Les lycéens rejoignent les "gilets jaunes", le gouvernement n'apporte pas de réponses

Publié par Dk News le 03-12-2018, 16h34 | 15

La contestation populaire en France a connu lundi un autre développement avec l'entrée en lice de lycéens qui ont manifesté dans plusieurs villes, au moment où le gouvernement tente d'apporter des réponses à cette grogne populaire.

Une grande consultation politique a été lancée lundi par le Premier ministre Edouard Philippe pour tenter d'abord, et ce qu'il semble urgent, d'apaiser cette grogne qui semble s'amplifier par le maintien du cap du mouvement des "gilets jaunes", toujours en action, qui a été rejoint par des manifestations de lycées dans des régions de France.

Le Premier ministre, qui a annulé son déplacement en Pologne dans le cadre du sommet de la COP24, a réuni à Paris les partis politiques pour les écouter et échanger avec eux les solutions à cette crise qui est loin de s'estomper si les revendications des manifestants ne sont pas satisfaites.

Cette rencontre intervient au lendemain de la réunion tenue par le président Emmanuel Macron avec le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, et des responsables de la sécurité.

Elle prélude également la tenue d'une autre rencontre mardi avec une délégation des "gilets jaunes".

L'on s'attend à des mesures prises au courant de cette semaine par le gouvernement afin de tenter d'apaiser la contestation populaire, un mouvement soutenu par les deux tiers des Français.

Les revendications essentielles des "gilets jaunes", qui n'appartiennent pas à des syndicats ou des partis politiques, sont la baisse des prix du carburant, jugés surtaxés, et l'amélioration du pouvoir d'achat des Français qui, selon eux, ne cesse de se dégrader, même si les chiffres de l'Institut national de la statistique et des études économiques avancent le contraire.

Au-delà de l'aspect sécuritaire, un point essentiel de la rencontre de lundi, afin d'éviter les actes de violences dans les manifestations, tous les regards sont dirigés vers l'établissement de l'état d'urgence ou pas et sur l'augmentation de salaire minimum (actuellement 1200 euros) comme mesure palliative qui n'oblige pas le gouvernement de faire marche arrière, notamment pour ses réformes, avant que la situation ne se complique.

Dans un communiqué, les services du Premier ministre ont indiqué lundi que l'ensemble des consultations, ainsi que celles ayant eu lieu la semaine dernière, "conduiront le Premier ministre à annoncer les mesures destinées à permettre le déroulement serein de la concertation décentralisée souhaitée par le président de la République, et à assurer le maintien de l'ordre et le respect de la loi".

Les "gilets jaunes" prêts au dialogue mais ne cèdent pas

Samedi, la mobilisation des "gilets jaunes" dans plusieurs villes, dont Paris, a donné lieu à des scènes de graves violences et de dégradations, faisant 263 blessés, dont 133 à Paris.

Dans appel publié par le Journal de Dimanche (JDD), un groupe de "gilets jaunes modérés" a indiqué qu'ils sont "disponibles" pour une rencontre avec le Premier ministre, sans pour autant renier à leurs revendications.

"Nous tendons à présent la main au gouvernement, dans l'espoir qu'il entende nos demandes, qu'il accepte de modifier ses décisions fiscales et qu'il permette enfin à l'ensemble des citoyens d'être les acteurs de la politique menée dans notre pays, car la démocratie appartient au peuple", ont-ils souligné, demandant notamment "l'ouverture d'états généraux de la fiscalité", une conférence sociale nationale et l'organisation de référendums "réguliers" sur les grandes orientations sociétales du pays.

Ils revendiquent également l'adoption du scrutin proportionnel pour les élections législatives, "afin que la population soit mieux représentée au Parlement".

Condamnant "toutes les formes de violences", ces "gilets jaunes modérés", demandent "de manière immédiate et sans condition", le gel de la hausse des taxes sur les carburants et l'annulation de l'alourdissement du contrôle technique automobile.

Par ailleurs, plus d'une centaine de lycées ont été bloqués lundi en France, partiellement ou totalement, par un mouvement de protestation contre les réformes dans l'Education et en soutien parfois aux "gilets jaunes".

Sous la houlette de syndicats, les jeunes manifestants ont évoqué les réformes du bac et du lycée, ainsi que la plateforme d'accès aux études supérieures (Parcoursup), qu'ils contestent. Le Syndicat général des lycéens (SGL) a indiqué, dans un communiqué, qu'il soutenait le mouvement des "gilets jaunes", mais déplore les violences commises au cours du week-end.

On signale une voiture incendiée à Aubervilliers (banlieue parisienne), une voiture de police a eu une vitre brisée et un véhicule de pompiers caillassé.

Dans plusieurs autres villes, notamment au sud de la France, des établissements scolaires ont été bloqués par les lycéens et des échauffourées ont éclaté entre les manifestants et les forces de police.