Culture

Algérie-Unesco - Classement du couscous par l'Unesco : Prochaines réunions d'experts maghrébins

Publié par DKNews le 22-01-2018, 16h11 | 80
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Des réunions sont programmées prochainement entre   experts issus des pays du Maghreb arabe dans le cadre du projet de   classement de leur patrimoine culinaire commun, le couscous, comme   patrimoine commun de l'humanité par l'Organisation des Nations-unies pour   l'Education, la Science et la Culture (Unesco), a annoncé le Directeur du   Centre national de Recherches préhistoriques, anthropologiques et   historiques (CNRPAH), Slimane Hachi. 

«Le dossier du classement du couscous en tant que patrimoine universel est   un projet commun aux pays du Maghreb. Son montage est en cours et des   réunions d'experts de ces pays se tiendront prochainement «, a déclaré à   l'APS, M. Hachi.   «Ce classement ferait la lumière sur l’ancestralité de ce plat plusieurs   fois millénaire et sur sa trans-culturalité car il appartient à plusieurs   peuples. Il a résisté au temps et au changement et est demeuré authentique   sans être figé», a commenté, de son côté, la Chercheure audit centre, Ouiza   Gallèze. 

Le classement «éventuel» de ce patrimoine sur la liste universelle, lequel   «doit intégrer au moins les pays du Maghreb», sera, en outre, «une   reconnaissance et un moyen de raffermir les liens solides entre les   peuples, dans le sens où ils répondent aux mêmes traditions par les mêmes   expressions culinaires. Car comme tout élément culturel, le couscous est un   moyen de rapprochement entre les peuples», a ajouté cette spécialiste en   patrimoine culturel. 

Elle explique que «l'exigence de l'Unesco est l'appropriation et le   sentiment d'appartenance que les communautés doivent exprimer envers   l'élément», objet de classement, avant de relever que le couscous   représente «un composant de l’identité culturelle, symbolisant l’offrande   et marquant les grands événements heureux ou tragiques, aux niveaux   familial et communautaire». 

Pour ces peuples, le couscous est «un moyen d’exprimer leur solidarité,   mais aussi leur rapport à la nature», a-t-elle poursuivi, considérant que   les Etats maghrébins «gagneraient à lancer en commun une étude de grande   envergure pour cerner tous les contours» de ce patrimoine commun.   Jusque-là, a-t-elle regretté, celui-ci a seulement constitué le thème   partiel ou total de plusieurs écrits. 

Interpelée, par ailleurs, sur la valeur économique de cet héritage   ancestral, Mme Gallèze considère que le couscous «est, dans son étendue,   plus important que le pétrole, qu'il a dépassé les limites frontalières et   revêtant une reconnaissance internationale, dans la mesure où il est   présent sur les cinq continents». 

Au fur et à mesure de son développement, ce plat «s'est industrialisé et   s'est enrichi» dès lors qu'on le retrouve associé à toutes les viandes.

Ce   pourquoi, a-t-elle fait remarquer, «le distinguo entre le couscous plat, à   la mode, et l'originel, le végétarien ou avec peu de viande, est   nécessaire, étant donné qu'il ne s'agit pas de chercher le meilleur ou le   plus cher plat mais celui auquel le génie humain a donné de la saveur». 

Un couscous auquel, également, «la tradition donne du sens et l'histoire   une raison d'être», a-t-elle poursuivi, insistant sur le rôle   essentiellement féminin quant à la perpétuité de ce précieux legs. 

A la question de savoir comment les Etats concernés peuvent en tirer des   dividendes économiques, elle a souligné la nécessité d'une «volonté   politique» pour ce faire, tout en notant que le couscous peut être   «propulsé» en Algérie dans le cadre du secteur touristique.   

A ce propos, elle a déploré l'absence de grands restaurants «spécialisés»   dans les variétés de couscous, qui soient dotés d'une notoriété   internationale et qu'un touriste étranger «intégrerait dans son   itinéraire». Pis, il n’existe même pas encore «un guide» des différents   restaurants versés dans cette spécialité, a-t-elle déploré. 
 
Des origines très lointaines... 

Le couscous, ce mets conçu à base de semoule de blé et accessoirement   d'orge, est très apprécié de par le monde. Il est «un des plus importants   plats dans les habitudes alimentaires du Maghreb et est une tradition très   ancienne», explique Mme Gallèze, s'agissant de son origine, notant que le   célèbre historien Ibn Khaldoun l'a cité comme «composant essentiel dans la   définition du berbère ou de l’amazigh». 

Décliné sous diverses appellations en Algérie, en fonction de la région   (Sekssou, Ksekssou, Berboucha, T'aâm etc), le couscous remonterait, selon   la spécialiste, à l'antiquité en raison de découvertes archéologiques   attestant que «des ustensiles proches des outils de fabrication du couscous   ont été retrouvés dans des tombes remontant au règne du roi Massinissa». En   outre, des fouilles, dans la région de Tiaret, ont permis la découverte de   pareils ustensiles, datant du IXeme siècle, notamment le couscoussier». 

«Le centre de l'Afrique du Nord était alors particulièrement prospère et   était considéré comme le grenier de Rome», a-t-elle rappelé, avant de faire   remarquer que les Arabes, «qui ne connaissaient pas la semoule», l’ont   découvert lors de leur conquête de cette région pour l'adopter ensuite.   «Une légende, située entre l’Algérie et la Tunisie, raconte qu’un chef de   tribu menaça sa femme étrangère, nouvellement convertie à l’islam, de la   tuer si elle ne lui préparait pas un couscous», a tenu à narrer la   chercheure. 

L’introduction de cet ingrédient dans la péninsule Ibérique daterait,   quant à elle, du règne de la dynastie berbère des Almohades, au XIIIème   siècle, a encore fait savoir Mme Galléze, relevant que «sa popularité s'est   propagée rapidement» en Espagne et au Portugal. «Bien avant la colonisation   de l'Algérie par la France, l'auteur Rabelais l'a évoqué dans Pantagruel   (1532) en l’appelant «Couscoussou», alors que son concitoyen Alexandre  Dumas, l'a dénommé «Coussou Coussou» dans son «Grand Dictionnaire de   cuisine», a-t-elle détaillé. 

La consommation de cette succulente préparation se répand «réellement» sur   la rive nord de la Méditerranée au XXème siècle, avec l'émigration de   familles algériennes lors de la première guerre mondiale, a affirmé la   chercheure, précisant que les «Pieds noirs» l’ont également emporté dans   leurs bagages après l'indépendance de l'Algérie pour devenir enfin, le   troisième plat préféré des Français, selon une étude réalisée en 2014. 

«Le couscous, exclusivement berbère, nord-africain, antique et ayant   acquis ses lettres de noblesse, demeure le plat copié et imité en dehors de   ses frontières originelles, sans jamais être égalé, néanmoins», a conclu la   spécialiste du CNRPAH. 

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