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Syrie 2018: réinstauration de l'autorité de l'Etat, efforts pour la relance du processus politique

Publié par Dk News le 22-12-2018, 16h51 | 7
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La Syrie termine l'année 2018 avec la réinstauration de l'autorité de l'Etat sur presque l’ensemble du territoire national après les avancées victorieuses de l’armée arabe syriennes, parallèlement aux efforts diplomatiques à travers les pourparlers d'Astana et de Genève, avec l'espoir de relancer le processus politique élaborant une nouvelle Constitution.

Le gouvernement syrien, qui a réussi à faire plier les groupes terroristes armés, a repris le contrôle total de plusieurs zones au terme d'opérations militaires et d'accords de reddition des hommes armés, imposant le transfert de dizaines de milliers de personnes vers d'autres régions du pays.

En réinstaurant ainsi l'autorité de l'Etat avec l'enregistrant de moins de morts parmi les civils dans ce conflit, la Syrie a tenu le 16 septembre ses premières élections municipales depuis 2011. Plus de 40.000 candidats étaient en lices pour 18.478 sièges dans toutes les provinces.

L'année 2018 a également été marquée par des bombardements en avril par des pays occidentaux (les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France), sous le prétexte de détruire des armes chimiques présumées de cet Etat, suite à l'attaque chimique qui aurait été perpétrée le 7 avril  à Douma (près de Damas), selon les pays occidentaux, des accusations démenties par Damas et Moscou.

A présent, le ciel syrien est protégé par le système de défense antiaérienne S-300 russe qui vient d'être déployé, une décision prise après qu'un avion russe avait été abattu dans la foulée d'un raid aérien israélien.

A noter que le gouvernement syrien réclame à l'ONU le retrait "immédiat" des militaires des Etats Unis, de la France et de la Turquie présents en Syrie, dénonçant "une coalition illégale qui sème le chaos, la mort et la destruction" dans le pays, alors que le conflit a fait quelque 400.000 morts et des millions de déplacés depuis 2011.

Dans ce contexte, un onzième round de pourparlers, entamés depuis janvier 2017, du processus d'Astana parrainé par la Russie, l'Iran et la Turquie s'est achevé le 29 novembre. Le processus d'Astana se tient en parallèle avec les autres discussions sur la Syrie à Genève, sous l'égide de l'ONU.

Néanmoins, la situation à Idleb (nord-ouest), ultime grand bastion insurgé en Syrie, reste encore au centre de discussions. La mise en place d'une "zone démilitarisée" à Idleb a été l'objet d'un accord le 17 septembre à Sotchi (Russie), entre la Russie et la Turquie. La mise en oeuvre de cet accord a buté sur le refus des terroristes de déserter cette zone tampon.

Efforts de l’ONU pour la mise en place du Comité constitutionnel

Politiquement, le gouvernement syrien se dit "prêt à réagir positivement" aux initiatives visant à mettre fin à la crise à condition qu'elles préservent la souveraineté, l'indépendance et l'unité de la Syrie et que le peuple syrien décide de l'avenir de son pays sans aucune ingérence extérieure.

En vue de trouver une issue au conflit, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura insisté sur un accord avant fin décembre pour la mise sur pied d'un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution pour ce pays. La première réunion du Comité constitutionnel syrien devrait se tenir début 2019.

En effet, l'ONU travaille depuis janvier sur la composition du comité qui doit élaborer une nouvelle Constitution et comprendre 150 personnes: 50 choisies par le gouvernement, 50 par l'opposition et 50 par l'ONU pour inclure dans la réflexion des représentants de la société civile et des experts.

Lire aussi: De Mistura : "Il y a encore du chemin à parcourir pour bâtir un Comité constitutionnel en Syrie"

Mais le gouvernement syrien s'oppose à sa composition telle qu'elle est proposée par l'ONU. Il veut faire une proposition pour cette troisième liste, en coordination avec la Russie, l'Iran et la Turquie.

L'objectif du Comité constitutionnel est d'élaborer une nouvelle Constitution pour la Syrie. Ce comité serait donc chargé de plancher sur une loi fondamentale permettant de mener à des élections, afin de tourner la page de sept années de conflit.

Le président syrien, Bachar al-Assad, dénonce quant à lui "les pressions exercées par certains pays occidentaux et de la région pour imposer leur volonté aux Syriens", affirmant que ces actions "entraveraient sérieusement" la réalisation de tout progrès dans le règlement politique du conflit.

Dans ce contexte, le diplomate norvégien Geir Pedersen vient d'être nommé nouvel émissaire de l'ONU pour la Syrie, devenant le quatrième négociateur chargé de trouver une solution pacifique au conflit désormais dans sa septième année.

Retour progressif des refugiés syriens dans leur pays

Depuis que le gouvernement syrien a enchaîné les victoires face aux groupes terroristes armés et a repris le contrôle de vastes régions du pays, les refugiés syriens poursuivent leur retour dans leur pays. Des dizaines de réfugiés syriens établis au Liban sont ainsi rentrés en Syrie. Au total d'après le HCR, 13.000 réfugiés sont retournés en Syrie durant les six premiers mois de 2018.

Le Liban accueille sur son sol 1,5 million de réfugiés - soit près du tiers de sa population - dont moins d'un million inscrits auprès du HCR. Près de 100.000 réfugiés syriens au Liban retourneront chez eux d'ici à la fin de l'année, avait indiqué Beyrouth en octobre.

En outre, des milliers de Syriens ayant fui les violences dans la province d'Idleb et ses environs sont revenus dans leurs localités depuis l'annonce de l'accord russo-turc concernant l'ultime grand bastion des groupes terroristes de Syrie.

A noter que la Syrie traverse toujours une grave crise humanitaire et cette crise touche environ 13 millions de citoyens syriens et de réfugiés, selon le coordinateur humanitaire de l'ONU en Syrie, Ali al-Zatari, qui demande à toutes les parties au conflit de permettre l'accès de l'aide humanitaire.

Temps à la reconstruction

Après la libération de la majorité du territoire syrien des terroristes, le gouvernement syrien examine les possibilités relatives à la reconstruction des infrastructures du pays. Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé que sa "première priorité" était la reconstruction du pays.

Selon Damas, la priorité sera donnée "aux principaux alliés syriens, soit avant tout à la Russie et à l'Iran. Ce sont surtout les spécialistes de ces pays qui reconstruiront et financeront les projets dans les domaines stratégiques, par exemple, dans la sphère énergétique".

S'agissant des fonds nécessaires à la reconstruction, la Syrie estime que la communauté internationale est "responsable" du conflit, "c'est pourquoi elle doit verser des indemnités".

Dans ce contexte, des spécialistes ont calculé que la rénovation des infrastructures exigerait entre 260 et 1.000 milliards d'euros car les destructions étant très importantes. D'après les estimations actuelles, la reconstruction nécessitera entre 10 et 15 ans. L'ONU évalue pour sa part l'ampleur des destructions à près de 400 milliards de dollars (345 milliards d'euros).

De même, Moscou estime que "l'Occident devrait financer la reconstruction de la Syrie", espérant toutefois que "les Européens feront des concessions, puisqu'ils ont intérêt à ce que les réfugiés syriens rentrent le plus vite possible chez eux, toujours".

La Syrie se retrouve avec des infrastructures détruites, une économie paralysée, et plusieurs grandes villes défigurées.

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