Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé samedi à l’issue du Conseil extraordinaire des ministres sur l’activation de l’article «155» de la Constitution, des mesures relatives à la destitution du président du gouvernement catalan ainsi que tous ses conseillers en sus de l’organisation dans un délai de six mois, d’élections régionales anticipées en Catalogne et la limitation des fonctions du parlement catalan.
M. Rajoy a déclaré que l’activation de l’article 155 ce samedi n’était pas son intention ni non plus son souhait mais s’applique aux circonstances exceptionnelles telles qu’elles prévalent actuellement en Catalogne.
Entres autres mesures décidées dans le cadre de l’article précité, figure également l’organisation d’élections régionales dans un délai qui ne saurait dépasser les six mois, a déclaré Rajoy.
Ces mesures seront débattues au sénat qui votera vendredi prochain leur approbation ou non.
Les mesures prises prévoient également de demander la limitation des fonctions du parlement de la Catalogne qui sera soumis au control du gouvernement central qui propose entres autres de mettre la police catalane sous la direction du ministère de l’Intérieur ainsi que le control des secteurs des finances et de l’économie outre les télécommunications.
Le gouvernement espagnol vise par l’activation de cet article de la Constitution jamais appliqué auparavant, a souligné Rajoy, quatre objectifs notamment «le retour à la légalité, la restauration de l’autorité de la Constitution , du statut d’autonomie et de la normalité et la coexistence qui s’est malheureusement détériorée en Catalogne et enfin la reprise économique».
Les partis politiques espagnols divisés sur l’application de l’article 155.
L’annonce samedi par le Premier ministre espagnol des mesures prises en Conseil extraordinaire des ministres sur l’application de l’article 155 de la Constitution espagnole, a suscité des réactions diverses chez les principaux partis politiques espagnols.
Pour la gauche unie, l’application de l’article 155 par le gouvernement central est «dangereux» et «irresponsable», parce que comme l’a souligné son coordonnateur fédéral, Alberto Garzon, l’exécutif avait «une autre alternative celle du dialogue et de la négociation».
L’application de cet article, a-t-il expliqué, n’est pas la réponse «appropriée» aux problèmes de fond soulevés par cette crise politique et ne fait qu’aggraver la situation.
Pour l’autre parti de gauche, Podemos, Mariano Rajoy et sa formation politique «veulent mettre le feu en Espagne et en Catalogne».
Le secrétaire de Podemos, Pablo Echenique, a indiqué que «ce samedi, est un jour terrible pour la démocratie et la mise en £uvre des mesures annoncées mettront en danger la coexistence dans notre pays». De leurs cotés, les partis dit constitutionnalistes, le PSOE et Ciudadanos, ont approuvé ces mesures «pour protéger l’intérêt général» du pays.
Le secrétaire général du PSOE, Pedro S?nchez, a déclaré samedi que face à la situation en Catalogne, son parti opte pour la défense de la Constitution «pour mettre un terme à l’agonie qui ne fait que briser la société», en qualifiant le «sécessionnisme» de «brexit catalan qui veut casser 40 ans de d’autonomie» en Catalogne.
Le leader socialiste a déclaré que même si l'Espagne a une Constitution «imparfaite», celle-ci a permis «40 ans de démocratie et de décentralisation» .
«40 ans d'un processus de décentralisation qui a fait de la Catalogne la communauté la plus autonome en Espagne et en Europe, quelque chose que le sécessionnisme veut maintenant rompre», a déclaré M. Sanchez.
Le leader des Citoyens, Albert Rivera, depuis le début de la crise catalane favorable à l’application de l’article 155 , a indiqué samedi que «des élections légales, démocratiques et autonomes» en Catalogne doivent avoir lieu avant la fin du mois de janvier dans le but de restaurer la démocratie.
«Pour nous, a-t-il dit, l'objectif est de tenir le plutôt possible des élections démocratiques».
En attendant l’approbation des mesures prises samedi en Conseil des ministres par le Sénat, le mouvement séparatiste catalan continue de se mobiliser.
Une manifestation devrait avoir lieu ce samedi en fin de journée à Barcelone pour exiger la libération des présidents des deux associations indépendantistes ANC et Omnium cultural.
Depuis des semaines, un bras de fer acharné a opposé le gouvernement central et les autorités catalanes qui avaient organisé le premier octobre un référendum interdit par la justice espagnole et jugé illégal.
Devant la menace du président de la généralité, Carles puigdemont, de faire une déclaration unilatérale d’indépendance en dépit des ultimatums de Madrid, le gouvernement central décidé de veiller au respect de la loi et de la constitution a décidé de recourir à l’application de l’article 155 en prenant des mesures dont l’application est sujette au vote du Sénat , le vendredi prochain.