Lombalgie chronique : reconditionner à l'effort

Publié par DKNews le 12-02-2018, 16h22 | 26

La lombalgie chronique est la première cause d'exclusion professionnelle avant 45 ans. S'ils ne permettent pas de faire disparaître la douleur, des programmes spécifiques d'activité physique aident les malades à renouer avec une vie la plus normale possible. Martial, 36 ans, témoigne car il est passé par là.Tout a commencé avec un lumbago en mai 2014.

J'avais déjà eu mal au dos avant, comme tout le monde, mais cette fois c'était vraiment costaud. Quelques semaines plus tard, le simple fait de m'asseoir sur le lit de ma fille a déclenché une sciatique . J'ai tout essayé pour la faire passer : séances d'ostéopathie , médicaments de plus en plus forts, infiltrations , sans résultat. Les examens ne montraient rien. J'avais bien une petite hernie discale à gauche mais elle ne pouvait pas expliquer mes douleurs situées à droite. J'ai dû me mettre en arrêt maladie en septembre.

Programme éprouvant mais résultat quasi magique

Étant formateur, je suis souvent debout ou en déplacement, et il m'était impossible de continuer à travailler dans ces conditions. Mon médecin traitant m'a alors parlé du centre de rééducation fonctionnelle d'Angers et de leur programme de reconditionnement à l'effort géré par le réseau Lombaction. Il le connaissait pour y avoir déjà adressé des patients, ça a été ma grande chance. Nous avons lancé la demande en février et j'ai attaqué en juin.

Mon médecin m'avait bien expliqué le principe du programme, je savais que ça allait être intensif. Mais quand j'ai vu le planning... Sept heures d'activité physique , cinq jours par semaine, pendant cinq semaines, quand vous pouvez à peine marcher, vous avez du mal à y croire. Les journées commencent systématiquement avec quarante-cinq minutes d'échauffement et d'étirements.

On enchaîne sur du renforcement musculaire, notamment au niveau des abdos. On travaille l'endurance et le cardio sur des vélos , on nage deux après-midi par semaine. Il y a aussi des exercices plus ludiques avec, par exemple, des jeux de ballon, ainsi que des ateliers de diététique, de relaxation...

On termine chaque journée avec une heure d'ergothérapie, une rééducation aux gestes du quotidien. Ces séances ne sont pas vraiment drôles, mais les résultats sont spectaculaires. À la fin du programme, je touchais le sol avec mes mains sans plier les genoux. Même avant d'avoir mal au dos, je n'y arrivais pas. D'ailleurs, à l'issue de ces cinq semaines, j'étais en meilleure condition physique qu'à l'époque où je n'étais pas malade.

Ce programme est vraiment éprouvant mais le résultat est quasi magique. On voit bien la différence entre les tests faits en début et en fin de parcours. Elle se lit même sur le visage et dans l'attitude des participants. À l'arrivée, tout le monde avait l'air fatigué. Au bout de cinq semaines, nous étions détendus, c'était même la franche rigolade !

Moi qui en étais arrivé à avaler 200 mg de Tramadol® (un puissant antidouleurs) par jour, avec les problèmes de dépendance qui vont avec, je ne prenais plus aucun médicament à l'issue du programme. Je n'en ai jamais repris et j'ai même pu recommencer à travailler dans la foulée.

Il m'arrive encore d'avoir mal, mais je vis la douleur différemment, je l'oublie très vite. Surtout, j'ai acquis les bons réflexes pour la chasser. Plutôt que d'aller m'allonger comme je l'aurais fait avant, j'adopte des positions antalgiques, je fais des étirements. Moi qui n'étais pas du tout sportif, je fais deux heures de sport par semaine , surtout du vélo. J'y ai pris goût et quand je n'ai pas ma dose, ça me manque.

Les consultations avec un psychologue proposées dans le cadre du programme ont aussi contribué à mon mieux-être. Ma femme est hémiplégique, nous avons un garçon et une fille, et je culpabilisais beaucoup de moins aider à cause de mon dos. Pouvoir parler de tout ça m'a fait beaucoup de bien. Après avoir effectué quelques tests, un programme personnalisé est établi pour chaque patient, qui tient compte de ses problèmes spécifiques.