Grosses fortunes de France : L’appel de l’air suisse

Publié par Cherbal E-M le 01-12-2017, 16h26 | 588

Des fortunes françaises continuent de couler des jours heureux en Suisse, où le climat fiscal est plus stable, plus serein, et l’anonymat toujours garanti. « Il n'y a jamais eu autant de milliardaires français... en Suisse », lit-on en titre d’un papier mis en ligne le 23 novembre par le site français challenges.fr, à l’occasion du traitement des nouvelles informations révélées par le magazine suisse Bilan qui dresse régulièrement la liste des 300 plus grosses fortunes installées en Suisse.

Pour cette année, les Français sont au nombre de 54, soit avec trois nouveaux arrivés de plus que l’année dernière ; dans ce lot, ils sont 19 milliardaires à avoir amassé à eux seuls pas loin de 100 milliards d’euros, soit une fortune en hausse de 12%.

Le résultat aurait été meilleur, aux yeux des analystes, si Patrick Drahi, cet entrepreneur franco-luso-israélien, qui a fait fortune à la tête d’une multinationale spécialisée dans les télécommunications et les réseaux câblés, n’avait pas connu quelques échecs financiers ; celui-ci, « à la tête de l'opérateur Altice et actuellement en difficulté avec la chute de plus de 40% du cours de l'action, voit sa fortune personnelle amputée de deux milliards sur un an (-25%) et se classe troisième », rapporte le site boursier.com.

En tête de peloton, viennent  la famille Castel présente dans les  boissons alcoolisées et l’eau en bouteille  avec 10,3 à 11,2 milliards d'euros et Gérard Wertheimer propriétaire, notamment de Channel avec  9,5 à 10,3 milliards d'euros.

Trois nouvelles fortunes sont venues s’installer cette année de l’autre côté du Jura ; d’abord la famille Baud du fondateur  de Franprix en 2012, qui a cédé ses parts en 2016 au groupe de distribution concurrent Casino, et ce après le décès du fondateur Jean Baud. Vient ensuite une autre famille, Leven qui a hérité des sources d’eu minérales Perrier appartenant à la marque Nestlé, puis le financier Patrick Degorce.

Dans la case des sortants de la liste publiée comme de coutume, la presse a relevé « les Mestre, Pierre et sa femme Chantal, fondateurs en 1995 de la chaîne de vêtements pour enfant Orchestra, ont vu leur cours de bourse s'effondrer et la capitalisation de leur groupe être divisée par 4 pout tomber à 80 millions d'euros », écrit challenges.fr.

Le magazine suisse fait à l’occasion dans la prospective en indiquant les potentielles fortunes appelées à venir profiter du climat helvétique ;  pour la France, ce serait la famille Bahadourian, une famille lyonnaise d’origine arménienne   qui s’est enrichie par le commerce de  l’épicerie,  avant de s’associer avec une grande  enseigne ; les prédictions du magazine reposent sur le fait que la famille vient de s’offrir deux belles demeures en Suisse, pour la coquette somme de 30 millions d’euros.

Les informations de Bilan ont été l’occasion pour les observateurs de jauger également  la pertinence des politiques publiques françaises en matière d’allègement de la pression  fiscale et de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales.

A coup sûr, écrit le site challenges.fr, « cette édition sera lue avec intérêt à Bercy, où l'on ne manquera pas de relever le nombre impressionnant de nos concitoyens qui semblent préférer l'air pur des alpages aux miasmes du microcosme parisien », qui note que le nombre des fortunés français qui traversent la frontière vers la Suisse est en augmentation. A la question de savoir si la réforme fiscale engagée par le gouvernement Macron est efficace, il réponde que  ‘’rien n'est moins sûr…’’.

Les experts pointent du doigt l’instabilité fiscale de la France comme principale raison de ce mouvement de capitaux vers la Suisse. Le bras de fer engagé depuis quelques mois par l’administration fiscale française avec les autorités helvétiques pour l’obtention des listes des détenteurs  de comptes d’argent déposé auprès de la banque UBS n’est pas fait pour renverser la tendance.

CEM