L'allergie, cette pathologie du siècle classée en 4e position, après l'avoir été à la 10e, il y a quelques années, a fait l'objet, jeudi dernier, d'une rencontre à la maison de la culture Houari Boumediene de Sétif.
Organisé par l'ANAP (Association national des allergologues privés), pour deux jours, jeudi et vendredi, le 13e Congrès international d'allergologie a été ouvert en présence du wali, M. Mohamed Bouderbali et du P/APW, M. Fateh Kerouani, a permis de soulever et de débattre de cette maladie, méconnue et mal prise en charge, qui ne cesse d'augmenter à travers le monde, pour en devenir un grand sujet médical d'actualité.
Interrogé sur l'objectif de cette rencontre scientifique, le président de l'organisation du congrès, le Dr Karkar Abdelafid souligne : «Le but est surtout d'améliorer les connaissances des médecins sur cette maladie du siècle qui reste encore méconnue et très mal prise en charge. Nous avons beaucoup de communicateurs qui viennent de France pour en parler des nouveautés en allergologie et beaucoup de médecins venus de tout le territoire national.
C'est aussi une formation continue du médecin traitant de cette maladie qui est mal connue en Algérie. On ne l'enseigne pas. Moi-même, j'ai fait ma spécialité en France après mes études de médecine ici en Algérie».
Selon notre interlocuteur, l'allergologie c'est beaucoup de choses, une simple rhinite peut modifier la qualité de vie du patient et qui pourra se répercuter sur sa vie professionnelle. L'enfant ne suit pas bien aussi ses études. Si cela perdure, cela peut passer à un asthme qui est une maladie assez grave. L'Algérie compte au minimum 7 millions d'asthmatiques et de 2,5 à 3 millions de rhinitiques.
Ouvrant le cycle des communications, le Dr H. Dhivert spécialiste en pneumo-ergologie à l'hôpital universitaire de Montpellier en France traitera du thème « Environnement proche de l'enfant :
pourquoi les allergies augmentent», dira à ce propos : «Nous avons de façon génétique des particularités qui font que nous sommes peut-être plus aptes à nous sensibiliser c'est ce qu'on appelle les atopiques. Mais par contre, cela était vrai, il y a une vingtaine d'années. Maintenant, on est conscient et on ne connait pas tous les éléments.
C'est une maladie de civilisation. Cela augmente de plus en plus. Etre allergique cela veut dire avoir une réaction à un produit qui entraine une réaction du système immunitaire On est conscient aussi que tout notre environnement et en particulier l'environnement modifié de nos pays industrialisés interviennent pour partie ou pour totalité dans certains cas dans la création d'allergies immédiates de nouvelles qu'on n'imaginait même pas il y a longtemps. Le domaine de recherche actuellement c'est l'allergie alimentaire de l'enfant qui devient un problème mondial».
Pourquoi l'enfant est plus fragile dans ce système ? «Parce que tout simplement, précise-t-elle, tout son système immunitaire n'est pas complètement développé, parce qu'aussi du fait qu'il est exposé de par sa faible mobilité dans des endroits fermés et exposés à des allergènes. Mais c'est surtout au niveau alimentaire, il est exposé à des produits industriels. Les fruits ne poussent pas aussi de la même façon avec les pesticides etc.»
La pollution est pour quelque chose aussi pour l'environnement ? «La pollution-santé générique, je n'aime pas employer ce terme poursuit-elle, parce que c'est une accusation d'industrialisation. C'est une accusation à formuler, c'est l'industrialisation mal contrôlée où le profit passe avant la santé des gens, mais aussi on doit s'industrialiser. La pollution consécutive par exemple aux voitures dans les villes est une évidence et tout le monde le sait cela augmente les cancers du poumon. Ce n'est pas pour autant que nos politiques en Europe ou ailleurs diminuent la présence des voitures».
Que préconiser pour améliorer cette situation ? «Je préconise que l'on redevienne santé dans notre course au progrès universel. Qu'on harmonise nos pratiques pour les mettre en harmonie avec le corps humain et on pas que l'on fasse passer tout ce qui est industriel et fabriqué comme meilleur c'est ce que je voulais dire de la théorie hygiénique dont je parlais tout au début. Les enfants doivent être exposés un certain nombre de germes et le lait de leur mère est une façon d'unifier leur système immunitaire digestive. Cela fait partie des choses normales de la vie».
Près d'une vingtaine de communications étaient programmées comme celles du Dr H Chabane de Paris sur les «Allergies moléculaires», «L'asthme à travers les âges», du Dr J. Levy de Marseille, «Introduction de tolérance alimentaire chez l'enfant en pratique de ville» du Pr d'Oran, «Rhinite allergique» du Dr A. Abad, «Urticaire : de la physiopathologie au traitement», du Dr. Z. Bachtarzi de Constantine.