Le danger de l’utilisation anarchique d’antibiotiques dans les élevages sur la santé humaine souligné

Publié par DKNews le 23-06-2018, 16h08 | 43

Le danger sur la santé humaine de l’utilisation anarchique d’antibiotiques dans les élevages a été largement évoqué vendredi à Tizi-Ouzou, par des participants au 2e Salon Vétérinaires  et Productions animales et Aquaculture (VETOPAQ).

Lors de cette rencontre abritée par le centre de loisirs scientifiques, les spécialistes en santé animale, les docteurs Saliha Bounar et Soraya Mohamedi, ont observé que "la consommation de produits d’origine animale (lait et dérivés, oeufs et viandes) contaminés par des résidus d’antibiotiques est à l’origine du développement d’une résistance aux antibiotiques chez l’homme induisant l’inefficacité des traitements contre certaines maladies".

Le Dr Bounar, qui a présenté une communication sur le "réseau algérien de surveillance de la résistance des bactéries aux antibiotiques et médecine vétérinaire", a indiqué qu’il a été constaté une utilisation anarchique d’antibiotiques qui sont en vente libre pour les éleveurs, une imprécision des diagnostics posés, le non-respect des protocoles thérapeutiques, l’administration irréfléchie d’anti-stress et le non-respect des délais d’attente après l’administration d’un antibiotique.

Ces comportements sont à l’origine de contamination des produits d'origine animale par des résidus de médicaments. Ces résidus, a-t-elle ajouté, peuvent causer des accidents allergiques pouvant être graves, des intoxications alimentaires (salmonelles résistant aux antibiotiques) et une antibio-résistance chez l’homme.

Abordant un cas concret de contamination aux résidus d’antibiotiques, le Dr Mohamedi a présenté les résultats d’une étude réalisée en 2016 et qui a porté sur la détection de résidus de deux antibiotiques car largement utilisés dans le domaine vétérinaire à savoir les Béta-lactamines et la  tétracycline dans le lait de vache produit dans la région de l’Est algérien.

Ce travail réalisé en 2016 sur une période de six mois et dont les premières conclusions ont été dévoilées au premier salon VETOPAQ (2016 à Tizi-Ouzou), a concerné une laiterie de la wilaya d’Annaba qui reçoit le lait frais des wilayas de Guelma, Souk Ahras, Skikda, El Tarf, Tébessa et  Annaba, régions vers lesquelles ce produit est ensuite redistribué.

Elle a révélé que 85% du lait était contaminé. Cette situation "alarmante" est due au non-respect des délais d’attente et des doses prescrites ainsi qu'à l’utilisation de médicaments par un personnel non-qualifié. 

Par ailleurs, "78% des éleveurs qui fournissaient cette laiterie ne disposaient pas de cuves de réfrigération et conservaient donc leur lait dans des frigos en y ajoutant intentionnellement des antibiotiques pour que l’acidité du produit ne soit pas trop élevée et le lait accepté par la laiterie", a indiqué le Dr Mohamedi.

Cette conférencière a indiqué que cette situation a fait réagir les autorités centrales qui ont procédé à une modification de la réglementation concernant la filière lait en incluant dans les mesures incitatives à la production du lait cru, une prime sanitaire qui est versée à l’éleveur ayant présenté un produit indemne de résidus, a-t-elle relevé, soulignant que cette mesure et la dotation des éleveurs de kits de détection (tests rapides en bandelettes) ont permis d’observer "une nette baisse des taux  des résidus qui sont devenus insignifiants".