Comment se préparent les prochaines législatives d’après vous ?
C’est toujours un peu compliqué particulièrement sur le territoire français. Nos élections législatives se déroulent quasiment en même temps que l’élection présidentielle française qui génère un traitement médiatique intense. De fait, l’information concernant nos législatives est noyée sous la masse et reste de l’ordre du confidentiel. Il y a encore beaucoup de nos concitoyens qui ne savent même pas qu’ils sont représentés à l’Assemblée Populaire Nationale, d’autres qui croient que le fait d’être immatriculé au consulat fait office d’inscription sur les listes électorales. Enfin, le nombre de députés est beaucoup trop faible, quatre parlementaires pour 1 million d’électeurs !
Les sites internet de nos consulats se sont beaucoup améliorés mais restent peu consultés. Nous avons donc un grand chantier à mener en termes d’information et de clarification des procédures et nous pourrions commencer par des choses très simples.
Un panneau d’affichage dans les salles d’attente des consulats indiquant les coordonnées des parlementaires actuels.
Ouvrir l’inscription sur les listes électorales toute l’année au lieu du 1er au 31 octobre.
Pensez-vous que vos contributions pour l’amélioration des conditions de vie et d’accueil de nos concitoyens à l’étranger ont apporté quelque chose ?
Malgré toutes les difficultés rencontrées lors de l’exercice de mon mandat, je pense que j’ai pu effectivement apporter des améliorations concrètes dans le traitement de certains dossiers.
Après mon rapport remis à Monsieur le Premier Ministre en décembre 2014, nos autorités ont pris des mesures concrètes pour améliorer l’enrôlement et la délivrance du passeport biométrique tant sur la partie technique que sur le renforcement en moyens humains des consulats.
Mon intervention auprès des autorités françaises a permis le relogement dans Paris intramuros de nos 33 Chibanis expulsés du Faubourg Saint Antoine.
Régulièrement j’apporte assistance à nos ressortissants qui ne comprennent pas le système judiciaire algérien et qui se retrouvent confrontés à des problèmes de succession.
La liste est longue mais à chaque fois que je suis interpellée pour une situation, j’essaye de trouver la solution qui va permettre que cette difficulté ne se reproduise plus pour d’autres ressortissants. En clair, je pars d’un problème individuel pour aller vers un règlement collectif.
Qu’apporte de nouveau le dispositif légal encadrant l’accès des binationaux aux emplois supérieurs de l’Etat ?
Hormis d’avoir inscrit dans la constitution que tous les Algériens ne sont pas égaux en droit, franchement rien.
Les fonctions listées dans la loi en dehors des membres du gouvernement sont dans tous les pays du monde liées à la nationalité exclusive. Qui peut croire un seul instant que le Chef d’Etat-major, le DRS ou le DGSN aient pu être des binationaux. C’est une hérésie !
L’article 51 devenu l’article 63 a été rédigé dans la précipitation, sans réflexion et sans intelligence et aura eu pour conséquence une altération de la confiance entre les ressortissants binationaux et les gouvernants actuels. Cette liste est une forme de rattrapage de cette maladresse constitutionnelle. Mais les paroles honteuses formulées par certains hommes politiques resteront gravées dans la mémoire de la diaspora.
Comment affronter le contexte général de stigmatisation dans lequel vivent nos concitoyens émigrés ?
La France devient un territoire de plus en plus hostile pour nos ressortissants. Le contexte sécuritaire, économique et social en sus des prochaines échéances électorales induit un climat malsain pour nos concitoyens. Certaines associations sont à pied d’œuvre et dénoncent systématiquement les dérapages mais il est extrêmement difficile de se battre contre le matraquage médiatique qui cible tout ce qui n’est pas gaulois et chrétien en général et les Algériens en particulier. Par ailleurs, je déplore que le comportement de certains de nos compatriotes participe à cette stigmatisation politicienne.
Nous devons être en permanence sur le qui-vive et ne rien laisser passer : parole raciste, islamophobe ou algérianophobe.
Nous avons besoin d’être mieux organisé pour avoir une riposte collective et efficace et il nous manque cruellement d’avoir un degré de conscience collective au service de l’intérêt général. Certaines failles narcissiques sont dures à combler.
Le parti socialiste français que vous avez quitté en 2007, a-t-il évolué depuis ?
Le parti socialiste français a décidemment perdu toutes les valeurs qu’il est sensé porter tant sur le plan social que sur celui des principes internationalistes.
La position de la France officielle socialiste sur le conflit en Syrie est inacceptable. L’orientation de la France officielle socialiste dans la gestion sécuritaire des français d’origine suspecte est inqualifiable. La France officielle socialiste a fait sienne la politique du bouc –émissaire pour justifier la crise économique et sociale. Et finalement on ne voit plus beaucoup de différences entre la gauche, la droite et l’extrême-droite. Il semblerait que le Parti socialiste est plus à gauche quand il n’est pas en responsabilité.