Le patrimoine urbanistique et architectural de la vallée du M’zab (600 km Sud d’Alger), classé depuis déjà 35 ans par l’Unesco au patrimoine mondial, a besoin d'être préservé pour continuer à le léguer aussi intact que possible aux générations futures.
Héritage des aïeux de la région qui ont su façonner le paysage aride et désertique en créant des centres urbains visiblement homogènes et singuliers par leur architecture imprimée à travers des ksour (cités fortifiées), cette £uvre architecturale «unique» constitue un élément d’identification du génie d’une population qui s’est urbanisée depuis plus d’un millénaire.
La richesse patrimoniale et le style architectural singulier de la vallée du M’zab, qui incarne la mémoire collective, est devenue pour de nombreux architectes et urbanistes, notamment les disciples du franco-suisse Le Corbusier «une école universelle d’architecture» et un espace attractif pour de nombreux chercheurs et touristes.
Le classement par l’Unesco de cet espace urbanistique est l’aboutissement d’actions ponctuelles de réhabilitation et de restauration effectuées par les pouvoirs publics pour sa préservation et également l’attachement de la population et des acteurs locaux à leur patrimoine matériel, a indiqué à l’APS le chargé de la gestion de l’Office de la protection et la promotion de la vallée du M’Zab (OPVM).
La pentapole du M’zab (Ghardaïa), avec ses ksour édifiés magistralement avec un style architectural singulier sous forme «d’amphithéâtre» épousant le site rocailleux, en tenant compte du climat et des préceptes religieux, a su garder sa structure urbaine durant plusieurs siècles, avant de devenir un centre d’intérêt de l’organisme onusien, a souligné M. Kamel Ramdane.
Le patrimoine architectural, notamment les maisons traditionnelles construites selon une architecture étudiée, les ouvrages hydrauliques ancestraux avec un système de partage des eaux allié à un environnement oasien composé de palmeraies, puits traditionnels, lavoirs et latrines, sont devenus des points attractifs pour des chercheurs et autres touristes, a-t-il ajouté.
Si l'inscription de la vallée du M’zab au Patrimoine mondial offre une reconnaissance internationale, elle impose également la préservation, la réhabilitation et aussi une gestion de ce patrimoine. Depuis 1982, date du classement de la vallée du M’zab sur la liste du patrimoine mondial, les pouvoirs publics ont engagé de nombreuses actions visant au renforcement du dynamisme d’attractivité touristique de la région, la préservation et la mise en valeur du patrimoine architectural et culturel ainsi que l’embellissement et l’accessibilité des espaces patrimoniaux.
Diverses actions de restauration et de revitalisation réalisées
Pas moins d’une vingtaine d’actions de restauration et de revitalisation du patrimoine architectural atypique et autres monuments historiques ancestraux affectés par les aléas du temps ont été réalisés dans la vallée du M’zab depuis 2016, a fait savoir le responsable de l’OPVM. Le responsable chargé du patrimoine à la direction de la Culture de Ghardaïa a révélé, de son côté, que plusieurs opérations ponctuelles de restauration des monuments, sites et habitations menaçant ruine ont été effectuées par les pouvoirs publics à travers les différents ksour de cette vallée.
«Depuis 2014, cinq opérations de réhabilitation et de restauration des places de Souk des ksour, des monuments funéraires, des aires de prière et des mosquées ont été lancées», a fait savoir M. Mohamed Alouani, ajoutant que des actions visant à effacer les stigmates des malheureux évènements qu’a connus la région de Ghardaia ont été également concrétisées pour préserver ce patrimoine unique.
La vallée du M’zab avec ses ksour apporte le témoignage d'une civilisation urbaine «intelligente» créée par nos aïeux depuis des siècles, a estimé M. Ahmed Nouh, notable et président de la fondation Amidoul, initiatrice du projet de réalisation du nouveau ksar de Tafilelt.
Ce nouveau Ksar situé près de Béni-Isguen constitue une première expérience très particulière d’édification d’une réplique d’un ksar alliant la modernité et le traditionnel, avec des maisons construites en synergie avec les spécificités de l’architecture locales, a-t-il expliqué.
La fondation «Amidoul» tient, à travers ce nouveau ksar de 1.050 habitations contenant une population de plus de 5.000 âmes, à marquer comme nos aïeux l’histoire de la région, en construisant avec des matériaux du terroir et en alliant l’architecture et le développement durable avec un intérêt particulier à la préservation de l’environnement et le bien vivre ensemble, a-t-il ajouté.
Cette expérience d’édification du nouveau Ksar Tafilelt , en préservant l'identité culturelle et architecturale de la région ainsi que le système d'exploitation viable de l'écosystème oasien est devenue une curiosité et a séduit de nombreux chercheurs , architectes et autres touristes.
La notoriété architecturale, les valeurs culturelles et pédagogiques de la vallée du M’zab sont d’une importance mondiale qu’il faut préserver, estiment de nombreux acteurs de l’activité touristique de la région. Pour cela, les pouvoirs publics ambitionnent d’insuffler un nouvel élan à la région de Ghardaïa durement touchée par la crise du tourisme international, à l’instar d’autres régions, en préservant et valorisant le patrimoine architectural unique classé.
La mise en valeur et la préservation de ces chefs d’£uvre architecturaux uniques, ingénieusement construits par les premiers habitants de la région et serpentés par une vallée, se concrétisent à travers le lancement d’un plan de sauvegarde de la vallée du M’zab classée «Secteur Sauvegarde» en 2005 par décret exécutif N 05/209.
Ce plan de sauvegarde en conformité avec la loi 04/98 du 15/07/1998 sur le patrimoine est en cours d’élaboration par un bureau d’études, avec un retard considérable, estiment les responsables locaux de la Culture.