Hommage : La moudjahida Louisa el fermlia honorée à Bejaia

Publié par DKNews le 09-03-2018, 16h47 | 273

Son nom est sur toutes les lèvres, notamment des moudjahidine de la Wilaya III historique, mais son histoire et son parcours restent méconnus. 

Il a fallu, les festivités de la Journée internationale de la femme (8 mars) au siège de l’UNFA de Bejaia, ce jeudi, pour revoir Malika el fermlia (l'infirmière), à 83 ans, encore bon pied bon £il, et se faire rappeler au bon souvenir des gens dont beaucoup ne savent d’elle que sa proximité avec Malika Gaid, la grande héroïne, et son engagement dans les maquis de l’Akfadou.

Même après avoir reçu son cadeau honorifique du wali de Bejaia, elle n’en a pas dit plus, ni fait étalage de ses sacrifices et de ses engagements, se contentant juste de remercier les initiateurs de cet hommage, qui lui a manifestement réchauffé le c£ur. "Merci de s'être rappelé de moi. Je suis émue", dira-t-elle presque effacée, avant de se retirer sur le côté pour laisser la place à ses autres consoeurs qui avaient également des mérites propres à faire valoir, à l’occasion, coïncidant avec la fête des femmes. Pourtant, ce ne sont pas les faits d’armes qui manquent à son histoire, ni les actions héroïques ou les affres subies pendant la guerre de libération.

Infirmière de formation, l’une des toutes premières diplômées du pays, avec notamment Malika Gaid, Messaouda Bahbar, Fatima Zohra Oumdjikene, Yamina Cherrad, qui, toutes du reste, ont rejoint le front, elle a vécu de près et dans l’extrême douleur, l’enfer de la guerre.

Déterminée, courageuse, énergique, elle a soigné, transporté et porté assistance à des cas de blessés désespérés, souvent au péril de sa vie. 

Elle a également vécu les affres de la prison et son lot de tortures. Elle a vu son père assassiné car refusant de dire, où elle se trouvait. Loin de l’Akfadou, notamment à El Eulma (Sétif), elle n’a de cesse crapahuter dans les recoins isolés et villages éloignés pour venir soutenir des populations exsangues et blessées dans leurs chairs et dans leurs âmes. Yves courrière, André Audibert, Yamina Cherrad Bennaceur, et tant d’autres historiens de la guerre de libération, ont tous souligné la force de son engagement et son patriotisme poussé au paroxysme.

Née le 20 février 1935 à Paris, de père algérien et de mère française, Louisa el fermlia a grandi dans le village originaire de son père, à Tibane dans la région de Sidi-Aich, à 55 km à l’ouest de Bejaia, et entamé et fini ses études à Sétif, où elle décrocha son diplôme d’infirmière (1953). En 1956, elle rejoint le PC de la Wilaya III historique dans l’Akfadou où elle a eu le privilège d’assister au Congrès de la Soummam.

En 1957, elle a fait partie de l’équipe médicale, désignée par le colonel Amirouche pour rejoindre Tunis, mais la mission a échoué en cours de route. Elle a été arrêtée à Bordj Bou-Arredj, puis reconduite à Sidi-Aich où elle a été emprisonné.

Libérée en 1958, elle rejoint la région d’El-Eulma (Sétif), ou elle a poursuivi sa mission médicale auprès d’une population qui l’a franchement adoptée. D’aucuns l’appelaient par tendresse, Louisa l’fermlia moullat el bicyclette (Louisa l'infirmière propriétaire d'une bicyclette). Elle y resta jusqu’à l’indépendance, ayant été l’une des premières femmes algériennes à travailler au nouvel hôpital de la ville.

Son histoire reste entièrement à écrire. Et beaucoup, après avoir écouté les témoignages des présents aux festivités du 08 mars, ont espéré voir sa plume la faire rejaillir.