Santé: Une enquête internationale dénonce les lacunes du contrôle des implants médicaux

Publié par Dk News le 26-11-2018, 16h23 | 5

Une enquête internationale réalisée par 59  médias, publiée dimanche, dénonce les lacunes du contrôle des implants  médicaux (pacemaker, prothèse de hanche...) en Europe, notamment en France,  en évoquant des incidents de plus en plus nombreux, difficiles à quantifier  et à identifier.

Cette enquête baptisée «Implant Files» a été menée par plus de 250  journalistes dans 36 pays, dans le cadre du Consortium international des  journalistes d'investigation (ICIJ), dont ceux du Monde, de Radio France et  de Premières Lignes (producteur de l'émission «Cash Investigation») en  France. 
Au terme de leurs recherches, ils affirment le nombre d'incidents liés aux  «dispositifs médicaux» (pompes à insuline, pacemakers, prothèses mammaires,  de hanche, d'épaule ou de genou) augmente partout dans le monde.

Aux Etats-Unis, qui disposent d'un recueil de déclarations via une base de  données, ces incidents auraient causé 82.000 morts et 1,7 million de  blessés en dix ans, et auraient été multipliés par cinq, selon les  estimations de l'ICIJ.

En France, selon les chiffres de l'Agence nationale de sécurité du  médicament (ANSM), qui tient un répertoire des signalements de  matériovigilance, le nombre d'incidents lié à ces implants aurait doublé en  dix ans, avec plus de 18.000 cas en 2017 et environ 158.000 incidents en  dix ans, selon Le Monde. En Belgique, quelque 3.800 «incidents» ont été recensés depuis 2013, mais  ce décompte serait «largement sous-estimés», selon Le Soir.

Les données resteraient globalement très incomplètes et souvent  confidentielles, selon l'enquête, rendant impossible de dénombrer avec  précision les incidents et de connaître la marque et le modèle des implants  posés, et donc de retrouver les patients en cas de problème.

En France, «le nombre global» de dispositifs commercialisés n'est ainsi  «pas approchable», reconnaît Jean-Claude Ghislain, directeur pour les  situations d'urgence, les affaires scientifiques et la stratégie européenne  à l'Agence du médicament ANSM, cité par Le Monde.

En France, où les professionnels de santé doivent déclarer ces incidents  aux autorités, cette obligation serait peu respectée, alors qu'un nouveau  règlement européen de 2017 se contente de demander aux Etats membres de  l'UE d'«encourager» les médecins à les déclarer, regrette les auteurs.

L'enquête déplore également des échanges peu transparents entre autorités  de santé concernant ces incidents graves, alors qu'une base de données  européenne, Eudamed, doit être mise en ligne en 2020, mais que les Etats  membres sont en désaccord sur le degré d'informations à donner.