A quelques jours des consultations sur la révision constitutionnelle : Les partis politiques se mobilisent

Publié par Walid. B le 24-05-2014, 18h46 | 38

En prévision des consultations sur la révision de la Constitution dont le coup d’envoi est prévu début juin sous l’égide de Ahmed Ouyahia, mandaté par le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, les partis politiques ont déjà commencé à affûter leurs armes pour se préparer à l’événement.

Considéré par de nombreux partis et personnalités d’étape importante pour l’avenir de la démocratie en Algérie, la révision de la constitution traduit la volonté du chef de l’Etat d’aller jusqu’au bout des réformes politiques qu’il avait lui-même lancées en 2011.

Il vise également à consolider l’Etat de droit et consacrer, de manière définitive, les libertés individuelles et collectives de tous les citoyens algériens, sans exclusion, ni marginalisation.
Ainsi, pour le parti des travailleurs, la révision de la loi fondamentale du pays doit passer par un large débat national.

« Nous ne nous opposons pas à la tenue de consultations pour donner forme à une mouture constitutionnelle mais cela ne saurait se substituer à la souveraineté du peuple à qui revient le dernier mot à ce sujet », a indiqué la secrétaire générale du parti, Mme Louisa Hanoune, tout en insistant sur l'importance d'aboutir à une mouture « qui reflète l'avis de la majorité et opère un saut qualitatif dans la pratique politique et démocratique ».

Cela doit se faire, selon la première responsable du PT, à travers un débat « riche et élargi » auquel participeront tous les acteurs de la société « au lieu de se contenter d'une constitution consensuelle entre les partis politiques et les personnalités nationales ».

Elle a considéré l'amendement de l'actuelle constitution comme « une réforme qui aurait dû être entamée avant l'amendement des textes juridiques organiques », se disant « étonnée » à l'égard de la proposition sur la limitation des mandats présidentiels car il s'agit, selon elle, d'un «procédé sans rapport aucun avec la souveraineté du peuple à qui revient le dernier mot dans le plébiscite ou la révocation de la personne»,

suggérant d'inclure le principe du «référendum révocateur» dans le prochain amendement constitutionnel. Evoquant les propositions de son parti sur l'amendement constitutionnel prévu, Mme Hanoune a affirmé que le modèle républicain parlementaire «est le plus indiqué pour notre pays, mais véhicule de gros risques au regard de la scène politique marquée par les interférences entre la politique et les intérêts d'argent».


Mme Hanoune a mis l'accent, en outre, sur la nécessité de « séparer réellement les pouvoirs, tout en consacrant le principe d'indépendance de la justice en la libérant de l'emprise de l'appareil exécutif, de consacrer la liberté de la presse, de constitutionnaliser la langue amazighe et des acquis économiques et sociaux réalisés depuis l'Indépendance ».

De son côté, le secrétaire général du mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, a appelé à des élections législatives anticipées qui succèderont à la révision de la Constitution, estimant qu’il était « impératif » d’organiser des élections législatives anticipées après la révision de la constitution afin d’adapter les institutions de l’Etat, dont les deux chambres du Parlement, à la nouvelle constitution.

M. Benyounès a argumenté sa revendication par la révision « profonde » de la loi fondamentale du pays et par le nouveau découpage administratif  qui donnera lieu à l’émergence de nouvelles wilayas ouvrant droit à une représentation.

Concernant la révision de la constitution qu’il a qualifiée de « plus importante réforme du Président Bouteflika», Benyounes a fait savoir que son parti installera une commission pour examiner les propositions. 

Il a précisé d’amblée que le MPA demeure attaché à quatre principes qui constitueront les axes principaux de ses propositions. Il s’agit, explique-t-il, du régime semi-présidentiel, du caractère démocratique et républicain de l’Etat algérien, de la préservation du bicaméralisme du parlement et de la consécration des libertés.

M. Benyounès a également affirmé que son parti soutenait la constitutionnalisation de la réconciliation nationale avec des conditions, ajoutant toutefois que celui qui veut aller loin dans ce dossier doit s’en remettre au peuple.

Pour sa part, le président du Front du changement, Abdelmadjid Menasra, a appelé les forces politiques à adopter un dialogue sérieux en vue d'aboutir à une constitution consensuelle et cohérente.
M. Menasra a réaffirmé la nécessité d'un dialogue « sérieux » avec toutes les parties concernées autour du projet de révision de la constitution afin de parvenir à un accord sur les idées et propositions soumises en vue d'asseoir une constitution consensuelle et cohérente pour l'intérêt du peuple. M. Menasra a souligné que sa formation politique proposait à cet effet la consécration d'une plus grande protection de l'opposition et l'élargissement des articles relatifs aux droits en introduisant le droit au logement et au travail au profit des citoyens.

Le même constata a été pratiquement constaté chez l’Alliance nationale républicaine (ANR) qui a appelé, par la voix de son secrétaire général, Belkacem Sahli, l’ensemble des acteurs politiques à participer en force aux prochaines consultations, en vue de consolider l’Etat de droit auqeul aspire le peuple algérien.

Après avoir salué l’initiative du Président Abdelaziz Bouteflika d’ouvrir le débat sur la révision constitutionnelle, M. Sahli a fait admettre qu’il s’agit d’une « étape historique » pour l’avenir du pays et qu’il va falloir saisir cette occasion pour aboutir à une constitution consensuelle devant sceller définitivement les contours du système politique en Algérie, renforcer la démocratie et consolider les fondements de la nation.
Dans le même registre, l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) a affirmé qu'elle avait des propositions à soumettre concernant le projet de révision de la constitution, soulignant qu'elle examinerait tous les volets et articles proposés par la présidence de la République.

Lors de la rencontre annuelle des membres du secrétariat national et des secrétaires de wilayas consacrée à l'évaluation des activités de l'organisation, l'ONM a indiqué que « toutes les conditions sont réunies pour la révision de ce document et son adaptation aux exigences de l'évolution de la société algérienne ».

L'ONM précise que les moudjahidine sont concernés par la contribution à l'examen et à l'enrichissement du projet de révision de la constitution, en ce sens qu'ils affirment « leur souci de conférer une place de choix à la guerre de libération, de manière à mettre en avant les lourds sacrifices consentis et immortaliser les symboles liés à cette guerre dans le préambule de la constitution.

L'ONM a appelé le peuple algérien à faire preuve de vigilance et à prendre conscience des dimensions et des répercutions des événements que connaissent les pays voisins sur la région toute entière.