FMI : Une masse salariale "lourde" dans la fonction publique au Moyen-Orient

Publié par DKNews le 10-01-2018, 17h15 | 50

Plusieurs pays de la région du Moyen-Orient et Asie centrale enregistrent une masse salariale "considérable" dans la fonction publique dans un contexte de "redoutables" défis de développement économique, a estimé le Fonds monétaire international (FMI) dans une étude publiée sur son site web.

Selon cette institution financière internationale, la masse salariale de la fonction publique dans les pays de cette région est "considérable" à la fois par rapport à leurs propres recettes et dépenses que par rapport à ce qui est observé dans d’autres pays comparables à travers le monde.

"Ceci peut s’expliquer par l’ampleur de l’emploi public ou par des rémunérations excessivement élevées, ou bien encore par ces deux facteurs à la fois", note le Fonds.

Bien que "disproportionnées", ces lourdes masses salariales "n’ont réussi à améliorer ni la disponibilité ni la qualité des services publics indispensables pour relever les défis de développement économique susmentionnés", ajoute le FMI.

En outre, dans les pays où la rémunération du secteur public dépasse exagérément celle du secteur privé, "le fonctionnement du marché du travail s’en trouve déformé".

Ainsi, selon cette institution, de nombreux pays de la région manquent de ressources budgétaires pour pouvoir relever efficacement les défis de développement économique qui s'imposnte à eux alors qu'ils s’efforcent de promouvoir une croissance inclusive, de réduire le chômage chez les jeunes et d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations Unies.

En vue de trouver les moyens de financer les politiques qui permettront d’y faire face, le FMI voit en la réforme des lourdes masses salariales de la fonction publique de ces pays une "solution plausible".

Selon le FMI, les réformes de la masse salariale de la fonction publique peuvent aider les pays à promouvoir la croissance du secteur privé et à y créer des emplois car en dernière analyse, poursuit-il, c’est ce secteur qui permettra de dégager les sources d’emplois les plus durables pour les millions de diplômés qui vont rejoindre le marché du travail.

La réforme de la masse salariale pour doper le secteur privé 

En permettant d’investir davantage dans les infrastructures et dans la protection sociale et en supprimant les distorsions du marché du travail, les réformes de la masse salariale peuvent doper le secteur privé, fait valoir l'institution de Bretton Woods.

Certes, "les gels des salaires et des embauches peuvent être utiles à court terme, mais ils risquent de réduire la fourniture de services et il est difficile de les pérenniser." En outre, ils ne sauraient se substituer aux réformes structurelles des politiques d’emploi et de rémunération.

Le FMI propose diverses options de réformes, dont celles qui ont trait à l’amélioration de la gestion des masses salariales publiques ainsi qu’à leur gouvernance et transparence.

Par ailleurs, le Fonds relève que plusieurs pays de la région sont aux prises avec des conflits internes, d’énormes afflux de réfugiés et d’une aggravation des risques sécuritaires, ajoutant qu'ils font face à des niveaux d’endettement élevés, du repli des cours du pétrole et d'une baisse des envois de fonds des travailleurs migrants.

Par ailleurs, ces pays doivent notamment redoubler d’efforts pour mobiliser des recettes de manière juste et équitable, note le FMI.

Des réformes en matière de dépenses sont également nécessaires, comme par exemple les réformes des subventions énergétiques destinées à dégager des recettes pour financer les crédits en faveur des populations pauvres, ainsi que cela a déjà été fait dans plusieurs pays, note-t-il encore.

S’inspirant de ses précédentes analyses réalisées à l’échelle mondiale et des nouvelles données régionales, cette institution propose de veiller à ce que les politiques régissant la masse salariale soient viables d’un point de vue budgétaire en définissant les facteurs qui animent la croissance de la masse salariale et en les inscrivant dans des plans budgétaires à moyen terme.

Il propose aussi de centrer les politiques de rémunération et d’emploi sur "la fourniture efficace et équitable de services publics de qualité", en procédant à des revues de dépenses sectorielles et en renforçant les mécanismes d’acheminement des services publics.

Comme il prône de renforcer les institutions et les données, y compris en ce qui a trait à la gestion des ressources humaines et au contrôle des primes et des prestations, et en établissant un lien entre la rémunération et les résultats.

En outre, il conseille de veiller au bon enchaînement des réformes et constituer des synergies avec d’autres politiques.

Pour faciliter la transition, les réformes des masses salariales devraient prévoir dès le début des analyses d’impact social et aller de pair avec des mesures destinées à renforcer la protection sociale, à diversifier l’économie, à consolider la gouvernance et à améliorer le climat des affaires et la création d’emplois, suggère la même source.