Conférence animée samedi par Abdelkader Chekroun, spécialiste en philatélie : Le timbre, témoin de la colonisation française en Algérie

Publié par DKNews le 15-04-2018, 15h16 | 204

«La colonisation française en Algérie à travers le timbre postal de 1924 à 1958» a été au centre d’une conférence animée samedi par Abdelkader Chekroun, spécialiste en philatélie, à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou dans le cadre des festivités commémoratives du 38ème anniversaire du printemps amazigh. 

Placé sous le thème générique «Quand le timbre algérien est porteur de l’identité et du patrimoine culturel nationaux», cette conférence a été l’occasion pour M. Chekroun de démontrer le rôle et l’importance du timbre dans l’entreprise coloniale. «Le colonialisme français a essayé, à travers les timbres, de falsifier l’identité nationale, s’accaparer du patrimoine algérien déjà existant et l’attribuer à la civilisation française», a relevé le conférencier qui a développé, au cours de son intervention, les différentes étapes de la saga du timbre français en Algérie.

Le timbre poste est apparue en France en 1948, quelques années après son apparition en Grande-Bretagne, mais le premier timbre émis en Algérie date de 1924. « Ils étaient destinés à la poste algérienne et portaient la mention République française» a-t-il indiqué.

«Les premiers timbres émis durant cette première période 1924-1925 portaient également la mention +Algérie+ ou poste algérienne» a relevé M. Chekroun, avant de souligner «l’évolution de la valeur faciale des timbres émis en fonction des évènements». En 1926, les timbres émis portaient sur des paysages de la ville d’Alger, dont la Casbah et la mosquée de sidi Abderrahmane.

L’année 1930 qui marquait la célébration du centenaire de la colonisation, a été marquée par l’émission, par les autorités coloniales, de 13 timbres dont 10 portant sur le patrimoine algérien ancien, à l’instar des ruines de Djemila, la gare d’Oran et des paysages de la ville d’Alger.

Les années 1937 et 1938 qui marquèrent les centenaires de la prise de, respectivement, Constantine et de Skikda, ont vu l’émission de 27 timbres dédiés à ces évènements. «Pour la ville de Skikda, un timbre portant image du port de Skikda, pourtant construit par les romains, a été émis», a souligné le conférencier.

En 1939, « les autorités françaises se sont tournées vers le Sahara en émettant des timbres portant des images sur l'Oued Mizab et d’autres régions du grand Sud du pays, mais aussi en lançant une campagne d’évangélisation qui s’est appliquée à exploiter les conditions sociales difficiles des habitants de ces régions», a soutenu M. Chekroun.

La période allant de 1941 à 1944, marqué par le contexte de guerre mondiale, des timbres portant l’effigie du maréchal Pétain et le signe de la victoire « V», ainsi que, à partir de 1943, des timbres de « Marianne», marquant le début de la victoire des français et de leurs alliés sur les allemands.
En 1946 est apparue l’aérophilatélie les autorités françaises ont alors émis 6 timbres.

A partir de 1947 et jusqu’à 1958, période marquée par l’évolution de la prise de conscience politique et nationale chez les algériens, la France a commencé à mettre en circulation des timbres fiscaux visant à alourdir les charges sur les Algériens.

En 1955, quelques mois après le début de la guerre de libération, les autorités françaises «tentèrent une falsification de l’histoire, en émettant un timbre sur la coexistence entre Algériens et Français, victimes, selon elles, de la terreur du FLN», a indiqué le conférencier.

Le timbre montre deux femmes, l’une musulmane et l’autre française, avec leurs enfants, tout souriant. En juillet 1958, un arrêté du gouvernement français a supprimé la mention « Algérie» des timbres émis par les autorités coloniales, et ce, jusqu’à l’indépendance du pays en 1962.