Remaniement ministériel en Tunisie : Séance du Parlement aujourd’hui pour un vote de confiance

Publié par Dk News le 11-11-2018, 16h35 | 12

L'Assemblée des Représentants du peuple en Tunisie (ARP, Parlement) tiendra lundi une séance plénière consacrée au vote de confiance aux nouveaux membres du gouvernement annoncé dans le cadre du remaniement ministériel proposé par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, suscitant une vague de réactions au sein de la classe politique, notamment du du Côté de la présidence de la République Béji Caïd Essebsi.

Le bureau de l’ARP réuni jeudi au Palais du Bardo, a décidé de tenir une plénière lundi pour le vote de confiance, après que M. Chahed, ait procédé à un remaniement ministériel touchant treize ministères et cinq secrétariats d'Etat.

L’annonce, en début de semaine, du remaniement ministériel a suscité une vague de réactions au sein de la classe politique, à commencer par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, qui a fait savoir qu’il n’approuvait pas le remaniement ministériel, le qualifiant de « précipité».

Le président Essebsi, s'est dit également consterné par la démarche entreprise, car, selon lui lui, n'a pas respecté les questions procédurales.

Selon l’article 92 de la Constitution tunisienne, le président de la République doit être informé de tout remaniement ministériel.

«J'ai demandé au chef du gouvernement de reporter la discussion sur ce remaniement après son retour de Mauritanie (le 6 novembre), mais Chahed a préféré annoncer la composition de ce nouveau gouvernement le jour même» (lundi 5 novembre), a ajouté le président.

«Je désapprouve la démarche de Youssef Chahed dans la mesure où je ne connais pas la plupart des ministres proposés «, a-t-il poursuivi.

En outre, le chef de l'Etat a affirmé n'avoir adressé aucune correspondance au parlement sur le remaniement ministériel proposé, précisant que la présidence la République avait transféré, au parlement, la correspondance de la présidence du gouvernement à la demande de l’ARP.

C’est la troisième fois que le chef du gouvernement sollicite la confiance des députés pour obtenir la confiance, après un premier remaniement opéré le 6 septembre 2017. Youssef Chahed a été nommé chef du gouvernement début août 2016.

Le 26 aout 2016, il a obtenu la confiance du parlement avec 168 députés pour, 22 contre et 5 abstentions.

Avis controversés au sein de la classe politique

En parallèle, des partis politiques ont contesté le remaniement ministériel. Ainsi, le président du Parti tunisien «Bani Watani», Saïd Aïdi a estimé samedi que la démarche adoptée par le chef du gouvernement Youssef Chahed, lors du récent remaniement ministériel est contraire à l’esprit de la Constitution et à l’éthique politique».

Le dirigeant de Nidaa Tounes, Ridha Belhadj, a affirmé qu'il a été effectué dans des conditions particulières et n'a jamais été le résultat de concertation avec les partis, et particulièrement avec Nidaa Tounes, vainqueur des élections de 2014. M. Belhadj a précisé que le chef du gouvernement Chahed n'a pas informé le président Essebsi du remaniement en question, estimant qu'il a outrepassé ses prérogatives.

Pour le dirigeant du Front populaire (FP), Zouheir Hamdi, le remaniement ministériel va créer une «nouvelle crise politique», après son rejet par le président de la République, indiquant que ce remaniement ne peut constituer une solution à la crise que traverse le pays.

Crise qu'il qualifie de «complexe» et qui «ne se limite pas à une crise du pouvoir ou de programmes» . Le Secrétaire général du parti al-Joumhouri, Issam Chebbi, a observé que le «remaniement ministériel annoncé a mis fin au gouvernement d'union nationale».

Dans ses concertations, a-t-il relevé, Chahed s'est contenté d'inclure les partis politiques ayant manifesté la volonté de rejoindre la nouvelle composition du gouvernement, regrettant que le reste de la famille politique et même le président n'ont pas été consultés.

Pour sa part, le Secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Tabboubi, a qualifié la nouvelle composition du gouvernement de «coalition partisane», indiquant dans une déclaration que la centrale syndicale n'a pas participé au choix des nouveaux membres du gouvernement. L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) est composée principalement par le Mouvement Ennahdha avec 68 députés, qui détient une faible majorité suivi du Mouvement Nidaa Tounes (51 députés), et de la Coalition nationale (40 députés).

Le restant des sièges parlementaires sont partagés entre le Front populaire (15 députés), Al-Horra du Mouvement Machrou Tounes (14 députés), démocrate (12 députés), l’Allégeance à la patrie (11 députés),et en dernier hors groupes avec 6 députés.