Archéologie : Les vestiges de Honaine, un site majeur pour le patrimoine culturel national

Publié par DKNews le 24-10-2017, 16h18 | 401

Les vestiges historiques de Honaine, commune  chef-lieu de daïra située à une cinquantaine de kilomètres de Tlemcen,  constituent un site majeur pour le patrimoine culturel national, a indiqué  mardi l’archéologue et historien Abderrahmane Khelifa.

Cette cité renferme de nombreux sites et monuments historiques millénaires  qui ont fait d’elle un passage obligé pour la «Route de l’or», a-t-il  évoqué lors d’une conférence intitulée «Honaine la médiévale», animée au  Centre des études andalouses de Tlemcen relevant du Centre national de  recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH).

Cette importance, Honaine la doit à la triangulation qui marque son  implantation à quelques vols d’oiseau de Siga, berceau du royaume de Syphax  (Ain Temouchent), Altava la romaine (Ouled Mimoune actuellement) et  Pomaria, a-t-il signalé, rappelant qu’elle a fait l’objet, en 1993, de sa  thèse de doctorat soutenue brillamment à l’université d’Aix En Provence.

 Honaine fut appelée par les romains Gypsaria et Artisiga. Les espagnols lui  donnèrent l’appellation de «One», a indiqué le conférencier.

Son intérêt pour Honaine remonte à 1970, année à laquelle il décida de  lancer des fouilles archéologiques sur place pour mettre à jour  d’importants sites et monuments historiques enfouis, par les effets du  temps et par les occupants espagnols et coloniaux, notamment, a-t-il fait  savoir.

Certains de ces monuments, dont des stèles très anciennes, sont  exposées au musée de Tlemcen, a-t-il ajouté, déplorant les dégradations  subies par la cité médiévale du fait des constructions.
Honaine, qui a connu une grande apogée après la naissance d’Abdelmoumène  Ben Ali El Mouahidi El Koumi, fondateur de la dynastie des Almohades,  drainait l’or à travers son passage où des ruines existent toujours,  notamment des tours de guets, dont celle de Sidi Brahim.

Les expéditions  d’Abdelmoumène Ben Ali après sa rencontre avec Ibn Toumerte à Bejaia, vont  conférer à cette cité un rôle majeur, a-t-il évoqué, rappelant la  destruction du vieux rempart de l’ancienne cité, par les habitations  édifiées en 1928 et par le village de regroupement de l’armée coloniale  française en 1950.

Les fouilles effectuées par Abderrahmane Khelifa ont permis de mettre à  jour, également, la Casbah et le port et son chenal, entre autres.

Les  ports de Mahdia en Tunisie, de Salé au Maroc et de Bejaia en Algérie  avaient ce même type de chenal qui ouvrait la voie du port aux  embarcations, a-t-il fait savoir, rappelant la prise en main de la «Route  de l’or» par la tribu de Banou Hillal aux dépens des rois zianides.

Selon le conférencier, ces mêmes fouilles ont mis au jour de nombreuses  maisons comme décrites par Léon l’Africain au 15ème siècle, renfermant 12  formes de puits et des céramiques vernissées.
Cette même cité abrita le  port des Ifrenides, lequel deviendra plus tard le port le plus important  des Almohades en Afrique du Nord, qui sera par la suite l’un des deux ports  des Zianides de Tlemcen.
Le port sera partiellement détruit en 1534, après  une brève occupation espagnole.
Honaine a vu débarquer un nombre important  de réfugiés Morisques.

Lors des débats, l’accent a été mis par l’orateur sur l’intérêt de  protéger ce qui reste de vestiges enfouis sous terre à Honaine, ainsi que  les parties de remparts et tours de guet encore debout.

 L’assistance s’est intéressée, également, au livre écrit en 2007 par  Abderrahmane Khelif et intitulé «Honaine, ancien port du royaume de  Tlemcen» qui décrit cette cité qui abritait le vieux port qui constituait,  entre la période allant du 13eme au 15eme siècle, la porte du Maghreb arabe  par laquelle s’opéraient les échanges de commerce entre l’Andalousie,  l’Europe et l’Afrique.

Cette rencontre s’insère, selon le responsable du centre Ismet Touati,  dans le cadre du cycle de conférences mensuelles, colloques et journées  d’études, organisés entre mai et septembre, par ce centre qui se consacre à  la recherche.