Démission du patron de Renault : Un départ et des interrogations

Publié par Cherbal El-Mehdi le 27-01-2019, 13h27 | 12

Plus de deux mois après son arrestation à Tokyo pour soupçons de dissimulation de revenus au fisc japonais et d’abus de confiance, le patron du groupe automobile français Renault a finalement envoyé sa démission depuis sa cellule.

C’est le ministre de l’économie, Bruno Lemaire qui s’est chargé de l’annoncer à la presse. Après quoi, une nouvelle direction a été installée, avec Jean-Dominique Senard venu du groupe Michelin, à la tête du conseil d’administration   et Thierry Bolloré, dauphin désigné de Carlos Ghosn comme directeur général.

Cet épisode ne clôt pas pour autant le feuilleton du constructeur automobile français soumis depuis le début de cette affaire aux projecteurs de l’actualité. Sitôt sa démission annoncée, le montant des indéfinités dues à Ghosn fait déjà polémique, dans un contexte marqué par la contestation des gilets jaunes sur, justement la question de pouvoir d’achat.

Pour l’heure rien ne sera décidé avant un prochain conseil d’administration qui se prononcera sur la question au printemps prochain. Mais les calculettes sont sorties avec les commentaires de ceux qui, au mieux y voient un sujet ‘’sensible’’, au pire ‘’un dossier explosif’’. « Si tout ce qui lui est normalement dû lui est versé, il va toucher au cours des prochaines années plusieurs dizaines de millions d'euros.

Mais l'État et les syndicats comptent faire pression pour que la somme soit la plus basse possible », avise le site www.caradisiac.com qui, comme beaucoup d’autres organes de presse en France s’attarde sur la question.

Et pour cause, les montants dus au patron démissionnaire devraient aller de 1 à plusieurs dizaines de millions d’euros  selon l’assiette des indemnités prise  en compte et le volume de la quote part de sa rémunération variable. Il lui est effectivement du, une partie de la rémunération en actions gratuites estimée, selon ce même site, à 123 millions d’euros comte tenu du cours actuel de la valeur de l’action Renault.

Ce qui est sûr pour l’heure, c’est que dans le contexte sociopolitique actuel de  la France, les pouvoirs   publics et les syndicats regarderont de près cette affaire : « Je peux vous dire que nous serons extrêmement vigilants, comme actionnaires de référence, sur les conditions de départ qui seront fixées par le conseil d’administration » a indiqué le ministre de l’économie français.

Hormis cela, les observateurs de la scène française tentent par ailleurs de   lire entre les lignes ce changement du staff managérial et ses possibles implications sur le devenir du groupe Renault  et de son alliance stratégique avec les constructeurs japonais Nissan-Mitsubishi.

Dans un éditorial daté du 23 janvier  le site du quotidien lemonde.fr évoque en titre  ‘’un changement opportun à la tête de Renault’’, avant de s’avancer sur des prévisions d’amélioration de la conduite managériale du groupe après la fin,  écrit-il, d’une « une gouvernance devenue autocratique, qui est en partie à l’origine du scandale actuel ».

Cela pourrait également contribuer,  selon cet éditorialiste, à améliorer la confiance avec les partenaires japonais et, par conséquent redorer le blason de cette alliance  qu’il voit « largement distancée sur les principaux indicateurs de la pérennité d’une entreprise : qu’il s’agisse de la capacité d’investissement, de la recherche et développement ou des flux de trésorerie. »

CEM