Le président de l’Académie nationale de lutte contre la corruption, M. Zermane Khoutir: Corruption : Un mal qui gangrène la société algérienne

Publié par DK News le 23-02-2019, 17h35 | 475

L’Algérie à la 112ème place sur l’indice de perception de la corruption

Pots-de-vin, fraude dans l’attribution des marchés publics, évasion fiscale, détournements de fonds publics et transferts illégaux vers l’étranger, la corruption, sous ses différentes facettes, gangrène la société et l’administration algérienne au point où elle est devenue aujourd’hui une pratique sociale presque «naturelle». Du simple fonctionnaire au plus haut cadre, la corruption est omniprésente.

«Parmi les causes qui ont favorisé et banalisé cette pratique, la dégradation du niveau de vie des algériens. Les fonctionnaires perçoivent des salaires insuffisants qui ne leur permettent pas de vivre dignement ce qui pousse certains d’entre eux à recourir à cette pratique peu honorable qui leur permet néanmoins de boucler leurs fins de mois difficiles», a indiqué le président de l’Académie nationale de lutte contre la corruption, M. Zermane Khoutir, invité hier du Forum de DK News.

Pour réduire l’impact de cette corruption, M. Zermane a émis certaines recommandations parmi lesquels : la revalorisation de la grille de salaires et du SNMG afin de donner aux quatre millions de fonctionnaires que compte le pays des revenus qui leur permettent d’assurer une vie décente, la transparence dans les dépenses publiques, le remplacement des subventions par des aides financières ciblées  (Les produits subventionnés profitent a toutes les franges de la société même la classe la plus aisée, ils font également l’objet de contrebande et de détournement dans leurs utilisations), l’augmentation des allocations familiales, la lutte contre la bureaucratie, la ratification d’accords et de traités internationaux qui permettraient à l’Etat de récupérer l’argent placé de manière illégal dans les banques étrangères, l’utilisation des TIC qui permettent d’assurer une traçabilité des transactions bancaires et commerciales pour lutter contre la corruption, l’implication de la société civile dans le processus de lutte et le plus important reste la volonté politique. «La démocratie, la transparence et la bonne gouvernance doivent prévaloir et la volonté politique doit être présente» a déclaré M. Zermane qui a révélé que selon la cour des comptes 25% des responsables n’ont pas déclaré leur patrimoine.

«Ces personnes sont-elles au-dessus des lois de la République et de la constitution. Des mesures doivent être prises pour remédier à cette situation et montrer l’exemple au reste du peuple algérien» a souligné M. Zermane.

Le président l’Académie nationale de lutte contre la corruption qui a affirmé détenir plusieurs dossiers de corruption qui touchent différents secteurs, a lancé un appel en direction des responsables de l’ensemble des mécanismes de lutte contre la corruption mis en place par le gouvernement à l’image de l'organe national de prévention et de la lutte contre la corruption (ONPLC), l’Office national de lutte contre la corruption l’inspection générale des finances et la cours des comptes, pour l’aider dans les démarches administratives visant à traiter ces dossiers en instance.