Musée du moudjahid de Batna : Le chahid Mustapha Benboulaïd, l’icône et le symbole

Publié par DKNews le 23-03-2018, 17h19 | 566

En dépit de sa création récente, remontant à 2005, le musée du moudjahid de Batna, a réservé un espace particulier pour le symbole de la Révolution, le martyr Mustapha Benboulaïd, avec une documentation photographique et sonore retraçant son parcours et son combat.

En plus des photographies consacrées à Benboulaïd, dont la commémoration du 62ème anniversaire de sa disparation est prévue jeudi dans la capitale des Aurès, en présence du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, le musée regorge de témoignages vivants des premiers moudjahidine qui ont côtoyé "Si Mustapha", vécu les préparatifs de la Révolution de novembre 1954 et assisté à la célèbre rencontre décisive de la dechra de "Ouled Moussa", marquant le début de la Révolution armée.

Parmi les 753 témoignages de moudjahidine et moudjahidate de la région, équivalant à 352 heures d’enregistrement, conservés dans le musée, figure le témoignage de son compagnon de jeunesse, le moudjahid Amar Belaggoune (toujours vivant), qui relate la lutte au sein du Parti du peuple algérien (PPA), la collecte des cotisations, mais aussi le jour où il a accompagné le chahid Benboulaïd dans la région de N’gaous pour vendre ses bus et acheter des armes avec l’argent engrangé.

Le témoignage du moudjahid Ahmed Kada, dernier bandit d’honneur des Aurès (toujours en vie), atteste, quant à lui, de l'intégrité, du patriotisme de Benboulaïd et du respect dont il jouissait dans la région, incitant les opposants à la loi française, sous l’impulsion du martyr Hocine Berrehail, à le rejoindre après avoir unifié les tribus de la région.

Ayant survécu à l'explosion du poste radio piégé, ciblant le martyr Mustapha Benboulaïd, le moudjahid Amar Benchaiba, dit Ali, a fait état pour sa part des détails de la réunion de la dechra de Ouled Moussa et la distribution des armes sur le premier régiment de la Guerre de libération.

Il a, en outre, relaté la rencontre décisive de Legrine, organisée dans le village de Legrine, dans la région de Boulefrayes (commune de Ouled Fadhel actuellement), au cours de laquelle les derniers arrangements relatifs au déclenchement de la Révolution, et à la reproduction de copies de la déclaration du 1 er novembre 1954 ont été apportées.

Autre témoignage retraçant le parcours militant du chahid Benboulaïd, celui du regretté Omar Mestiri, natif de la région de Kimel, transformée par Benboulaïd en base arrière pour préparer la Révolution libératrice, qui relate en détails son voyage avec Si Mustapha à la frontière tuniso-libyenne pour rapporter des armes, la première opération de la révolution et l'attaque contre la caserne militaire, au c£ur de la ville de Batna, dans la nuit du 1 er novembre 1954.

Vivant jusqu’à aujourd’hui dans la commune de T’kout, Mohamed Beziane, compagnon de cellule de Benboulaïd dans la prison du Coudiat à Constantine, garde encore en mémoire les moudjahidine qu’il a côtoyés durant la période de préparation de la Révolution, puis durant la lutte armée, il a consigné, avec force détails, l'évasion spectaculaire de Si Mustapha avec un groupe de moudjahidine de ladite prison.

--Les compagnons de Benboulaïd attestent de l’ingéniosité de l'homme...

Le directeur du musée du moudjahid de Batna a souligné, de son côté, que "tous les témoignages des premiers moudjahidine de la région que le musée a réussi à recueillir, attestent de l’ingéniosité de l’homme et révélé l’immense amour que portait Benboulaïd pour son pays et sa vision clairvoyante qui lui ont permis de préparer la Révolution sur des bases solides et de faire des Aurès une région de repli pour les membres l'organisation secrète, une fois découverts par le colonisateur".

Cette richesse muséale inclut également les préparatifs de la Révolution depuis les années 1940, notamment la collecte des armes, la nuit du départ des groupes de militants de la dechra de Ouled Moussa et de la maison de Belkouas à Khenguet Lahdada, les opérations menées par la suite et le rôle important qu’a joué Benboulaïd dans l'unification des rangs dès le début.

"Nous £uvrons à recueillir plus de témoignages vivant pour consigner cette période et tout ce qui y a trait, que ce soit des vêtements, des manuscrits, des notes et des documents ainsi que du matériel, des armes anciennes et des munitions utilisées par les moudjahidine", a déclaré le directeur du musée.

Par ailleurs, au sein musée du moudjahid de Batna, le visiteur peut découvrir de nombreuses photographies du martyr Mustapha Benboulaïd en compagnie de certains membres de sa famille avant le déclenchement de la Révolution de libération et d’autres prises au cours de la Révolution, en sus de livres, des articles et des copies de coupures de journaux, datant de la période coloniale, retraçant son parcours.

Dans la grande salle centrale du musée, sont exposées 46 piles moyennes de poste radio, retrouvées à la fin du mois d’octobre 2011, lors de la restauration de la maison du martyr Mustapha Benboulaïd à Arris, transformée en musée, dans une cave secrète située en dessous de la maison, et dont les membres de la famille ignoraient l’existence.

La connexion des fils de ces piles entre eux, utilisés dans la fabrication de bombes, suscite souvent la curiosité des visiteurs, en majorité des jeunes fascinés par "cette personnalité unique", ajoute le directeur du musée qui a enregistré 4100 visiteurs en 2017, venus pour connaitre un pan important de la Révolution victorieuse.