Yennayer, une fête séculaire encore célébrée au 21ème siècle

Publié par DKNews le 09-01-2018, 16h23 | 52

Le nouvel an amazigh, Yennayer, coïncidant avec le 12 janvier du calendrier julien, est l'une des fêtes populaires les plus anciennes de l'humanité encore célébrée au 21ème siècle sur une vaste sphère géographique.

"Yennayer est vraisemblablement la fête la plus ancienne de l’humanité encore fêtée au 21eme siècle", a indiqué à l'APS Djamel Laceb, enseignant et auteur de la traduction vers le tamazight du "Sommeil du juste" de Mouloud Mammeri (1917-1989), à l'occasion du 22ème salon international du livre d'Alger, relevant qu'il s'agit d'une "survie miraculeuse au vu des adversités rencontrées au fil des siècles".

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M. Laceb note, s'agissant de la célébration de cette fête, un "regain de popularité" depuis la fin du siècle dernier à nos jours, dans la mesure où nous assistons, explique le spécialiste, à "une célébration de cette journée particulière dans des milieux autrefois fermés, à l’exemple des villes côtières d’Algérie, de la capitale Alger et par des populations que l’on croirait inattendues sur ce registre comme les non amazighophones qui s’en réclament  désormais".

Géographiquement, souligne M. Laceb, "c’est la fête la  plus largement partagée en Afrique, puisque nous la retrouvons sur toute l’étendue nord du continent allant de l’Egypte aux côtes Atlantiques au nord et du désert de Siwa en Egypte jusqu’aux Iles Canaries au large de l’océan Atlantique au Sud, en passant par les tribus Dogons au Mali en Afrique de l’ouest", qui relève que le terme Yennayer "on le retrouve dans toute l’Afrique du Nord jusqu’au sud du Sahel avec de légère variations sur la même racine".

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Pour M. Laceb, "des similitudes clairement identifiables dans les rituels de célébration et dans les mythes qui s’y rattachent sont  relevées, malgré la diversité géographique et météorologique de cet immense espace", estimant qu'il s’agit d’"une pratique sociale répandue sur un territoire vaste", relevant que Yennayer "peut-être un dénominateur commun qui pourrait se défalquer quelque peu de son aspect festif pour devenir la base d’un socle culturel commun hautement socialisant". 

Il a évoqué, dans ce sens, les différents caractères primordiaux de cette fête notamment son ancrage dans l’histoire commune de l’humanité, son caractère trans-civilisationnel  et international et son caractère œcuménique universel.

S'agissant de la célébration de Yennayer le 12 janvier du calendrier universel, M. Laceb relève l'existence de quelques divergences quant au jour de la célébration.

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"Il se trouve en Libye et en Tunisie notamment des communautés qui préfèrent la date du 13 Janvier, mais globalement le 12 janvier est retenu dans la majorité des régions concernées", fait-il remarquer se félicitant également de voir des associations culturelles en Afrique du Nord, en France et aussi au Canada qui se font un devoir de fêter Yennayer chaque année.

Pour M. Laceb, "les différentes célébrations, ou du moins les plus importantes, se passent au soir du 11 janvier du calendrier dit Grégorien qui clôt l’année écoulée et qui voit les Imazighenes prier les jours noirs de s’en aller pour laisser place aux jours blancs (Adf en  iberkanen, Ad kecman imelalen)".

Relevant du point de vue étymologique que le vocable Yennayer, signifierait "les Paroles de la lune" ou  le "Verbe du ciel", M. Laceb soutient que ceci "reste une étymologie parmi d’autres", mais il faut souligner qu’elle est "l'une des rares à tenir compte de la langue parlée des hommes pratiquant le culte".

Yennayer a été consacré par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors de la réunion du Conseil des ministres tenu le 27 décembre 2017 Journée nationale chômée et payée.