Montée de l’extrême droite en Europe : La haine comme seul programme politique

Publié par CEM le 12-11-2017, 16h04 | 37

Drôle d’épisode politique que celui vécu le week end dernier par le quartier populaire de Molenbeek, dans la banlieue de la capitale belge, Bruxelles. Considérée par  les médias, notamment français et des hommes politiques, comme le berceau de l’islamisme radical, cette petite commune de près de 90000 habitants a été le point de fixation de leaders de l’extrême droite belges et néerlandais qui ont décidé d’y organiser un ‘’safari de l’Islam’’, une entreprise qui cache mal un appel en bonne et due forme à une  chasse aux musulmans.

Le dirigeant du parti néerlandais de la liberté (PVV, extrême droite) Geert Wilders et le député belge Filip Dewinter (Vlaams Belang), étaient à la manœuvre pour cette opération politique vite avortée par une décision de la bourgmestre de la commune, Françoise Schepmans,  qui a pris une décision municipale d’interdiction du rassemblement.

Présent sur place au moment du rendez-vous donné par les élus de l’extrême droite, et auquel n’a pas assisté l’élu néerlandais, le journaliste de la Libre Belgique  a pu constater « qu'à part des journalistes et des policiers, il n'y avait pas grand monde pour entourer Filip Dewinter », écrit-il sur le site web du journal, ajoutant que cet  « élu d'extrême droite est donc resté quelques minutes, sans obtenir le moindre soutien de manifestations extrémistes, puis est reparti en voiture dans l'indifférence générale.»

En panne d’idées, notamment sur les questions essentielles qui inquiètent leurs concitoyens, notamment sur les volets sociaux et économiques, les partis de l’extrême droite basent tous leurs programmes sur le seul ressort de la haine et du rejet de l’autre. Il est ainsi aisé de comprendre la stigmatisation de ce petit quartier de Bruxelles  qui contient effectivement une part importante d’habitants issus de l’immigration de pays musulmans, essentiellement maghrébins

« Depuis des années, la commune de plus de 90.000 habitants traîne en effet une mauvaise réputation en raison de ses liens de plus en plus nombreux avec des affaires de terrorisme », explique le site du quotidien gratuit français 20 minutes.fr qui donne la parole à un spécialiste des questions du monde arabe, Mathieu Guidère, selon lequel, « en Belgique on retrouve 19 foyers de radicalisation, et Molenbeek fait partie de ces foyers-là.

Ce n’est pas le plus radical, mais le plus proche de la France ». D’où peut être cette fixation des medias notamment français sur cet endroit  de la capitale belge. Mais pour ce professeur d’université, la réalité est ailleurs dans la mesure où, ajoute –t-il, dans cette petite ville de Molenbeek, il y a avance-t-il « le cocktail explosif habituel : une forte immigration, une forte exclusion, beaucoup de chômage, très peu d’intégration et l’infiltration de religieux radicaux. »

Pour sa part, la bourgmestre de Molenbeek, Françoise Schepmans, connait la réalité de sa ville, n’y voit pas d’aggravation particulière du phénomène de la radicalisation, allant même jusqu’à rappeler aux médias français, que les terroristes passés par sa communes étaient des citoyens  français.

Cette expédition politique avortée cache également des relents de populisme de la part de partis politiques en mal d’audience et d’aura, à l’instar de cet élu néerlandais Geert Wilders dont les propositions xénophobes  ont fait trembler l’électorat de son pays lors des dernières élections de mars dernier où il est finalement arrivé en seconde position.

La presse a repris quelques passages de son ‘’programme’ politique exclusivement construit sur la haine des immigrants notamment marocains, et demeure muet sur des sujets fondamentaux comme l’environnement, la culture et bien d’autres thèmes de préoccupation des citoyens néerlandais.

En 2014, les meetings politiques de Geert Wilders étaient essentiellement axés sur une proposition : ‘’voulez-vous plus ou moins de Marocains dans votre ville’’ demandait-il à ses fans qui, surexcités, répondaient ‘’moins, moins, moins…’’. 

Il est sorti indemne des  6 400 plaintes   déposées à son pour incitation à la haine raciale, mais n’a toujours pas eu le quitus des électeurs pour mettre en pratique son programme fait de stigmatisation, de haine et de rejet de l’autre.  Il reste à souhaiter qu’il ne l’ait jamais, Inchallah.