France : 15 millions de personnes touchées par la crise du logement

Publié par DKNews le 31-01-2018, 18h32 | 37

Un total de 15 millions de personnes sont touchés par la crise du logement en France, a indiqué mardi un rapport de la Fondation Abbé-Pierre, soulignant que 4 millions d'entre elles sont mal-logées ou privées de domicile.

"Au total, sans les doubles comptes, près de 15 millions de personnes sont touchées, à un titre ou à un autre, par la crise du logement, dont 4 millions de personnes souffrent de mal-logement ou d’absence de logement personnel", a précisé le rapport annuel "Etat du mal-logement en France" qui est à sa 23eme édition, selon son propre décompte à partir de l'enquête "Sansdomicile" effectuée par l'Insee.

"Parmi les 4 millions de personnes mal-logées, on compte des personnes privées de confort, en surpeuplement accentué, sans logement personnel, voire sans domicile. Cette situation, la plus alarmante, connaît une aggravation brutale et incontestable au cours des dernières années", a-t-on ajouté. Toutefois, la Fondation a relevé que les Français d’aujourd’hui, en moyenne, "sont incomparablement mieux logés que leurs grands-parents de l’époque de l’appel de 1954 de l’abbé Pierre".

"La France construit beaucoup, et n’a même jamais compté autant de logements vides. Les Français n’ont jamais disposé en moyenne d’autant de m² par personne (37 m²), les ménages n’ont jamais été aussi petits (2,35 personnes en moyenne) et leurs logements aussi grands (86 m²)", a-t-elle fait remarquer, exhortant le gouvernement à "mener une vraie politique sociale".

Pour elle, l’analyse du mal-logement est "aussi complexifiée" par la nature du mal-logement, qui "n’est pas qu’un stock à résorber à un moment donné mais avant tout un flux continu de situations diverses qui s’améliorent ou se détériorent", attirant l'attention des pouvoirs publics sur "les inégalités face aux conditions de logement".

Le rapport souligne par ailleurs qu'entre 2006 et 2013, le nombre de personnes consacrant plus de 35 % de leurs revenus aux dépenses de logement avec "un reste-à-vivre inférieur à 65 % du seuil de pauvreté" (650 euros par mois et par unité de consommation) est passé de 4 à près de 6 millions.
"Ces personnes se serrent, se saignent et se privent également, notamment de chauffage, puisque le nombre de celles qui ont eu froid pour économiser  sur les factures de chauffage est passé de 1,6 à 2,3 millions de personnes,soit 44 % de plus", a-t-il déploré.

Concernant la politique du gouvernement d'Edouard Philippe, la Fondation a estimé que "les actes des premiers mois ont semblé donner la priorité aux coupes budgétaires et aux critiques contre l’encadrement du marché de l’immobilier, au détriment de l’ambition affichée de protéger les personnes en difficultés", regrettant les coupes en matière d'aides personnalisées au logement (APL) et les attaques contre les hébergements d'urgence pour les migrants.

Face à cette situation, le rapport préconise, en plus de la réduction du surpeuplement, la production d’une offre de logement "diversifiée et abordable", l'amélioration de l’habitat et le versement des aides personnelles au logement.