Les observateurs sont les témoins incrédules des initiatives de l’exécutif se succédant à un rythme élevé : les engagements du président de la République élu à relancer le chantier des réformes, le lancement, confié à Ahmed Ouyahia, de la révision constitutionnelle sur une base «consensuelle», les décisions en faveur des travailleurs (notamment la prochaine abrogation de l’article 87bis), les ouvertures en direction des médias avec la promesse de l’informer au fur et à mesure des actes législatifs et réglementaires-ce qui augure d’une réelle participation au débat juridique- ; toutes ces avancées laissent la classe politique dans l’incapacité de réagir sans paraître suiviste.
Les partis de la majorité en sont encore à faire le bilan de l’élection du 17 avril, à soutenir le programme du président, à répéter que «la Constitution sera consensuelle», sans dire quand reprendra la réflexion, ni quelle sera la forme de leur contribution publique.Les partis politiques sont-ils prêts à reprendre leur place dans le débat économique et social, leur atonie sur ces questions réduisant leur représentativité ?
Les initiatives du pouvoir exécutif ont laissé «sur place» les forces de l’opposition qui focalisent sur «la transition».Les actions initiées par la Présidence par leur force d’attraction, leur dynamique sociale créent une attente dans la population et mettent les organisations politiques et sociales dans l’obligation de prendre position, de se déterminer.Cette posture est des plus désagréable pour les hommes politiques qui se sentent dépendants alors qu’ils se veulent acteurs sur la scène politique.Aujourd’hui, c’est la Présidence, le Premier ministre et les plus proches collaborateurs du président qui imposent le tempo.
Ce sont eux qui développent cet impact qui se retrouve dans les médias pour ou contre ces initiatives.
Enfin, le débat sur la Constitution, fondé sur le consensus qui offre une place de choix à l’opposition pour peser d’un poids réel sur la décision et l’avenir du pays est un signal appelant la classe politique algérienne à élever le niveau de sa réflexion sur l’Etat.