L'organisateur principal d'une traversée illégale depuis la Tunisie pour rejoindre l'Europe, arrêté jeudi dernier, a avoué avoir organisé cette traversée de la mort lors de laquelle 87 migrants, en majorité des Tunisiens, sont morts noyés dans le naufrage de leur embarcation le 2 juin au large des îles de Kerkennah (gouvernorat de Sfax), a annoncé samedi le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Le suspect qui a été arrêté jeudi alors qu'il tentait de quitter l'île de Kerkennah caché dans le coffre d'une voiture, a également avoué avoir perçu 20 mille dinars en contrepartie de ses services.
Le mis en cause, 32 ans, a versé cet argent dans le compte bancaire de son épouse, en plus de 10 mille dinars provenant des recettes d’autres traversées clandestines, selon le communiqué.
Il a reconnu les faits et affirmé avoir retiré l’argent de la banque à la suite du drame maritime pour le cacher à la maison.
Le suspect fait l’objet de quatre avis de recherche pour entente en vue du franchissement illégal des frontières maritimes et fait également l’objet d’un mandat de dépôt dans la présente affaire.
Consulté à ce sujet, le ministère public a ordonné de placer le suspect et son épouse en garde à vue et de prendre toutes les mesures judiciaires à leur encontre.
Selon un nouveau bilan du ministère de l'Intérieur, 87 corps ont été repêchés au large de Sfax par la marine tunisienne: 66 Tunisiens, 20 Subsahariens et un Libyen. Au moins 200 migrants irréguliers étaient à bord de l'embarcation sinistrée dont 68 personnes ont été secourues après le sinistre, l'un des pires drames de la migration depuis le début de l'année.
Trois jours après le naufrage, dix responsables de la sûreté nationale et de la garde nationale (gendarmerie) à Sfax et à Kerkennah ont été limogés à la suite d'une décision du ministre de l'Intérieur Lotfi Brahem, lui-même limogé par la suite.
Depuis le début de l'année, près de 6.000 migrants tentant la traversée de la Méditerranée ont été recensés en Tunisie, dont 2.064 depuis Kerkennah, avait indiqué l'ancien porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khlifa Chibani.
Selon lui, Kerkennah est devenue une base de départ vers l'Europe. A l'automne, l'archipel avait déjà été le théâtre d'un drame: 46 migrants étaient morts noyés dans la collision de leur embarcation avec un navire militaire.