Elle repasse le bac trois décennies après avoir quitté les bancs de l’école

Publié par DKNews le 24-06-2018, 16h40 | 53

Chérifa Lehchili, native de la ville de Mila, a pour ultime rêve de décrocher le baccalauréat qu’elle repasse cette année pour la 4ème fois après avoir quitté les bancs de l’école en 1985, soit après plus de trois décennies.

‘‘Tant que je respire, je tenterai de le décrocher", affirme résolument cette quinquagénaire mère de quatre enfants dont l’aîné a 28 ans et le cadet 15 ans, qui a renoué depuis 2015 avec les manuels scolaires pour concrétiser son rêve.

Ni son âge, ni ses responsabilités familiales et professionnelles ne semblent aujourd’hui prêtes à entamer la détermination de cette dame à décrocher cet examen scolaire.

Femme au foyer depuis 30 ans, pleinement consacrés au soutien de son mari et à l’éducation de ses enfants, cela constitue une "longue période’’ qui, toutefois, soutient Mme Chérifa, "n’a pas pour autant réussi à enterrer mon profond rêve’’ d’obtenir le précieux baccalauréat.

En 2015, cette dame remet en tête de ses priorités son vieux rêve, suit des cours de soutien et révise en s’efforçant de dégager du temps dans son calendrier déjà chargé de femme active, dirigeant un atelier de couture, et de mère de famille.

En dépit de trois échecs successifs, entre 2015 et 2017, Mme Lehcheli persiste et recommence, cette année encore, son "aventure" au centre d’examens des frères Belaârima de la ville de Mila, considérant que les nouveaux programmes scolaires sont plus aisés que ceux des années 1980.

Pour elle, cette année est plutôt spéciale puisqu’elle repasse le bac en même temps que sa fille, inscrite dans la filière gestion et économie.

A la maison, les préparatifs des épreuves du bac étaient intenses, autant que les espoirs d’une double joie, confie cette dame, qui raconte que chaque matin, elle et sa fille prennent ensemble le chemin du centre d’examen en s’encourageant l’une l’autre, ajoutant avoir trouvé l’épreuve d’anglais assez facile.

De prime abord, Mme Lehcheli, partagée entre ses tâches domestiques et les demandes incessantes de ses clientes, semble sereine mais dès l’engagement de la discussion autour du bac, elle laisse s’échapper la ferveur de sa profonde obstination à relever le défi et assouvir son " très profond désir" de devenir bachelière.

Les critiques de ceux qui désapprouvent ce retour aux études après tant d’années, cette dame déterminée préfère les ignorer et se concentrer sur son objectif au travers duquel elle assure ne chercher ni poste, ni emploi puisque Mme Chérifa comptabilise déjà plusieurs diplômes en informatique, comptabilité et administration qui lui avaient permis d’exercer dans plusieurs établissements scolaires en tant que contractuelle.

"Ma vie professionnelle est riche et je suis satisfaite de mon travail dans mon atelier de couture", soutient cette candidate atypique au bac qui assure nourrir une soif inassouvie pour "le savoir et la culture" comme en témoigne sa petite bibliothèque à domicile.

"Si j’obtiens le bac, rien ne m’empêchera de rejoindre l’université", assure cette dame encouragée dans sa démarche par son mari et ses enfants, affirmant qu’elle n’aura aucun complexe à fréquenter les amphithéâtres de l’université avec des étudiants et des étudiantes de l’âge de ses enfants, précisant que l’information et la communication ainsi que l’archéologie sont les deux filières qu’elle souhaiterait étudier en université.

En dépit du trac qu’elle confie éprouver à chaque fois qu’elle entre en classe, Mme Chérifa conseille aux autres candidats d’avoir confiance en soi, assurant que "nul droit ne se perd tant qu’il y aura quelqu’un qui le réclame".