Sétif : Une paléontologue tire les premiers enseignements de la découverte archéologique d'Aïn Boucherit

Publié par Dk News le 28-12-2018, 16h35 | 29

La professeure de paléontologie au Muséum   national d’histoire naturelle de Paris, Brigitte Senut, a indiqué que la   découverte d'outils très anciens à Aïn Boucherit (Sétif, 300 km à l'est   d'Alger) questionne sur les migrations des hommes de l'Afrique vers   l'Europe, soulignant que la région était «plus giboyeuse». 

«Les découvertes d'outils très anciens dans le nord de l'Afrique nous   questionnent sur les migrations des hommes de l'Afrique vers l'Europe. Il y   a quelques jours on annonçait la découverte d'outils taillés très anciens,   jusqu'à 2,4 millions d'années dans le nord de l'Afrique, en Algérie, dans   la région d'Aïn Hanesh, sur le site d'Aïn Boucherit en particulier»,   a-t-elle précisé mercredi soir à France culture. 

Cette découverte archéologique dans la région de Sétif informe sur les   migrations anciennes des êtres humains, d'une zone à l'autre bout du monde:   de l'Afrique orientale à l'Afrique du nord, et jusqu'à l'Europe, a-t-elle   expliqué, relevant que c'est la première fois qu'on découvre des outils   aussi anciens dans le bassin méditerranéen. 

Pour cette paléontologue, qui retrace dans ses recherches l'évolution   biologique de l'humanité, la découverte d'Aïn Boucherit «nous remet en   mémoire le fait que c'est un homme migrant qui se déplace et qui n'est pas   restreint, contraint à une région précise», indiquant que les premières   migrations se passaient vers 1,5 million d'années et que c'était l'Homo   erectus ou l'Homo ergaster qui allait peupler le monde. 

Elle a fait observer que l'environnement dans la région d'Aïn Hanech et   sur le site d'Aïn Boucherit, en particulier, «était un milieu de savane   humide donc était beaucoup plus humide que ce que l'on connaît aujourd'hui   dans la région». 

«C'était une région plus giboyeuse : on a des hippopotames, des   antilopes... Donc c'était quelque chose d'important pour l'homme pour   pouvoir se nourrir», a-t-elle ajouté.

Pour les outils découverts, la paléontologue a indiqué que «ce sont des   outils classiques d'une culture qu'on a découverte à Olduvai en Tanzanie,   donc c'est une culture ancienne qu'on a retrouvée au Kenya ou en Ethiopie,   à Gona par exemple, mais également en Ouganda à Niabou vers 1,5 ou 1,8   million d’années».

«Parmi les outils ce sont en grande partie des noyaux de cailloux de   calcaire qui ont été re-cassés, certains sur une face, d'autres un peu plus   largement.

Il y a des éclats et donc c'est relativement diversifié pour une   culture très ancienne», expliquant que cela veut dire aussi qu'il y avait   «probablement» consommation de viande, de moelle, et donc «ça nous apporte   quelque chose d'important sur la paléobiologie, le paléo-comportement de   ces hominidés anciens en dehors de l'Afrique orientale».