Yémen: la relance de la médiation, principale mission du nouvel émissaire onusien

Publié par DKNews le 18-02-2018, 16h59 | 23

Le nouvel émissaire spécial des Nations unies (ONU) pour le Yémen, Martin Griffiths, aura la lourde tache de relancer la médiation entre les belligérants qui refusent de s'asseoir à la table des négociations, dans l'objectif de mettre un terme au conflit armé qui frappe le pays, depuis près de quatre ans, sur fond de crise économique et humanitaire sans précédent.

Nommé par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le 14 du mois en cours, M. Griffiths qui dirige la fondation European Institute of Peace basée à Bruxelles, devra apporter une vaste expérience dans la résolution du conflit, en axant ses efforts sur la négociation, la médiation et les affaires humanitaires. Il sera confronté à une situation que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

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Ayant travaillé pour plusieurs organisations internationales, notamment humanitaires, M. Griffiths dispose de toute l’expérience nécessaire à sa mission.

Le responsable Britannique, succédera à l'actuel émissaire spécial, le Mauritanien, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, qui avait exprimé le vœux de ne pas poursuivre ses fonctions à l'expiration de son mandat, fin février.

Ould Cheikh Ahmed, n'est parvenu à aucun résultat concluant dans les efforts ONUsiens pour mettre fin au conflit meurtrier opposant les forces gouvernementales soutenues militairement par une coalition Arabe conduite par l'Arabie saoudite, aux éléments du groupe armé Ansarullah (Houthis) qui se sont emparés de vastes régions du territoire dont la capitale Sanaa.

Son prédécesseur Jamal Benomar, avait démissionné en avril 2015 après l'échec de quatre ans d'efforts pour établir une transition politique.

Ainsi, les observateurs soulignent que l'essentiel maintenant est la reprise par les parties yéménites des négociations de paix menées sous l’égide des Nations unies et la cessation des combats, condition indiscutable pour parvenir à une solution politique permettant de préserver l’intégrité territoriale du pays, ramener la paix et la sécurité, et par la même mettre un terme à la grave crise humanitaire dans le pays.

 

Insécurité et crise humanitaire sans précédent

 

Théâtre d’un conflit politique qui s'est transformé aussitôt en un conflit armé, qui a fait plus de 10 000 morts et 53 000 blessés, le Yémen est victime de "la pire crise humanitaire du monde depuis la seconde guerre mondiale" selon l’ONU.

La situation humanitaire continue de se détériorer en raison de la situation de guerre larvée, de l'effondrement des services de base et du déclin économique. Pas moins de 22,2 millions de Yéménites, (les deux tiers -76% -  de la population) ont besoin d'aide et 8,4 millions de personnes sont confrontées à la faim. Un enfant meurt toutes les dix minutes, d'après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).

L’eau potable, la nourriture et l’accès aux soins médicaux manquent. Plus de 2.200 personnes sont également mortes en raison d'une épidémie de choléra qui a frappé le pays depuis avril 2017, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

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Une situation confirmée par le Comité international de la Croix-Rouge, qui a établi qu'un million de personnes sont atteintes de cette épidémie, dont un tiers d’enfants.

Le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, a appelé la communauté internationale à se montrer généreuse en finançant l'assistance humanitaire pour les millions de Yéménites affectés par une situation catastrophique.

l'ONU et ses partenaires se trouvent en cette étape cruciale sous la contrainte de fournir de la nourriture à plus de 8,5 millions de Yéménites, des services nutritionnels à 5,6 millions d'enfants, femmes enceintes et mères et de l'eau potable à 5,4 millions de personnes, a-t-on indiqué.

Plus de 1.400 écoles et 650 établissements de santé sont également inscrits au programme de la reconstruction urgente de l'ONU et des organisations internationales.

Dans cette perspective, une conférence internationale sur le Yémen se tiendra à Genève le 3 avril prochain, a annoncé l'ONU.