France : Un collectif qualifie le Manifeste contre le «nouvel antisémitisme» d'appel à la haine et à une guerre civile

Publié par DKNews le 04-05-2018, 16h34 | 41

Un collectif d'universitaires et de chercheurs français ont qualifié jeudi dans une tribune le Manifeste contre le «nouvel antisémitisme» d'appel à la haine et à une guerre civile larvée en France «qui ne dit pas son nom».

Le Manifeste, signé par 300 personnes, dont l'ancien président Nicolas Sarkozy, l'ancien Premier ministre Manuel Valls, l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, le chanteur Charles Aznavour, le comédien Gérard Depardieu, et les philosophes Bernard-Henri Lévy et Alain Finkielkraut, cible directement l'islam et les musulmans les rendant coupables d'un «nouvel antisémitisme» qui vise une «épuration ethnique» des juifs en France.

Il fait état également d'une «obsolescence» de versets du Saint-Coran, demandant de les supprimer.
Publiée par Le Monde, la tribune a été signée entre autres par Etienne Balibar, professeur émérite (université de Paris-Nanterre), Annie Benveniste, anthropologue (université Paris-VIII), Annie Cyngiser, sociologue, Sonia Dayan-Herzbrun, professeure (université Paris-Diderot).

«Nous souhaitons, par ce texte collectif, contribuer aux vigoureuses protestations qui viennent de s’élever devant la publication par Le Parisien (du 21 avril) d’un +manifeste+ signé par quelques centaines de personnes du monde politique, artistique et intellectuel et qui, de fait, constitue un appel à la haine et à une guerre civile larvée qui ne dit pas son nom», ont-ils affirmé.

Pour eux, prétendant dénoncer un «nouvel antisémitisme», ce «manifeste» impute au seul «islam radical» les agressions commises à l’égard de citoyens français juifs, «sans référence aucune à l’antisémitisme d’extrême droite qui monte dans toute l’Europe (pays de l’Est, Allemagne, Autriche) et dont on ne peut ignorer tout autant la présence en France».

Ils ont estimé qu'au mépris total des faits et de l’histoire de France, avec une manipulation «douteuse» des chiffres en matière d’agressions, ce manifeste «ne peut qu’exacerber les tensions sociales dans le pays» en prenant en otages les juifs qui «se sentent constamment soumis au chantage d’un péril antisémite, hélas, aujourd’hui réel, dès qu’ils se démarquent de la politique d’un Etat qui n’est pas le leur».

En ce qui concerne la revendication des signataires du manifeste de réviser les textes sacrés, le collectif a souligné les textes sacrés «restent sacrés».

«S’appuyer sur les prêches et interprétations du Coran des imams salafistes pour demander que +des versets du Coran soient frappés d’obsolescence+, c’est attribuer à l’ensemble des croyants multiformes musulmans une attitude haineuse envers les juifs», a considéré le collectif.

Par ailleurs, les signataires de l'appel jugent que le manifeste entretient un amalgame entre antisionisme et antisémitisme, qui «assimile la contestation de la politique coloniale et raciale d’Israël à l’égard des Palestiniens ( ) à ladite +volonté de destruction des juifs+ par des mouvements extrémistes au Proche-Orient».

«Tant de confusions et d’amalgames font donc de ce +manifeste+, à l’opposé du souhait annoncé de bon nombre de ses signataires, une véritable incitation à la haine raciste et même antisémite», conclut le collectif.