Actualité

La reconnaissance de la torture, un changement "radical" dans la position officielle de la France

Publié par DK News le 14-09-2018, 16h51 | 31
|

La reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans la torture est un changement "radical" dans la position officielle de la France, a estimé l'historienne Raphaëlle Branche auteure de "La Torture et l'armée pendant la guerre d'Algérie" (2001).

"Cette reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans la torture, la mort puis la disparition du corps d’un homme désarmé, arrêté parce qu’il était soupçonné d’appartenir à un mouvement clandestin opposé au maintien de l’Algérie française, marque un changement radical dans la position officielle de la France", a-t-elle expliqué dans une interview au Monde, soulignant qu'il ne sera "plus possible de nier le caractère systématique de la torture en Algérie".

Pour Raphaëlle Branche, professeure d’histoire contemporaine à l’université de Rouen, le président Emmanuel Macron, "en se démarquant des propos de ses prédécesseurs qui n’avaient reconnu que des actes minoritaires et déviants", reconnaît que la torture fut "un élément indispensable du dispositif répressif que l’armée française mit en place dès le début de la guerre".

"Il ne sera plus possible désormais de nier son caractère systématique: elle appartenait à l’arsenal disponible pour les militaires chargés de mener une guerre aux formes inédites, dans une population qu’ils connaissaient mal", a-t-elle ajouté, soulignant qu'au-delà des personnes arrêtées et soumises à ces violences, "la cible essentielle de la torture était la population civile".

Elle considère que Maurice Audin "pouvait être le symbole des victimes de la torture pendant la guerre d’Algérie, dont toutes ces caractéristiques le distinguaient, c’est parce que cette violence avait été ordonnée et accomplie dans le cadre d’une lutte beaucoup plus large, à laquelle toutes les victimes appartenaient", soulignant qu'en reconnaissant la vérité sur la mort de Maurice Audin, le président Macron "reconnaît la vérité sur le système répressif mis en place à l’époque et a continué sous la Ve République".

Réfutant l'existence d'une "guerre de mémoire" entre la France et l'Algérie, l'historienne a estimé qu'"il y avait un mensonge, et ce mensonge-là a disparu".

"Les Algériens n’ignorent rien de la réalité du caractère massif de la torture pendant la guerre d’indépendance, des exécutions sommaires, des tortures et des autres violences illégales accomplies par les forces de l’ordre françaises. Cette déclaration ne leur apprendra rien. En revanche, elle leur dira qu’en France aussi les discours officiels sur le passé peuvent changer", a-t-elle fait remarquer, considérant que cette reconnaissance était "attendue par beaucoup".

Plaidant pour le partage d’une exigence de vérité entre les deux pays, Raphaëlle Branche a indiqué qu'en reconnaissant que des crimes ont été accomplis par des militaires français pendant la guerre, "Emmanuel Macron ne peut oublier l’histoire coloniale plus que centenaire".

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.