Résolution du conflit entre l'Ethiopie et l'Erythrée: engagement pour la mise en oeuvre des Accords d'Alger

Publié par DKNEWS le 09-07-2018, 16h43 | 46

L'Erythrée et l'Ethiopie ont signé lundi à Asmara une déclaration conjointe formalisant leur rapprochement et stipulant que les deux pays ne sont plus en guerre, à l'issue d'une rencontre entre les dirigeants des deux pays, s'engageant à mettre en oeuvre les accords d'Alger signés en 2000.

Au lendemain d'une rencontre historique entre le président érythréen Issaias Afeworki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, les deux dirigeants ont signé lundi une "déclaration conjointe de paix et d'amitié", a indiqué le ministre érythréen de l'Information Yemane Gebremeskel.

Ce texte déclare notamment que "l'état de guerre qui existait entre les deux pays est arrivé à sa fin. Une nouvelle ère de paix et d'amitié s'ouvre". 

Le même document précise que les deux pays oeuvreront à promouvoir une étroite coopération, dans les secteurs de la politique, de l'économie, du social, de la culture et de la sécurité.

Il vient confirmer ainsi les annonces faites dimanche, à savoir la reprise du commerce, des transports et des télécommunications entre les deux pays, le rétablissement des liens diplomatiques et la mise en oeuvre de l'accord d'Alger sur le respect de la frontière.

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"Après la discussion, nous avons accepté de rouvrir nos ambassades", a déclaré le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, selon les chaînes de télévision publiques des deux pays, après ce sommet sans précédent depuis 20 ans.

 

-Accord d'Alger, ultime recours pour mettre fin au conflit-

 

Depuis l'arrivée au pouvoir à Addis-Abeba en avril, de M. Abiy, 42 ans, qui a ouvert la voie au dégel des relations. Le nouveau dirigeant a amorcé un train de réformes avec comme summum à ces bouleversements l'annonce début juin de son intention d'appliquer l'accord de paix d'Alger signé en 2000 avec l'Erythrée et les conclusions de la commission internationale sur la démarcation de la frontière.

De 1998 à 2000, une guerre entre les deux pays a fait 80 000 morts, en raison de désaccords sur la frontière. Depuis, Asmara et Addis-Abeba n'avaient pas de relations diplomatiques.

La frontière commune reste fortement militarisée et son tracé est toujours contesté autour de la ville de Badmé. En 2002, la Cour permanente d'arbitrage de La Haye a attribué Badmé à l'Erythrée, mais Addis-Abeba a ignoré ce jugement et la ville est restée sous administration éthiopienne.

Abiy Ahmed, qui a pris ses fonctions en avril, a déclaré en juin, à la surprise générale, qu'il était prêt à respecter ce jugement international.

Un importante délégation érythréenne a été accueillie juin dernier en Ethiopie, et ce pour la première fois depuis 1998.

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Bien accueillie par les autorités éthiopiennes, cette initiative a débouché sur la visite à Asmara de M. Abiy.

En répondant à la main tendue de M. Abiy, le président Issaias a tranché en faveur de la décision de M. Abiy de tourner la page du conflit en respectant l'accord de paix d'Alger, ce qui a été saluée par la communauté internationale.

Les accords d'Alger sont un traité de paix, sous la direction de l'ONU, visant à mettre un terme officiel à la guerre entre l'Erythrée et l'Ethiopie qui s'est déroulée entre 1998 et 2000. Ils avaient été signés le 12 décembre 2000 à Alger entre le gouvernement de l'Erythrée et celui de l'Ethiopie. Ils font suite au cessez-le-feu du 18 juin 2000. 

L'accord incluait l'échange des prisonniers de guerre et le respect des accords de cessez-le-feu, notamment la création d'une ligne de démarcation de 25 km de large et l'envoi de casques bleus.

                                                                                                           

Le texte avait décidé également de la création par la suite d'une commission pour discuter des territoires disputés dans le cadre de la guerre entre l'Erythrée et l'Ethiopie, ainsi qu'une commission sur les causes et les crimes perpétrés durant la guerre.

Le 13 avril 2002, une Commission frontalière Erythrée-Ethiopie est créée conformément aux accords d'Alger en collaboration avec la Cour d'arbitrage international de La Haye. La décision de la Cour accorde des territoires à chaque partie, et Badme (où avait éclaté le conflit) est attribuée à l'Erythrée. 

Le 21 décembre 2005, une commission de la Cour d'arbitrage international de La Haye conclut que l'Erythrée avait violé les lois internationales lorsqu'elle a attaqué l'Ethiopie en 1998, déclenchant ainsi un conflit plus large.