

« Dans les années précédant les manifestations évidentes, on retrouve parfois des troubles inhabituels du caractère, comme l'apparition d'une grande anxiété, d'une irritabilité, d'une hyperactivité ou au contraire d'une apathie », explique le Pr Vincent Camus, psychiatre, CHRU Bretonneau (Tours), co-responsable du Centre mémoire de ressource et de recherche (CMRR) de la région Centre. Des signes qui sont souvent plus difficiles à supporter pour la famille que les troubles de la mémoire, du moins au début.

Aujourd'hui, le diagnostic se fait sur des observations

Il n'existe pas d'examen dont le résultat positif signe la maladie d'Alzheimer. Le diagnostic est établi par un spécialiste des troubles de la mémoire à partir de plusieurs évaluations : un examen clinique (troubles de la posture, troubles oculomoteurs...), un bilan neuropsychique (à partir de tests évaluant la mémoire et le langage), et une imagerie cérébrale (scanner, IRM, scintigraphie cérébrale).

Dans certains cas, ce bilan ne suffit pas pour poser le diagnostic et le spécialiste propose une ponction lombaire pour doser, dans le liquide céphalo-rachidien, des protéines particulières (protéines TAU, protéines bêta-amyloïdes). Leur concentration est corrélée à la présence d'anomalies spécifiques dans le cerveau.

Demain, on repèrera les anomalies dans le cerveau

Le scanner et l'IRM ne peuvent repérer qu'un signe indirect de la maladie : l'atrophie cérébrale. D'où l'intérêt pour les nouvelles techniques d'imagerie moléculaire qui permettent de visualiser les anomalies cérébrales typiques de la maladie (plaques amyloïdes et dégénérescences neurofibrillaires).

De nouveaux radiotraceurs (substances injectées dans une veine du bras avant l'examen) se fixent électivement sur elles puis émettent des signaux repérés par un appareil sophistiqué (tomographe par émission de positons ou TEP).

Le radiologue peut ainsi observer en direct dans le cerveau de la personne malade les anomalies décrites par le Dr Alois Alzheimer en 1903 au microscope. C'était à l'époque à partir de coupe de cerveau de patients décédés.

Utilisés dans le cadre de la recherche, notamment pour tester l'efficacité de traitements à l'étude, ce type d'examens pourrait prendre une place plus importante à l'avenir en permettant de repérer la maladie à un stade plus précoce, c'est-à-dire avant l'apparition des signes de confusion mentale.

Pourquoi il est important de diagnostiquer tôt la maladie

" Je comprends qu'en l'absence de traitements spécifiques, ce qui est le cas aujourd'hui, on se pose la question de l'intérêt d'un diagnostic précoce, explique le Pr Caroline Hommet, responsable du Centre mémoire de ressource et recherche (CMRR), CHU de Tours Bretonneau.

Mais celui-ci comporte plusieurs avantages : donner l'information sur la maladie, accompagner le malade et sa famille, éviter des erreurs de médicaments (les benzodiazépines sont déconseillées), mais en utiliser d'autres qui vont aider à vivre mieux, retarder l'entrée en institution en mettant en place une prise en charge adaptée au fur et à mesure de la progression de la maladie.

Et puis n'oublions pas que de nombreuses molécules thérapeutiques sont actuellement en développement dans les laboratoires.