Histoire

Algérie-France : Une véritable avancée dans la coopération mémorielle

Publié par DKNews le 06-01-2018, 15h33 | 43
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La demande officielle de l'Algérie à la France de   restituer les crânes des résistants algériens du XIXe siècle et les   archives de 1930 à 1962 et la disposition de la France de la satisfaire   constituent une véritable avancée dans la coopération mémorielle entre les   deux pays, a-t-on estimé à Paris. 

Il y a lieu d'admettre que la coopération algéro-française a connu ces   dernières années un bon quantitatif et qualitatif dans tous les domaines,   toutefois la question de la mémoire est restée suspendue en raison de ses   dossiers qualifiés de "sensibles" et de "complexes", legs d'une   colonisation sanglante. 

Mais à la faveur de l'entretien qu'avait eu le président de la République,   Abdelaziz Bouteflika, le 6 décembre dernier, avec son homologue français   Emmanuel Macron qui effectuait une visite de travail et d'amitié que la   décision a été prise de restituer les 36 crânes de résistants algériens   conservés au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris, et des   copies des archives concernant l'Algérie de 1830 à 1962.

Avec ces deux gros dossiers, les choses semblent bouger dans le "bon   sens", de l'avis de nombreux observateurs, qui rappellent à cet effet la   visite inédite et historique du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni,   en France en janvier 2016. 

Lors de cette visite, le ministre avait souligné que la question   mémorielle constitue "l’axe principal" dans les relations entre les deux   pays pour que s’établisse une "confiance mutuelle".  "Nous n’avons, avec la France, aucun différend. Nous avons seulement,   entre nous, des dossiers en suspens qui empoisonnent constamment nos   relations", avait-il précisé estimant que "le langage et le ton ont changé   (du côté français) et il en est de même pour certaines positions, notamment   celles liées à notre histoire commune". 

Afin de déblayer le terrain, trois sous-commissions ont été mises sur   pied, dans le cadre du partenariat d'exception voulu par les deux pays   depuis 2012. Elles sont chargées d'examiner et d'élucider tous les   contentieux liés à la question mémorielle. 
A cet effet, des discussions sont engagées autour de la restitution des   archives, l'indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires et   les disparus algériens durant la guerre de libération nationale. 

Qualifiant la disponibilité de la France de restituer à l'Algérie les   crânes et les copies des archives de 1830 à 1962 de "percée" dans ce   dossier sensible de la mémoire franco-algérienne, le Premier ministre Ahmed   Ouyahia avait indiqué, dans une conférence de presse à Paris le 7 décembre   dernier, que les deux pays vont continuer à discuter à propos de la   restitution graduelle des archives. 

Longtemps revendiquée par les autorités algériennes, la restitution des   archives est restée insatisfaite même si une infime partie a été   réceptionnée, environ 2 % de la totalité existante en France, selon le   ministre des Moudjahidine. 

Un rapport de la Cour des comptes française, publié en février 2017, a   fait état d'un volume important d'archives qui n’a pas encore été ouvert   depuis leur rapatriement d’Algérie en 1962.  Les archives restituées sont seulement celles de la période ottomane   (antérieur à 1830), qui avait été emporté "par erreur", selon le même   rapport. 

En 2008, la Télévision algérienne a reçu de l’Institut français de   l’Audiovisuel (INA) un patrimoine de 400 heures d’images vivantes (1 862   documents) tournées entre la Seconde Guerre mondiale et l’indépendance de   l’Algérie (1940-1962). En ce qui concerne les 36 crânes de résistants algériens, conservés au   Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris, c'est grâce au   chercheur en histoire, l’Algérien Ali Farid Belkadi, qui les a découvert   dans le cadre de ses travaux de recherche. 

Ce spécialiste de l’histoire antique et de l’épigraphie libyque et   phénicienne, qui s’intéresse également à la période coloniale, avait   précisé en 2011 à l'APS que certains fragments de corps étaient conservés  au MNHN de Paris, depuis 1880, date à laquelle ils sont entrés dans la   collection ethnique du musée. 

Les restes, des crânes secs pour la plupart, appartiennent à Mohamed   Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif "Boubaghla", au Cheikh Bouziane, le chef   de la révolte des Zaâtchas (région de Biskra en 1849), à Moussa El-Derkaoui   et à Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui. 

La tête momifiée d’Aïssa El-Hamadi, qui fut le lieutenant du Cherif   Boubaghla, fait partie de cette découverte, de même que le moulage intégral   de la tête de Mohamed Ben-Allel Ben Embarek, lieutenant de l’Emir   Abdelkader. 

Depuis, plusieurs pétitions ont été lancées appelant les autorités   algériennes à entreprendre auprès de l’Etat français, "les démarches   nécessaires" au rapatriement en Algérie de ces restes mortuaires,   rappelle-t-on. Les appels n'ont pas été finalement vains.

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