Les pays en développement tributaires des produits de base risquent de ne pas parvenir à un développement durable d’ici à 2030, s’ils ne confirment pas leur engagement de diversifier davantage leurs économies, souligne un rapport de la Cnuced et de la FAO, publié lundi.
D’ici à 2030, ces pays pourraient être d’être distancés sur le plan économique et social par des pays dont les économies sont plus diversifiée, s’ils ne changent pas d’orientation économique, précisent la conférence des Nations Unies sur le commerce et l’investissement et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture dans leur rapport 2017 sur les produits de base et le développement.
Le document de la Cnuced et la FAO en fait un scénario vraisemblable étant donné que les prix mondiaux des produits de base alimentaires et non alimentaires, à l’exception du pétrole, devraient en principe rester à leur niveau de 2010, ou au mieux augmenter légèrement d’ici à 2030, date cible pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
Cependant, le rapport constate que l’évolution des prix peut être différente selon les régions et les pays. L’envolée des prix des produits de base enregistrée entre 2003 et 2011 a tiré vers le haut les recettes d’exportation et, de manière générale, le taux de croissance économique de nombreux pays en développement tributaires des produits de base, mais cette tendance s’est soit ralentie soit inversée depuis que les prix mondiaux se sont stabilisés à un niveau inférieur, relève les deux organisations onusiennes.
La nécessité d’investir dans le capital humain et la protection sociale et d’adopter des politiques de redistribution a ainsi été mise en lumière, par les auteurs du rapport, sachant qu’une forte croissance économique mondiale à elle seule ne se traduit pas nécessairement par une réduction de la pauvreté et des progrès en matière de sécurité alimentaire.
Les pays en développement tributaires des produits de base doivent poursuivre leur transformation structurelle en vue d’améliorer leurs perspectives sociales et économiques, de réduire la pauvreté, d’assurer la sécurité alimentaire et d’atteindre l’ensemble des ODD. Pour appuyer ses recommandations, le rapport a examiné les politiques menées par plusieurs pays et leurs effets socioéconomiques respectifs.
Les études de cas ont porté sur divers produits de base et leur pays producteur, notamment le soja en Argentine et au Brésil, le riz au Bangladesh, les diamants au Botswana et en Sierra Leone, le coton au Burkina Faso, le café et les bananes au Costa Rica, le cacao au Ghana, le nickel en Indonésie, le sorgho au Mali et le pétrole au Nigéria.
Parmi les mesures pouvant favoriser une croissance inclusive ces quinze prochaines années figurent la diversification économique, le développement des liens entre le secteur des produits de base et le reste de l’économie, l’adoption de politiques de dépenses anticycliques visant à mettre en place des fonds de stabilisation des recettes tirées des produits de base dans les phases d’envolée des prix en vue de les utiliser dans les phases de contraction, recommande ce rapport.
Pour les pays en développement tributaires des produits de base, ils auront besoin "d’une marge d’action plus large pour trouver la bonne combinaison de mesures qui soit adaptée à leur situation économique et favorise leur développement économique durable dans un contexte de mondialisation croissante", recommande ce rapport qui couvre la période allant de 1995 à 2014.
Dans les pays du Maghreb, l’Algérie et la Tunisie ont enregistré "une faible dépendance" à l’importation et à l'exportation des produits de base durant cette période. La Libye bien qu’elle a figuré dans cette catégorie des pays moins dépendant de ces importations, elle a affiché une forte dépendance aux exportations des produits de base, essentiellement le pétrole.
A l’opposé le Maroc a été classé comme pays "fortement dépendant" aux importations des matières premières, alors que la Mauritanie a enregistré une double dépendance que ce soit au niveau des importations ou des exportations.