Sahara Occidental - France : Le retrait de l'œuvre «Necessita dei Volti» du centre Pompidou, une atteinte «grave» à la liberté de création

Publié par Dk News le 28-11-2018, 17h02 | 14

Le retrait de l'œuvre collective «Necessita dei  Volti» (l'urgence des visages) du centre Georges-Pompidou, suite à une  pression marocaine, est une atteinte «grave» à la liberté de création, a affirmé la députée française Marie-George Buffet.

«En dehors des considérations politiques sur la situation au Sahara  occidental, le simple fait qu'un Etat étranger par un intermédiaire ou un  autre exerce des pressions sur un musée public pour faire retirer une œuvre  d'art est une atteinte grave à la liberté? de création et de  programmation», a souligné cette députée de la Gauche démocrate et  républicaine dans une question écrite au ministre de la Culture, Franck  Riester.

Pour elle, «il n'est pas acceptable qu'une œuvre, en raison de  considérations politiques, soit retirée d'un musée public».

L'œuvre en question est une œuvre collective d'artistes internationaux  offrant un regard photographique sur la situation au Sahara occidental,  retirée précipitamment du Centre Georges-Pompidou le 3 novembre 2018, alors  que c'est le centre lui-même qui avait invité les auteurs, dont l'Américain  Jean Lamore, pour venir l'exposer.

L'ouvrage, un ensemble de photographies diverses, montre la situation  politique et humanitaire particulièrement préoccupante au Sahara  occidental. Après des protestations marocaines, la direction du centre a retiré le 3  novembre dernier l'œuvre sans pour autant la retirer, jusqu'à aujourd'hui,  de son site Internet.

La députée Marie-George Buffet demande au ministre si ses services  disposent d'éléments complémentaires sur les raisons de ce retrait et, le  cas échéant, d'agir afin que l'œuvre puisse réintégrer la présentation  permanente du Centre Georges-Pompidou.

Un des auteurs de l'ouvrage, Jean Lamore, a dénoncé dans un entretien à  l'APS l'ingérence marocaine sur le centre ayant abouti à la suspension de  la présentation de l'ouvrage, une décision qu'il a qualifiée  «d'inacceptable».

«C'est lamentable qu'au 21e siècle, en France, des œuvres d'art sont  censurées et retirées d'une présentation sur la base d'une pression d'un  Etat étranger. C'est inacceptable», s'était-il indigné, qualifiant cette  décision, à laquelle il n'a pas été mis au courant, de «censure  inacceptable». «C'est une censure inacceptable. La manière unilatérale dont elle s'est  faite, on envoie des ordres (du Maroc) et Paris se plie. 

Tout ceci me  laisse croire que nous ne sommes pas au 21e siècle. On revient au 19e et au  18e siècles», avait-il expliqué.