Histoire

Révolution algerienne : Les martyres Nafissa Belakhal, Louisa Debah et Rokia Ghimouz, le militantisme algérien au féminin

Publié par DKNews le 17-02-2018, 16h41 | 358
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Nombreuses à Constantine sont ces femmes militantes qui ont tôt pris conscience du poids du joug colonial imposé au peuple algérien.

Elles se sont engagées avec abnégation dans le combat de libération, refusant le fatalisme du colonialisme tout en donnant au nationalisme une dimension féminine.

Ces militantes inconditionnelles ont consenti courageusement le sacrifice suprême pour la patrie à l’instar Nafissa Belakhel, Louisa Debah et Rokia Ghimouz.

La moudjahida Leïla Sedira, s£ur de Nafissa Belakhal et fille du militant de l’association des oulémas musulmans algériens, Laaroussi Belakhal se souvient avec émotion de toutes ces combattantes de la liberté à la veille de la célébration de la journée nationale du chahid (18 février).

Nafissa Belakhal, descendante d’une famille imbibée de nationalisme...

 Leïla affirme avoir avec sa s£ur tété le nationalisme avec le lait maternel au sein de leur famille dont le père ami et fidèle du cheikh Abdelhamid Benbadis avait fait de sa maison à la cité Faubourg Lamé (actuellement Emir Abdelkader) un centre révolutionnaire pour les moudjahidine et les fidaïyine.

Revenant 70 ans en arrière, Leïla se souvient de sa s£ur Nafissa qui fut "une flamme d’intelligence, de patriotisme et de charisme", assure-t-elle en indiquant qu’après avoir terminé ses études, Nafissa a rejoint l’école de couture et a obtenu un diplôme dans la spécialité.

En 1955, Nafissa a rejoint le combat pour la liberté mais avait gardé cela secret même pour sa mère qui ne s’en aperçut qu’en découvrant une grenade dans les affaires de sa fille.

Informé, le père ne s’opposa point, ajoute Leïla qui souligne que cela avait même encouragé Nafissa à redoubler d’activisme qui "transmettait des messages, acheminait des médicaments et cousait des treillis pour les moudjahidine".

Après avoir activement participé à l’élimination d’un officier français et l’enlèvement de son arme et de sa voiture Jeep, Nafissa a dû rejoindre les maquis. En décembre 1957, un moudjahid membre de la cellule où activait Nafissa est arrêté.

Sous la torture, il avait dévoilé les autres membres dont Nafissa qui, venue rendre visite à ses parents, fut arrêtée avec son père et sa s£ur Leïla, raconte cette dernière.

"Internés au centre de la cité Ameziane, nous avons subi les pires sévices. Mon père dont l’£il droit fut crevé par ses tortionnaires finit par perdre la vue après l’infection de son £il gauche", raconte Mme Leïla Sedira. Libérée, Nafissa a poursuivi le combat comme fidaïya dans la ville de Constantine et lorsque son action a été découverte, elle rejoignit en 1961 les maquis, infirmière et rédactrice de message jusqu’à sa mort en janvier 1962 dans une bataille dans la région d’El Ansser dans l’actuelle wilaya de Jijel.

"Elle était alors âgée d’à peine 26 ans toutefois les nouvelles de sa mort ne parvinrent à la famille qu’après l’indépendance", assure Mme Leïla qui a représenté les femmes arabes à la Conférence mondiale des femmes pour la paix tenue en 1967 au Canada.

Louisa Debah et Rokia Ghimouz abandonnent les bancs d’étude pour le combat libérateur ...

 Mme Leïla affirme avoir fait connaissance avec les chahidate Louisa Dhebah et Rokia Ghimouz lorsqu’elles venaient aider son père qui n’avait pas de garçon dans son magasin qui se trouvait au rez-de-chaussée d’un immeuble à côté d’une école de l’association des oulémas.

"Je rivalisais alors avec Louisa et Rokia à imiter les tons des animateurs de Sawt El Kahira (La voix du Caire)", précise cette moudjahida.

"Une journée avant qu’elles ne regagnent les maquis, j’avais invité à notre maison sept étudiantes de cette école dont Louisa Debah et Rokia Ghimouz et nous avons discuté de la Révolution et de l’obligation de secret", a fait savoir Mme Leïla qui souligne que le lendemain et avec l’absence collective des sept jeunes filles, l’alerte a été donnée à l’établissement qui fut fermé pendant plus de deux années par l’administration coloniale.

Louisa qui était orpheline avait un courage à toute épreuve et c’est ce courage, a-t-elle dit, qui l’avait poussé à devancer le groupe de moudjahidine dont elle faisait partie pour tenter de débusquer d’éventuelles mines dont l’une explosa sur elle en 1958 dans les montagnes de Collo à Skikda. Rokia Ghimouz appartenait elle à une famille très aisée dont le père tenait un magasin à R’cif, dans la vieille ville de Constantine.

"Elle est tombée au champ d’honneur en 1960 au côté de cinq autres moudjahidine au cours d’un accrochage armé qui avait coûté la vie à 13 soldats français", ajoute encore la même source.

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