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11 décembre 1960: Saliha Ouatiki aimait la vie mais a choisi de mourir pour l'Algérie

Publié par DK News le 10-12-2018, 17h13 | 364
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La première martyre des manifestations du 11 décembre 1960, Saliha Ouatiki, était joviale, vive d'esprit et aimant la vie mais a choisi de mourir pour l'Algérie, témoigne son frère, Abdelhakim Ouatiki, qui a fait savoir, par ailleurs, que sa famille ignorait tout sur les activités de militantisme de sa sœur pour une Algérie indépendante.

"Saliha Ouatiki était vive d'esprit, très joviale, intrépide et drôle. De toute la fratrie, c'est elle qui faisait le plus rire nos parents!.", raconte à l'APS, le frère aîné de la petite Saliha, qui, à 12 ans, avait accepté d'être au premier rang des Algériens sortis en masse, ce 11 décembre, manifester dans les rues de son quartier natal Mohamed Belouizdad (ex-Belcourt).

Outre sa bonhomie, Saliha se distinguait par son intelligence qui lui a valu d'être parmi les "meilleures élèves de sa classe et d'avoir de très bonnes notes", ajoute M. Ouatiki, son aîné de 5 ans, se souvenant également de la "très belle écriture" de la brave martyre.

Le frère de la petite chahida revient sur les historiques événements, pour faire savoir que sa sœur avait pris part à la manifestation de la veille, toujours à Belcourt, lorsque des échauffourées ont éclaté entre les colons partisans de "l'Algérie française" et des habitants du quartier parmi les Algériens.

"Je me rappelle qu'une fois rentrée à la maison, Saliha avait raconté à notre mère avoir rejoint la manifestation, scandé ‘Min Djibalina’ (de nos maquis), foulard à la main en guise de drapeau, en arpentant plusieurs fois les rues du quartier. Elle lui a révélé avoir cassé les vitres de voitures appartenant à des colons", narre-t-il, avant d'ajouter que le lendemain, sa sœur était sortie manifester à nouveau, "sans en informer personne".

"A mon réveil le matin, elle était déjà sortie. J'ai demandé à ma mère où elle était partie, elle ne le savait pas. Lorsque j'ai rejoint les manifestants dans la rue, je ne savais pas que j'allais l'y apercevoir au devant des manifestants, juchée sur les épaules de l'un d'eux, drapeau national à la main et scandant ‘Algérie algérienne’. Elle semblait heureuse !", poursuit M. Ouatiki.

Ce dernier, narre-t-il encore, n'a pas eu le temps de la rejoindre. Elle venait d'être visée par une rafale de mitraillette faisant plier son frêle et jeune corps, avant de s'affaisser complètement. "Elle est morte sur le coup", commente son frère, la gorge nouée et les yeux embués de larmes.

"Elle a été portée jusqu'à un kiosque, avant qu'un soldat français ne l'emmène dans une Jeep à l'hôpital pour y demeurer trois jours. Lorsque j'ai annoncé la nouvelle de sa mort à ma mère, elle a spontanément poussé des youyous ininterrompus", poursuit-il, non sans une fierté évidente.

Le frère aîné de Saliha se remémore, par ailleurs, qu'une fois ramené à la maison, le corps de cette dernière présentait 6 impacts de balles au niveau du thorax, précisant que ce n'est qu'à la suite de son criminel assassinat que les moudjahidine ont annoncé à sa famille qu'elle était enrôlée, depuis un moment, dans les rangs du Front de Libération nationale (FLN).

"A ce jour nous ne savons pas à quel moment elle a commencé à militer activement, si ce n'est qu'on lui confiait la tâche de transporter des tracts et même des armes qu'elle dissimulait dans son cartable d'écolière. Notre mère nous a avoués n'avoir jamais su où Saliha dissimulait si bien ce cartable", poursuit-il.

Saliha Ouatiki, dont le nom est immortalisé sur le fronton du centre commercial de son quartier natif, était-elle marquée par les années d'emprisonnement de son père (de 1957 à 1960) où par les supplices infligées par les Français aux Algériens qui parvenaient jusque chez elle, la maison étant mitoyenne à un centre de torture?, s'interroge son frère.

"Finalement, Saliha je ne l'ai pas connue. L'éducation inculquée par mes parents imposait une certaine réserve entre les membres de la famille", lâche-t-il, comme s'il se reprochait de n'avoir pas été plus proche de sa cadette.

"Si je pouvais, aujourd'hui, lui dire quelque chose, ça serait ‘tu m'as eu’, dans le sens positif de l'expression, cela s'entend. J'avais endossé le rôle du père lorsque ce dernier était en prison et surveillais ainsi ses allées et venues, sans jamais me douter de ce qu'elle préparait", révèle-t-il, en guise de conclusion.

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