Crise des "gilets jaunes" : les mesures du président Macron divisent les Français

Publié par Dk News le 11-12-2018, 16h10 | 4

Les mesures annoncées, lundi soir par le président Emmanuel Macron pour désamorcer la crise des "gilets jaunes", ont divisé les Français en deux camps distincts : les pour et les contre  continuité de la mobilisation populaire.

"C'est l'état d'urgence économique et social que je veux décréter aujourd'hui", a-t-il déclaré dans une allocution de 13 minutes aux Français en colère depuis plus d'un mois et qui ont exprimé leur ras-le-bol fiscal et leur refus de l'érosion du pouvoir d'achat.

Le président français a indiqué que la colère exprimée par les Français c'est "40 années de malaise qui resurgissent", faisant son mea culpa sur des propos qu'il avait tenus envers les Français.

Selon un sondage OpinionWay pour la chaîne d'information LCI réalisé auprès de 991 personnes, les Français sont 50 % à ne l'avoir pas trouvé convaincant, contre 49 % qui, au contraire, pensent qu'il l'a été.

D'après une majorité des sondés, les annonces en matière de politique sociale répondent bien aux revendications des "gilets jaunes". Ainsi, 68 % des interrogés jugent que la hausse de 100 euros du Smic (salaire minimum) est une "bonne réponse", 72 % approuvent l'annulation de la contribution sociale généralisée (CSG), un prélèvement obligatoire qui participe au financement de la sécurité sociale et de l’assurance chômage, et 78 % ont accueilli favorablement la défiscalisation des heures supplémentaires.

Selon le même sondage, 54 % des sondés se prononcent pour l'arrêt du mouvement des "gilets jaunes", au moment où ces derniers préparaient depuis lundi soir un "acte V" de la mobilisation de samedi prochaine.

Ces révoltés jaunes ne sont pas rentrés chez eux après le discours qu'ils l'ont qualifié de "mascarade", "du pipeau" ou "du saupoudrage". Ils sont restés mobilisés dans leurs bastions dans plusieurs villes du pays et se sont dits, dans des interventions aux chaînes d'information, qu'ils demeurent "mobilisés" jusqu'à la satisfaction de leurs revendications complètes.

Les plus modérés pensent que les mesures sont de "bonnes idées" ou une "avancée" du discours présidentiel, mais elles arrivent "trop tard".

Pour sa part, la Confédération français démocratique du travail (CFDT) a salué mardi les mesures du président Macron, alors que l'autre syndicat Forces ouvrières (FO) les a jugés de "pas à la hauteur". Le secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT), Philippe Martinez a estimé, de son côté, qu'"on est très très loin du compte".

Au sein de la classe politique, notamment l'opposition, les réactions étaient très vives du côté de la gauche, de la droite ou de l'extrême droite, jugeant généralement que les annonces faites par le chef d'Etat français n'étaient "pas convaincantes" pour sortir de la crise.

Pas de pronostic sur l'avenir du mouvement des "gilets jaunes"

Pour Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), "le cap n'est pas modifié", annonçant que les députés de son parti décideront mardi s'ils déposent une motion de censure commune avec ceux de la France insoumise (LFI) et du Parti communiste français (PCF) contre le gouvernement.

Le leader de LFI a relevé, quant à lui, que "toutes les mesures annoncées" seront "payées par les contribuables et les assurés sociaux, aucune par les grandes fortunes, ni les profits", alors que la présidente du Rassemblement national (RN, extrême droite, Marine Le Pen, a estimé que le président Macron "recule pour mieux sauter".

D'ailleurs, certains observateurs vont dans le même sens en pensant que l'enjeu du président Macron, face à une situation de crise "était de créer une brèche dans l'opinion, en s'adressant surtout à ceux qui soutiennent les gilets jaunes" afin de "marginaliser les jusqu'au-boutistes".

Mais l'éditorialiste du quotidien La Marseillaise pense autrement, estimant que "les toutes petites miettes lancées à la volée hier soir ( ) ne font pas illusion". Pour lui, "le président des riches continue de creuser son sillon, refusant de prendre l'argent au capital, il le prend au travail".

La majeure partie des journaux de mardi s'interroge si les "gilets jaunes" vont déposer leurs chasubles, soulignant, comme l'écrit Le Figaro, "leur obstination a déjoué trop de prophéties pour qu'on esquisse un pronostic, mais on ne peut que le souhaiter", tandis que Libération est loin de penser que le mouvement va s'arrêter du jour au lendemain.