22e Sila : L'absence de statistiques sur le lectorat entrave à l'édition

Publié par DKNews le 29-10-2017, 16h36 | 32

Des spécialistes de l'édition ont déploré, lors d'une rencontre organisée samedi au salon du livre, l'absence de statistiques d'identification sur le lectorat algérien et son impact sur le marché national du livre.

Au cours de cette rencontre, tenue en marge du 22e Salon international du livre d'Alger (Sila), ces spécialistes ont relevé l'inexistence d'une identification sur profil du lecteur algérien pour définir les tendances du lectorat en termes de langues de lecture et de genres littéraires: des données qui, affirment-ils, pourraient orienter les éditeurs.

Pour l'ancien éditeur et libraire Sid Ali Sakhri, ce profil du lecteur serait le meilleur outil pour déterminer les tendances du marché du livre et adapter la ligne éditorial.
Il regrette que le Sila ne soit pas parvenu, en 22 éditions, à fournir ces informations qui sont de «la plus haute utilité» pour le monde de l'édition.

Disponible dans plusieurs pays africains, cet outil permet aux éditeurs d' «investir» les créneaux les plus porteurs, explique-t-il, en s'appuyant sur l'exemple de l'office des statistiques sud-africaines qui «a aidé les éditeurs à investir le créneau du livre scolaire et des éditions en langues locales».

En 2013, le directeur du Centre national du livre (Cnl) avait déclaré que celui-ci devait mettre sur pied «un système statistique» permettant de suivre l`évolution du marché du livre, en termes de circulation, de lecture et de tendances du lecteur afin de définir les différentes strates qui composent le lectorat algérien.

Ce projet n'a pas démarré, à ce jour. Abordant les problèmes de l'édition en Algérie et dans le continent, Sid Ali Sakhri a appelé à une «meilleure maîtrise des coûts de production», regrettant l'imposition, dans la majorité des pays africains, de taxes élevées sur les intrants de l'industrie du livre.
Rebondissant sur ces propos, la sociologue et économiste, Fatma-Zohra Oufriha a, pour sa part, regretté que le livre importé ne soit «pas taxé» dans ces pays, contrairement à la production locale «lourdement imposée» à travers les taxes indirectes.

Editeur et libraire sénégalais Abdoulaye Dialo a estimé que l'édition dans son pays connaît les mêmes difficultés qu'en Algérie et ailleurs sur le continent: le marché africain demeure restreint, en raison de la faiblesse de l'édition dans les langue locales et le monopole des éditions françaises qui représentent 85% des parts de marché, précise-t-il.

Cet éditeur a par ailleurs, rappelé le lancement en janvier dernier au Sénégal d'un projet d' «impression à la demande», une alternative qui permettrait, selon lui, la libre circulation des ouvrages et une meilleure gestion du transport et du stockage du livre.

Six nouvelles unités de production créées dans le cadre de ce projet seront opérationnelles prochainement dans cinq autres pays de l'Afrique de l'Ouest en Guinée, alors que deux unités sont prévues «à l'horizon 2020 en Algérie et au Maroc». Ouvert au public depuis jeudi, le 22e Sila se poursuit jusqu'au 5 novembre au Palais des expositions des pins maritimes.