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Ressources en eau: un rapport mondial plaide en faveur des solutions fondées sur la nature

Publié par DKNews le 19-03-2018, 17h40 | 37
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Un rapport mondial, lancé lundi à Paris et à Brasilia, plaide en faveur des solutions fondées sur la nature pour améliorer l’approvisionnement et la qualité de l’eau et réduire l’impact des catastrophes naturelles.

C'est un véritable retour aux sources que préconise le Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau présenté conjointement par la Directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, le président de l’ONU-Eau, Gilbert Houngbo, au cours du 8e Forum mondial de l'eau à Brasilia.

Outre les barrages, les canaux d’irrigation et les usines de traitement des eaux, le rapport proposent d'autres outils dans la gestion de l’eau en se basant sur des procédés naturels où l’eau est envisagée non comme un élément isolé mais comme faisant partie intégrante d’un processus naturel complexe qui passe notamment par l’évaporation, les précipitations ou l’absorption de l’eau par les sols.

Les experts qui ont participé à la rédaction de ce rapport estiment que la couverture végétale, la présence de zones humides ou l’existence de forêts sont "autant d’éléments qui influent sur le cycle de l’eau et sur lesquels on peut agir pour améliorer la quantité et ainsi que la qualité d’eau disponible".

Ils citent à cet effet l’Etat du Rajasthan (Inde) qui avait connu en 1986 l’un des "plus graves" épisodes de sécheresse de son histoire, mais une ONG met en place, dans les années qui avaient suivi la catastrophe, avec l’aide des habitants, des structures de collecte de l’eau et s’emploie à régénérer une partie des sols et des forêts de la région.

Cette initiative avait donné un résultat édifiant, indiquent les experts, dont notamment la couverture forestière s’est accrue de plus de 30 %, le niveau des sources souterraines a augmenté de plusieurs mètres et la productivité des terres cultivables s’est améliorée.

"D’ici à 2050, environ cinq milliards d’êtres humains vivront dans des zones à accès pauvre en eau si nous ne faisons rien", a affirmé la DG de l'Unesco, soulignant que les solutions proposées par le rapport, dont la présentation a été faite su siège de l'Unesco à Paris, sont fondées sur la nature pour la mise en valeur de l’eau.

 

Le génie écologique

 

Le rapport met en valeur les infrastructures dites "vertes", par opposition aux infrastructures dites "grises", qui misent sur le génie écologique, en préservant le rôle joué par les écosystèmes, plutôt que sur le génie civil pour améliorer l’état de la ressource en eau.

Il indique que les applications dans le domaine de l'agriculture, secteur le "plus gourmand" en eau, peuvent permettre de diminuer la pression sur les terres, réduire la pollution, limiter l’érosion des sols ou les besoins en eau en développant par exemple des systèmes d’irrigation plus efficaces et plus économes.

"A l’échelle mondiale, on estime que la production agricole pourrait augmenter de près de 20 % grâce à des pratiques plus vertes en matière de gestion de l’eau", souligne le rapport qui cité une étude sur des projets de développement agricoles dans 57 pays à faible revenu. Cette étude montre qu’une utilisation "plus efficace" de l’eau, un moindre recours aux pesticides et une amélioration de la couverture végétale "peut améliorer le rendement agricole de 79 %".

Ces solutions vertes ne concernent pas uniquement la vie rurale, mais ont aussi toute leur place en ville, selon le rapport.

"Si les murs végétalisés ou les jardins sur les toits en sont les illustrations les plus visibles, elles passent aussi par des mesures de recyclage et de collecte de l’eau, la mise en place de bassins de rétention pour alimenter la recharge des nappes phréatiques ou par la protection des bassins hydrologiques qui alimentent les zones urbaines", explique le rapport.

Par ailleurs, les auteurs du rapport mettent en valeur le rôle clé des zones humides, qui ne couvrent qu’environ 2,6 % de la planète, mais jouent un rôle hydrologique de premier plan.

Pour eux, elles ont un impact "direct" sur la qualité de l’eau en agissant notamment comme des filtres pour retenir certaines substances toxiques liées aux pesticides, aux rejets industriels ou liés aux activités minières.

Les zones humides, ont-ils ajouté, agissent également comme des barrières et des éponges naturelles qui capturent les eaux de pluies, ce qui a pour effet de limiter l’érosion des sols et de limiter l’impact de certaines catastrophes naturelles comme les inondations.

 

Les besoins mondiaux en eau estimés à 6000 km3 par an d'ici à 2050

 

Les besoins mondiaux en eau sont estimés d'ici à 2050 entre 5500 et 6000 km3 par an, indique lundi un rapport mondial sur l'eau lancé simultanément à Paris et à Basilia.

Alors qu'ils ont été estimés en 2010 à environ 4 600 km3 par an, ils devraient augmenter de 20 % à 30 %, d’ici à 2050, précise le rapport, expliquant que l’augmentation de l’utilisation de l’eau au niveau mondial dépend, entre autres, de la croissance démographique, du développement économique et de l’évolution des modes de consommation.

De 2017 à 2050, la population mondiale, qui s’élève actuellement à 7,7 milliards, devrait atteindre entre 9,4 et 10,2 milliards, dont deux tiers vivraient en milieu urbain et plus de la moitié de cette croissance se produirait en Afrique (+1,3 milliard), suivie par l’Asie (+0,75 milliard).

Le rapport rappelle qu'au cours des cent dernières années, la consommation mondiale d’eau a été multipliée par six et continue de croître régulièrement à un taux d’environ 1 % par an.

"L’utilisation domestique de l’eau, qui représente environ 10 % de la consommation mondiale, devrait sensiblement augmenter de 2010 à 2050 dans presque toutes les régions du monde. On devrait s’attendre à des plus fortes augmentations des besoins domestiques en eau dans les sous-régions africaines et asiatiques où elles pourraient plus que tripler, tandis qu’en Amérique centrale et en Amérique du Sud elles pourraient plus que doubler", a-t-on soutenu, notant que ces taux pourraient être principalement attribués à l’augmentation anticipée des services d’approvisionnement en eau dans les agglomérations urbaines.

L’utilisation des eaux souterraines, principalement pour l’agriculture, à l’échelle mondiale s’élève à 800 km3 par an depuis 2010. L’Inde, les Etats-Unis, la Chine, l’Iran et le Pakistan (par ordre décroissant) représentent 67 % du prélèvement mondial d’eau, selon les données fournies par le rapport, indiquant que les besoins d’eau destinés à la production agricole et énergétique devraient augmenter respectivement d’environ 60 % et 80 % d’ici à 2025.

Pou les experts de l'Onu, un agrandissement des terres arables dans le cadre du maintien du statu quo sera "nécessaire" pour répondre à l’augmentation estimée de 60 % de la demande alimentaire.

Par ailleurs, l'on souligne que depuis 2010, 1,9 milliard de personnes (27 % de la population mondiale) vivent dans des zones en pénurie d’eau et 3,6 milliards de personnes (près de la moitié de la population mondiale) vivent déjà dans des zones potentiellement pauvres en eau au moins un mois par an.

Le prélèvement d’eau aux fins de l’irrigation a été identifié comme le principal moteur de l’épuisement des eaux souterraines dans le monde. Une forte augmentation des prélèvements des eaux souterraines de l’ordre de 1100 km3 par année est prévue d’ici à l’an 2050, ce qui correspondrait à une augmentation de 39 % par rapport aux niveaux actuels, a-t-on ajouté, soulignant qu'un tiers des plus grands systèmes d’eaux souterraines du monde sont déjà en détresse.

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