"Gilets jaunes": suspension de la hausse de la fiscalité sur le carburant

Publié par Dk News le 04-12-2018, 16h14 | 5

Le gouvernement français a suspendu mardi pour six mois la hausse de la fiscalité sur le carburant et promis le gel des tarifs de l'énergie pendant l'hiver, afin de dénouer la crise sociale du pays, engendrée par les manifestations du mouvement des "gilets jaunes", ont rapporté des médias locaux.

Lors d'une allocution télévisée, le Premier ministre français, Edouard Philippe, a affirmé qu'il "faudrait être sourd" pour ne "pas entendre la colère" des Français, assurant que "fixer le cap et le tenir est une nécessité pour gouverner la France, mais aucune taxe ne mérite de mettre en danger l'unité de la Nation".

Depuis les émeutes violentes de samedi dernier, ayant ébranlé Paris, le gouvernement français s'était engagé à apaiser la colère des "gilets jaunes" contre la politique sociale et fiscale du gouvernement et prévenir de nouveaux heurts.

Confronté à un mouvement de contestation n'ayant pas de leaders, ni de structures, le gouvernement français a du faire un geste pour rassurer les frondeurs en suspendant pendant six mois trois mesures fiscales devant entrer en vigueur le 1er janvier 2019.

Il s'agit de la hausse de la taxe carbone, sur l'essence, le fioul et le diesel, la convergence de la fiscalité du diesel avec celle de l'essence et l'alignement sur la fiscalité des particuliers de la fiscalité du gazole des entrepreneurs non routiers.

"Nous voulons dans ce laps de temps identifier et mettre en oeuvre des mesures d'accompagnement justes et efficaces. Si nous ne les trouvons pas, nous en tirerons les conséquences", a expliqué le Premier ministre français, assurant que "ni les tarifs de l'électricité, ni ceux du gaz n'augmenteront, comme c'était prévu, durant la concertation et donc durant l'hiver qui s'annonce".

"Ces décisions, immédiates, doivent ramener l'apaisement et la sérénité dans le pays" et "permettre d'engager un vrai dialogue sur l'ensemble des préoccupations qui se sont exprimées ces dernières semaines", a-t-il soutenu.

Le gouvernement français a annoncé, également, une concertation locale qui sera menée du 15 décembre 2018 au 1er mars 2019.

"Les solutions doivent être différentes dans les grandes villes et les campagnes. Parlons-en, améliorons-les. Complétons-les. J'y suis prêt", a souligné M. Philippe.

De son côté, le ministère français des Finances, Bruno Le Maire, a indiqué que les manifestations menées par les "gilets jaunes" ont eu déjà un impact "sévère et continu" sur l'économie.

Le ministre des Finances a expliqué que "le cap de la réduction de la dette sera tenu", à la suite des mesures annoncées par le gouvernement.

"On en a discuté avec le président de la République lundi soir. Il y a un cap fixé par le président qui est celui du respect de nos engagements européens, de la réduction de la dépense, de la réduction de la dette et de la réduction des impôts et ce cap-là, il sera tenu", a clarifié M. Le Maire devant des journalistes à Bruxelles.

Selon une source proche du dossier, ces mesures devraient entraîner un manque à gagner de près de 2 milliards d'euros pour les finances publiques, équivalant à 0,1 point de produit intérieur brut (PIB).

Dans ce contexte, Edouard Philippe a laissé entendre lors de son intervention télévisée que le gel des taxes ne remettrait pas en cause les objectifs du gouvernement en matière d'endettement public.

"Si les impôts baissent, il faudra que les dépenses baissent, car nous ne voulons pas léguer des dettes à nos enfants. Ces dettes sont déjà considérables", a prévenu le chef du gouvernement, sans citer le montant de celles-ci.